« À madame Sophie Gay », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies et poésies nouvelles, Paris : Ladvocat, p. 76-79, 1825
« A Madame Sophie Gay », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 397-402, 1830
« À Madame Sophie Gay », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome second, Paris : Boulland, 1830
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« À Madame Sophie Gay », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 110-112, 1922
« À Madame Sophie Gay », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 201-203, 1931
« À Madame Sophie Gay », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 86, 1973
Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« À Madame Sophie Gay (extrait) », Jeanine Moulin. Poètes d’aujourd’hui. Marceline Desbordes-Valmore, Paris : Seghers, p. 173-174, 1955
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
À MADAME SOPHIE GAY
Lyon
Vous dont la voix absente enhardit mon courage,
Vous, qui m’avez cherchée en mon obscur séjour,
Dont le désir charmant de me faire un beau jour
A ralenti d’un jour le rapide voyage ;
Sophie, éprouvez-vous ce tendre étonnement
Qui naît d’une amitié nouvelle ?
Votre cœur, moins distrait, sent-il en ce moment
Qu’un cœur de plus vous nomme et vous appelle ?
De mes regrets nouveaux sentez-vous la moitié ?
Ceux qui vous oppressaient remplissent ma mémoire :
Hélas ! en m’apprenant qu’il n’est plus d’amitié,
D’où vient que vous m’y faisiez croire ?
C’est que vos doux regards étaient fixés sur moi ;
C’est que l’amitié même y versait tant de flamme,
Qu’en y voyant briller quelques pleurs et votre âme,
En m’effrayant un peu vous rengagiez ma foi.
Qui se croirait heureuse et se dirait aimée,
Si vous ne l’étiez pas ?
Si quelque âme volage et désaccoutumée
Oubliait de chercher son bonheur sur vos pas ?
Soyez lente à le croire : apprenez de moi-même
Qu’on ne change plus quand on aime.
Ces bords où vos ennuis cherchaient un ciel plus doux,
Ce fleuve enorgueilli d’avoir porté Delphine,
L’écho qui dit encor sa voix jeune et divine,
Ici, tout me ressemble et tout parle de vous.
Dans le trouble riant d’une fête imprévue,
Où parut un moment m’oublier la douleur,
Comme un bel arbrisseau, fier de sa tendre fleur,
N’est-ce donc pas vous que j’ai vue ?
Quoi ! les ai-je rêvés, ces rapides discours,
Cette ombre plus rapide et belle comme un songe,
Cette amitié promise ? ... Oh ! si c’est un mensonge,
Laissez-le me bercer toujours !
Mais le plaisir s’arrête.
Vous partez : de la fête
L’éclat s’est effacé.
Sous de longs flots d’ébène,
La nuit couvre la plaine
Où Delphine et sa mère et ma joie ont passé.
Pardonnez, si mon âme à son chant monotone
Retourne en voyant fuir les muses et les fleurs ;
Vous partez, et voici l’automne ;
On dirait qu’elle attend des pleurs.
L’été vient d’épuiser sa dernière corbeille ;
Pour vous revoir sourire il s’est éteint plus tard ;
Et septembre au ciel gris, avec votre départ,
A vu fuir la dernière abeille.
La feuille commence à jaunir,
Les bois vont perdre leur parure ;
Déjà pour les amours, qu’un regret sait punir,
Leur froide retraite est moins sûre.
Quelquefois, sur moi-même arrêtant ma pitié,
Je frémis ; je regarde où s’en va l’espérance ;
Elle est loin, et de l’amitié
J’ai plus que vous peut-être éprouvé l’inconstance !
Mais vous m’avez parlé : captive à votre voix,
Tout ce que vous disiez, j’aurais voulu l’écrire ;
Et tout ce que de vous à présent je reçois,
Oh ! que ne puis-je encor vous entendre le dire !
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