Parution des Cahiers J’écris pourtant, n° 5

Parution des Cahiers J’écris pourtant, « Mémoires et transmissions de Marceline Desbordes-Valmore », n°5, 2024.

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Sommaire, résumés et articles :

  • Éditorial – Christine Planté (p. 7-12)
  • Écrits de Marceline Desbordes-Valmore
    • Aux Mânes de Jenneval – Texte présenté et commenté par Christine Planté (p. 15-22)
      Un manuscrit du poème publié dans Les Pleurs (1833) sous le titre « Sous une croix belge », a pour titre, dans un des albums autographes conservés à la bibliothèque municipale de Douai, « Aux mânes de Jenneval ». L’article interroge le sens de ce changement, qui efface le souvenir du comédien français Alexandre Dechet, dit Jenneval, auteur d’une première version de La Brabançonne qui deviendra l’hymne national belge, et tué en octobre 1830 dans le combat pour l’indépendance de la Belgique. Prenant distance avec l’exaltation héroïque et patriotique, Desbordes-Valmore, parlant depuis une position de femme et de mère, choisit ici de mettre l’accent sur le coût de la liberté, dans une tonalité amèrement désenchantée, rare alors chez elle.
    • Une Ruelle de Flandre. À Madame Desloge, née Leurs – Texte présenté et commenté par Christine Planté (p. 23-33)
      Le manuscrit du poème « Une ruelle de Flandre » qui se trouve dans l’album autographe Ms 1063-3 conservé à la bibliothèque de Douai est présenté et commenté sur trois points : sa date (1851), non reprise par Revilliod dans l’édition Fick des Poésies inédites de 1860 ; les variantes de ponctuation qui, si elles suggèrent des effets de souffle et de rythme, restent difficiles à interpréter – sauf quant à l’usage systématique des guillemets pour les paroles rapportées, même très brèves, par lesquels Desbordes-Valmore souligne la restitution de voix multiples ; enfin le traitement du mot Dieu qui, supprimé en deux occurrences, mais maintenu à la fin du poème, éclaire l’intime proximité poétique entre l’enfance retrouvée et le Paradis.
    • Lettre du 12 juillet 1855 à Adèle Desloge – Pierre-Jacques Lamblin (p. 35-38)
      Les souvenirs de sa ville natale resurgissent souvent dans les lettres de Desbordes-Valmore, comme dans la lettre ci-dessous à Adèle Desloge, dédicataire du poème « Une ruelle de Flandre ». Il est peu de lettres où l’affection amicale s’exprime avec autant de ferveur associée à l’évocation – mais le procédé est en soi coutumier chez l’auteure – des malheurs et maladies d’autant de proches et ami(e)s. Sans Marceline le souvenir d’Adèle aurait sans doute été perdu.
  • Dossier thématique. Mémoires et transmissions de Marceline Desbordes-Valmore
    • Introduction – Philippe Gambette, Jean Vilbas (p. 41-44)
    • L’ancrage douaisien et régional
      • Les célébrations douaisiennes de juillet 1896. Les archives des deux boîtes Ms 1557 – Pierre-Jacques Lamblin (p. 45-50)
        L’inauguration de la première statue de Marceline Desbordes-Valmore à Douai, en 1896, fut un évènement considérable, un moment de concorde dans une France politiquement troublée. Nous sommes alors en pleine affaire Dreyfus, mais l’œuvre de la poète et le personnage édifiant qu’on en faisait étaient de nature à rassembler des options politiques opposées. Ce fut une grande rencontre à la fois populaire et mondaine, présidée par un esthète de droite et un romancier de gauche, le comte Robert de Montesquiou et Anatole France. Les deux hommes avaient su réveiller l’intérêt pour un projet qui dormait depuis longtemps. Les documents relatifs à ces cérémonies sont conservés à la Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore à Douai, dans les deux boîtes 1557-1 et 1557-2. L’essentiel du contenu provient des collections d’autographes de Robert de Montesquiou, mort en 1921. On y trouve un document émouvant qui est un brouillon du poème commandé à Paul Verlaine pour l’occasion, simplement titré Marceline Desbordes-Valmore. L’œuvre ne fut pas lue par le poète lui-même, il était mort au début de l’année 1896 et il s’agit là peut-être de ses tout derniers vers.
      • À propos de quelques événements commémoratifs autour de Desbordes-Valmore – Philippe Gambette (p. 51-52)
      • Les poèmes en picard de Marceline Desbordes-Valmore – Alain Chevrier (p. 53-75)
        Sur les trois poèmes publiés en 1896 sous le titre Poésies en patois de Marceline Desbordes-Valmore, deux sont écrits dans la langue de son enfance à Douai. On reproduit ces textes et on en donne la traduction, en les accompagnant de commentaires sur le contexte social de leur création, les genres dont ils relèvent, leurs thèmes en lien avec l’amour maternel, ainsi que le rapport de la poète à la langue picarde.
