Poème « Agar »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Quelle mère un moment ne fut ambitieuse ?… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « XLIII. Agar », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Charpentier, 1833
  • « Agar (fragment). », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Madame Goullet, 1834

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Agar », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 91-92, 1922
  • « Agar », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 293-295, 1932
  • « Agar », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 230, 1973





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

AGAR

FRAGMENT

          - Elle jeta de grands cris et se mit à pleurer.
          - Or, Dieu écouta la voix de l’enfant ; et un
          ange de Dieu appela Agar du ciel, et lui dit :
          "Agar, qu’avez-vous ? Ne craignez point, car
          Dieu a écouté la voix de l’enfant du lieu où il
          est."

  Quelle mère un moment ne fut ambitieuse ?
  Quelle mère, en plongeant son âme curieuse
  Dans les jours où son fils ira chercher ses droits,
  N’a dit : "Voilà mon fils ! Que sont les fils des rois ?

  "Vents ! portez dans les cieux la voix de ma prière ;
  Dieu ! versez le pardon sur l’orgueil à genoux :
  Oui, l’orgueil m’a saisie, Ô mon Dieu ! j’étais mère ;
  Et la mère et l’enfant tendent les bras vers vous !"

  "Enfant, ne pleure pas. Voici des fleurs. Je t’aime.
  Nous trouverons là-bas, peut-être, un frais ruisseau ;

  Tu dormiras content sous un jeune arbrisseau ;
  Et peut-être avec toi j’y dormirai moi-même !"

  Ainsi la triste Agar, un enfant par la main,
  De son cœur oppressé brise le long silence.
  L’enfant rit à sa mère , et, plein d’obéissance,
  Cueille une fleur mourante et poursuit son chemin.
  Ce chemin est brûlant ; le soleil le dévore :
  L’enfant poursuit en vain, de chaleur obsédé,
  L’arbre vert, l’ombre et l’eau ! Triste, il a demandé :
  "Ce frais ruisseau, ma mère, est-il bien loin encore ?"

  - "Là-bas !" répond Agar. - "Oh ! que c’est loin là-bas,
  Ma mère !" Elle se tait, détourne son visage ;
  Du voile qui la couvre elle forme un nuage,
  Comme un linceul mouvant où se trament leurs pas.

  Ses premiers pas, à lui, l’éloignent de son père !
  Ô Sarah ! de ton fils le sort est plus prospère.
  Ô Sarah ! cet enfant pâle, nu, sans soutien,
  C’est le fils d’Abraham... Non, mon Dieu ! c’est le tien !
  Sauve-le ! sauve-nous. Un peu d’air ! un peu d’ombre !
    Dieu ! ta main devant le soleil !
  Le bruit frais de l’eau vive, un arbre au rideau sombre,
  Une pierre mouillée, un fruit, et du sommeil !

  Et l’enfant tout à coup s’arrête. Elle s’arrête.
  Du voile qui l’étouffe il dégage sa tête ;
  De ses cheveux touffus lent à se découvrir,
  Il tremble. Il jette enfin d’une lèvre altérée :
  "J’ai soif !" - Et dans le ciel l’espérance est rentrée...
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