Poème « Albertine »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Tu sais qu’elle était sainte et mourut sans remord !… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

  • « Albertine », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 91-94, 1839

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Albertine », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 28-29, 1886
  • « Albertine », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 392, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Albertine », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres choisies de Marceline Desbordes-Valmore avec études et notices par Frédéric Loliée, Paris : Libairie Ch. Delagrave, p. 83-84, 1909
  • « Albertine », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 64, 1910
  • « Albertine (Tu sais qu’elle était sainte) », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 160-161, 1923
  • « Albertine. Tu sais qu’elle était sainte », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 67-67, 1933





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

ALBERTINE

A MADAME HELOISE SAUDEUR

  Tu sais qu’elle était sainte et mourut sans remord !
  Moi, je ne suis que femme et j’ ai peur de la mort.
  J’ai peur de voir tomber les voiles de mon âme ;
  Retenue à la terre avec des nœuds de flamme,
  J’ai peur qu’elle s’en aille à la porte des cieux,
  Pleurer longtemps, et nue, et devant bien des yeux !
  C’est mon rêve ; ma croix triste et lourde de larmes,
  Le fantôme assidu qui refait les alarmes,
  Les soupirs, les frissons de mes nuits sans sommeil,
  Et qui me rend si pâle au retour du soleil !

  Mais, Albertine ! ô chère ! ô pure ! ô sainte femme !
  Chaque pleur de mes yeux me rappelle son nom.
  Quand ils ont déchiré les voiles de son âme,
  Sais-tu son cri vers Dieu ? "Je meurs bien tard... pardon !"
  Cette âme où ne tremblait ni repentir, ni larme,
  Aimait ! aimait ! et puis, comme si quelque charme,
  Mis entre elle et le monde eût isolé ses pas,
  Elle errait dans la foule et ne s’y mêlait pas.

      Créature,
      Frêle et pure,
      Trop de Dieu
      Pour ce lieu,
      C’était l’ange,
      Sans mélange,
      Qui passait
      Et pensait !

      Sa jeune âme,
      Ciel et flamme,
      Fut l’oiseau,
      D’un roseau,
      Et si tendre,
      Qu’à l’entendre,
      En secret,
      On pleurait !

      Son mystère,
      Sur la terre,
      À genoux,
      Comme nous,
      Fut dans l’ombre
      La plus sombre :
      Pardonner !
      Et donner !

  Thérèse* ainsi peureuse et prudente colombe,
  Sur ce monde qui passe, et qui tremble et qui tombe,
  Au jardin de son père élevait tous les jours,
  Quelque nid éternel qui s’écroulait toujours :
  Toujours ses jeunes mains pieusement agiles,
  Découvraient, inventaient des ciments, des argiles,
  Pour abriter d’un toit qui ne s’écroule plus,
  Son cœur tirant au loin ses vœux irrésolus.

  Oui ! béni soit l’oiseau que le désert protège ;
  Qui des oiseaux errants voit passer le cortège ;
  Qui préservant ses pieds de tout ruisseau fangeux,
  A pleuré sous son aile aux printemps orageux !

* Sainte Thérèse. On sait que Sainte Thérèse enfant bâtissait des petits ermitages, qu’elle priait son frère de construire avec elle, pour s’y retirer du monde qui lui faisait peur, bien qu’elle l’aimât, et qu’en trouvant toujours ses asiles tombés et démolis par la pluie, elle pleurât.







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