      • Trois textes douaisiens sur Marceline Desbordes-Valmore – Jean Vilbas (p. 77-82)
        Célébrée partout en France, la figure de Marceline Desbordes-Valmore trouve aussi un écho dans la littérature douaisienne. Trois exemples sont présentés ici : le poème dédié à l’autrice par Henri Sureau en introduction de La Légende de Gayant ; l’apparition de la statue de Marceline Desbordes-Valmore dans le conseil de guerre convoqué par Gayant dans Le Gardien de la ville d’André Obey ; enfin, le dialogue entre la femme-poète et le picardisant Constant Copin.
      • À l’école de Marceline Desbordes-Valmore (Douai, 1959). Un témoignage – Marie Alloy (p. 83-86)
        Cet article montre comment dès l’enfance la découverte des poèmes de Marceline Desbordes-Valmore a été déterminante dans l’orientation des choix de vie de Marie Alloy. En effet la sensibilité poétique de Marceline Desbordes-Valmore lui a été profondément transmise jusqu’à créer un besoin vital de lire et écrire de la poésie puis, dans un second temps, de l’accompagner de créations artistiques. De plus Marie Alloy a vécu une partie de son enfance à Douai, et connaît bien les lieux évoqués dans les poèmes de Marceline Desbordes-Valmore, là-même où sont passés aussi Rimbaud et Corot. Enfin, dans un contexte familial marqué par des deuils, des similitudes avec les souffrances de Marceline ont rendu Marie Alloy particulièrement sensible au destin de la poète, à son humanité, à son existence difficile de femme, de mère et d’amoureuse, trouvant dans l’écriture poétique son combat et sa voix unique.
      • Les lieux nommés d’après Marceline Desbordes-Valmore – Philippe Gambette (p. 87-98)
        Voies de circulation, établissements scolaires, bibliothèques, salles de spectacle, une trentaine de lieux en France sont nommés d’après Marceline Desbordes-Valmore. Ces choix de dénomination correspondent à des logiques variées : hommages à l’enfant du pays, liens avec l’itinéraire de la poète et avec son œuvre, dénominations en série dans des quartiers aux noms de poètes. Une comparaison avec les autres poètes françaises montre une évolution du nombre d’odonymes relatifs à Marceline Desbordes-Valmore similaire à celle de Lucie Delarue-Mardrus. Avec une quinzaine d’odonymes chacune, elles sont devancées par Louise Labé et plusieurs poètes du XXe siècle, ainsi que par d’autres femmes connues pour d’autres activités que la poésie, la reine Marguerite de Valois et l’écrivaine et militante Louise Michel.
    • Inscription dans l’histoire littéraire
      • Marceline Desbordes-Valmore dans la collection « Poètes d’aujourd’hui ». La première femme – Mathilde Labbé (p. 99-104)
        En 1954, après dix ans d’existence, la série phare des éditions Seghers, « Poètes d’aujourd’hui », accueille pour la première fois un ouvrage consacré à une femme : Marceline Desbordes-Valmore, présentée par la poétesse et critique belge Jeanine Moulin (1912-1998). Cette triple rencontre peut étonner : non seulement Desbordes-Valmore ne fait pas partie du répertoire initial des « Poètes d’aujourd’hui », mais c’est également, pour Jeanine Moulin, un sujet nouveau. L’essai se présente comme une synthèse biographique à la manière des « vies amoureuses », tout en assumant une grande subjectivité : son autrice entend en effet remédier à la « méconnaissance d’un poète connu » par une nouvelle lecture de sa vie tout en montrant par le choix des poèmes la vigueur et l’authenticité du lyrisme valmorien.
      • Marceline Desbordes-Valmore. Une iconographie maternelle de la bonté chez Roland Barthes – Judith Cohen, Magali Nachtergael (p. 105-113)
        Dans La Chambre claire, en légende de la photographie de Marceline Desbordes Valmore qui prend la place de celle de Victor Hugo envisagée un moment, Roland Barthes écrit « Marceline Desbordes Valmore reproduit sur son visage la bonté un peu niaise de ses vers ». Que signifie le choix de cette écrivaine qui ressemblerait à ses textes, mais dans la bêtise ? Barthes mentionne la poétesse à quatre reprises dans son œuvre (Comment vivre ensemble, La Préparation du roman, Fragments d’un discours amoureux et bien sûr La Chambre claire). Cette référence s’inscrit dans l’évolution plus large du rapport de Barthes à la bêtise considéré à la fois avec angoisse et sympathie (Claude Coste) et c’est dans cette ambivalence que s’inscrit le rapport de Barthes à cette femme poète, qui apparaît comme une figure à la fois orphique, proustienne, mais aussi comme une possible mère littéraire et une image de la « bonté ».
      • La réception de Marceline Desbordes-Valmore en Iran – Maryam Sharif (p. 115-126)
        Marceline Desbordes-Valmore est présente dans la vie culturelle iranienne sous trois formes majeures. Elle est apparue d’abord dans les recherches sur la place des femmes dans l’histoire littéraire, présentée comme l’« une des plus grands poètes lyriques [femmes et hommes] de tous les temps . » Par la suite, ce sont surtout des spécialistes de littérature comparée qui se sont intéressés à la poésie desbordes-valmorienne à travers les « Roses de Saadi ». Enfin, différentes traductions de ses poèmes – en nombre qui reste cependant restreint –, accompagnées d’une présentation biographique et critique, constituent le troisième volet. Cette étude montre que l’accueil fait à Desbordes-Valmore en Iran, dans l’édition destinée au grand public, est un reflet de sa réception en France. Il témoigne d’une marginalité des femmes poètes dans l’histoire littéraire, et de leur récente réhabilitation.
