Poème « À ma sœur »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Qu’ai-je appris ! le sais-tu ? sa vie est menacée,… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « À ma sœur », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies et poésies nouvelles, Paris : Ladvocat, p. 49-54, 1825
  • « À ma Sœur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 359-366, 1830
  • « À ma Sœur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « À ma sœur. Qu’ai-je appris? », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 120-122, 1886
  • « À ma Sœur. Qu’ai-je appris », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 285-286, 1922
  • « À ma sœur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 181-184, 1931
  • « À ma sœur », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 80, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « À ma sœur: Qu’ai-je appris ? le sais-tu ? », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 87-88, 1923
  • « À ma sœur. Qu’ai-je appris », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Lyon : H. Lardanchet, p. 75-78, 1927
  • « À ma Sœur. Qu’ai-je appris... », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 47-50, 1928
  • « À ma sœur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Avant-Quart. Revue littéraire, Lézignan : Poètes pour le Plaisir, p. 17-19, 1985





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

À MA SŒUR

    Qu’ai-je appris ! le sais-tu ? sa vie est menacée,
          On tremble pour ses jours.
    J’ai couru... Je suis faible... et ma langue glacée
    Peut à peine... Ma sœur, je l’aime donc toujours !
    Quel aveu, quel effroi, quelle triste lumière !
    Eh quoi ! ce n’est pas moi qui mourrai la première,
    Moi qu’il abandonna, moi qu’il a pu trahir,
    Moi qui fus malheureuse au point de le haïr,
    Qui l’essayai du moins ! C’est moi qui vis encore !
    Et j’apprends qu’il se meurt, j’apprends que je l’adore ;
    Le voile se déchire en ces moments affreux :
    Comment ne plus l’aimer quand il n’est plus heureux !

    Viens, ma sœur... de ses torts tu m’as crue incapable,
    Et moi, je ne sais plus qui des deux fut coupable :
    C’est moi, mon Dieu! c’est moi, si vous devez punir ;
    Oubliez le passé, je prends son avenir :
    Dans la tombe qui s’ouvre, ah ! laissez-moi l’attendre !
    Qu’il m’y retrouve un jour calmée et toujours tendre ;
    Que ma main le rassure en le guidant vers vous ;
    Que je lui dise : "Viens ! plus d’absence entre nous ;
    "Viens ! j’expiai pour toi ton infidèle flamme."
    Il me reconnaîtra. Saisi d’un doux remords,
        Il ne verra plus que mon âme,
        Il me trouvera belle alors.

    Dieu ! couvrez-le des fleurs qu’en silence il cultive !
    Le monde est beau pour lui, l’amour l’attend... qu’il vive !
    Donnez-lui tous les biens qui me furent promis ;


    Rendez sa jeune gloire à ses jeunes amis ;
    Qu’ils marchent tous ensemble, et qu’il les guide encore
    Vers ces lauriers lointains que le bel âge adore !
    Cette foule riante à l’aspect d’un cercueil
    Allez-vous la changer en cortège de deuil ?
    N’achèveront-ils pas leur veille harmonieuse ?
    En exilerez-vous sa voix mélodieuse ?
    Le départ d’un ami rompt souvent tous les jeux,
    C’est un anneau brisé qui déjoint d’autres nœuds ;
    Ah ! laissez-les chanter ! et que sa rêverie
    Porte un jour quelques fleurs à ma cendre flétrie ;
    Que des parfums si doux consolent mes cyprès ;
    Qu’il vive de ma vie, et je meurs sans regrets !
    Ma vie, hélas ! c’est peu ; mais il souffre et j’implore.
    Jetez, jetez sur moi ce mal qui le dévore ;
    Qu’il vive enfin... (Cruel, juge si je t’aimais ! )
    Qu’il vive pour une autre et m’oublie à jamais !

    Dis, crois-tu que le ciel m’exauce et lui pardonne,
    Ma sœur, ou que le ciel comme lui m’abandonne ?
    Qu’il rejette ma vie en le privant du jour,
    Et punisse la haine où se cachait l’amour ?.
    Tu fais bien d’écouter sans répondre à mes plaintes ;
    J’aime mieux ta pâleur et tes muettes craintes ;
        Ta tristesse m’aide à souffrir :
    Peux-tu me consoler, ma sœur, il va mourir !
        Priez pour lui, moi je succombe.
        La porte s’ouvre... elle retombe...
        Ah !... que ce bruit sourd m’a fait peur
    On dirait que la mort a passé sur mon cœur.

    Voyez-vous ses amis ? leur silence est horrible !
    Allons au-devant d’eux, parlez, demandez-leur...
    Non, la force me manque et je crains le malheur ;
    Hélas ! si vous saviez, que son poids est terrible !
    Que nous répondraient-ils ?... mais ils sont déjà loin.
    De m’arracher le cœur nul ne prendra le soin ;
    J’ignorerai son sort, on m’y croit étrangère ;
    Et près de sa demeure, et si triste, et si chère,
    Personne, excepté vous, n’aurait guidé mes pas :
    Quand j’expire à sa porte, on ne m’y connaît pas.

    Pourquoi souffriraient-ils de ma lente agonie ?
    Dans la foule perdus, oh ! ma chère Eugénie,
    Nous croyons l’univers instruit de nos douleurs,
    Et même aux cœurs heureux nous demandons des pleurs.

    Laissez-moi seule, allez, retournez la première.
    Voyez, le ciel se couvre, et le jour va finir ;
    Voyez sous ces rideaux trembler une lumière ;
    C’est là peut-être... et moi, que vais-je devenir ?
    On ferme lentement ; il semble que l’on pleure :
        Oh ! que je voudrais voir !
    Écoutez cette cloche, écoutez... Non ! c’est l’heure,
    Enfin, c’est la prière, et c’est encor l’espoir !
    Priez pour lui, priez ! laissez... quittez l’envie
    De rappeler le temps où j’ai cru le haïr :
    Ma sœur, obtiens des cieux qu’ils lui rendent la vie ;
    Après, tu me diras qu’il faut encor le fuir.





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