« À ma Fauvette », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies, Marie et romances, Paris : François Louis, p. 45-46, 1819
« À ma Fauvette », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 44-46, 1820
« La Fauvette », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 30-32, 1822
Édition du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« À ma fauvette », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 594, 1973
Autre édition du poème :
« À ma Fauvette », Almanach des dames, Tubingue : J. G. Cotta ; Paris : Treuttel & Würtz, p. 83-85, 1820
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
À MA FAUVETTE
A Madame Gabrielle B***
Adieu, Fauvette ! adieu ton chant plein de douceur !
Il ne charmera plus ma triste rêverie
En pénétrant jusqu’à mon cœur.
Adieu, ma compagne chérie !
Je ne l’entendrai plus ce doux accent d’amour,
Et cette rapide cadence
Légère comme l’espérance,
Qui m’échappe aussi sans retour.
Adieu, Fauvette ! en ces lieux adorée,
Puisses-tu trouver le bonheur !
Il n’est trop souvent qu’une erreur !
Mais qui peut plus que toi compter sur sa durée ?
De l’entendre toujours n’a-t-on pas le désir ?
Le méchant qui t’écoute a-t-il encor des armes ?
Et lorsqu’en triomphant tu chantes le Plaisir,
Par ta voix célébré, n’a-t-il pas plus de charmes ?
Tu n’as point à prévoir un triste changement :
De tes succès l’aimable enchantement,
D’un vain orgueil ne t’a point enivrée ;
Et je te vois, d’hommages entourée,
Sensible aux maux de l’amitié,
Ne pouvant les guérir, en prendre la moitié.
Laisse ta compagne plaintive,
Sans espérance et sans bonheur,
Au fond d’un bois, seule et pensive,
Exhaler sa vaine douleur !
Ces lieux n’ont plus d’écho qui me réponde :
Laisse-moi les quitter, laisse-moi fuir le monde ;
Fauvette, en le fuyant, j’obéis à sa loi.
Je ne suis plus heureuse, il n’est plus fait pour moi !
J’ai tout perdu : la solitude
Me promet un triste repos ;
Ta compagne blessée y cachera ses maux,
Et du chant des regrets reprendra l’habitude.
Ce monde n’aura point mes regrets douloureux ;
C’est à toi seule, à toi de les entendre ;
Il rit des plaintes d’un cœur tendre,
Et repousse les malheureux ;
Pour le charmer, conserve ton ramage.
Plus heureuse que moi, Fauvette, sois plus sage !
Maîtresse de ton sort, et libre de choisir,
Sous un ciel toujours pur va chercher un asile ;
Le froid climat où l’on m’exile
Serait pour toi le tombeau du Plaisir.
Le Plaisir qui t’appelle en un brillant parterre,
T’y prépare déjà ses riantes couleurs ;
Il sait que la Fauvette, et joyeuse et légère,
Doit chanter au milieu des fleurs.
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