      • Marceline Desbordes-Valmore, héroïne – Jean Vilbas (p. 127-133)
        Pas moins de neuf récits et une pièce de théâtre, publiés entre 1919 et 2023, choisissent de présenter Marceline Desbordes-Valmore comme une héroïne d’œuvre littéraire. Ils mettent en avant l’ancrage douaisien de l’autrice, son rôle de femme, épouse, maîtresse et mère, tout comme son statut de femme de lettres. Ils soulignent la modernité de Marceline Desbordes-Valmore.
    • Transmissions scolaires et universitaires
      • Un choix pédagogique engagé : étudier Marceline Desbordes-Valmore en classe de seconde aujourd’hui – Sophie Muscianese (p. 135-142)
        L’exposition prêtée au Lycée Européen Villers-Cotterêts à la suite de la première édition du festival Résonances du Réseau des maisons d’écrivains de Hauts-de-France, en 2018, sur le thème « Écrivains & Engagement(s) », a permis d’y lancer un projet sur Marceline Desbordes-Valmore et la révolte des Canuts en 1834. Un autre projet pédagogique y a été proposé en 2020/2021, combinant la lecture cursive de l’anthologie « L’Aurore en fuite » de poèmes de Marceline Desbordes-Valmore choisis et préfacés par Christine Planté, un projet semestriel en heures d’accompagnement personnalisé sur la place des femmes dans la société et la venue de spécialistes au lycée pour échanger avec les élèves. La pédagogie par projet a placé les élèves dans une dynamique de recherche qui a contribué à renforcer leur autonomie, leur capacité de travail de groupe et d’expression orale, et finalement leur confiance en soi.
      • À propos de Marceline Desbordes-Valmore au programme de l’agrégation – Christine Planté (p. 143-144)
      • La liberté des Pleurs et le rossignol en cage – Vincent Décamps (p. 145-154)
        Le je lyrique des Pleurs semble régulièrement faire le constat d’un asservissement mais ne cesse de s’exprimer, de chanter, à la suite du rossignol aveugle, d’après le titre d’un des poèmes du recueil, « Le Rossignol aveugle ». Ceci permet d’interroger la notion de liberté dans le recueil. La poète-rossignol s’efforce d’ouvrir la cage, dans une quête individuelle de liberté, dans l’enfance, l’amour charnel ou la mort. Mais l’oiseau peut aussi décider de rester dans cette cage : l’amour devient-il alors un esclavage consenti ? Tout l’enjeu pour la poète serait alors de voler vers les autres, de construire d’autres espaces de liberté.
  • Critiques. Lectures, hommages, réécritures
    • Paul Demeny, « Ce que dit la statue » – Texte établi, présenté et commenté par Christine Planté (p. 157-171)
    • Jeanine Moulin, « Marceline Desbordes-Valmore et la poésie féminine » – Texte établi et présenté par Mathilde Labbé (p. 173-177)
  • Images et portraits
    • Le don par Marceline Desbordes-Valmore du portrait de son père au musée de la Chartreuse – Philippe Gambette (p. 181-189)
      « Ce que dit la statue » est un poème composé par Paul Demeny pour l’inauguration de la statue de Desbordes-Valmore par Houssin en 1896. Il y donne la parole à une douaisienne femme du peuple et à sa fille, qui regardent la statue, et auxquelles celle-ci s’adresse, ces voix de femmes contrastant avec les nombreux discours masculins prononcés pendant les cérémonies. Demeny souligne le profond attachement des habitants à la poète et à la mémoire de Douai que portent ses vers, mais il laisse aussi percer les conflits de valeurs qui marquent une ville en pleine évolution, dont cette statue de femme, chose alors si rare dans l’espace public, devrait incarner la tradition et l’unité. S’il fait bien entendre ce que dit la statue, le poème simplifie ce que disent les vers de Desbordes-Valmore, et l’image de la poète.
  • Actualités et vie de l’association
    • La première édition intégrale du Marceline Desbordes- Valmore de Zweig – Olivier Philipponnat (p. 193-195)
    • Le roman Violette, réédité aux éditions Talents Hauts dans la collection Les Plumées – Laurence Faron (p. 197-199)
    • Héroïnes de Lyon (Lyon Capitale, 2022). Entretien avec Ludivine Stock (p. 201-203)
    • Amour partout ! et autres poèmes (Gallimard Jeunesse, 2021). Entretien avec Julie Joseph (p. 205-207)
    • Un parcours dans le Douai de Marceline Desbordes-Valmore – Jean Vilbas (p. 209-210)
    • Vie de l’association – Philippe Gambette (p. 211-216)
    • Bibliographie (p. 217-222)