Poème « À mes sœurs »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « J’étais enfant, l’enfance est écouteuse ;… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « À mes Sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 301-306, 1830
  • « À mes Sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome troisième, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « À mes sœurs. J’étais enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 182-184, 1886
  • « [J’étais enfant, j’étais heureuse !] », Boyer d’Agen. Œuvres manuscrites de Marceline Desbordes-Valmore : albums à Pauline, Paris : A. Lemerre, p. 32, 1921
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 85-87, 1932
  • « À mes sœurs », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 168, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « À mes Sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 39-44, 1830
  • « À mes Sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 231-233, 1842
  • « À mes Sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 200-202, 1860
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 184-186, 1923
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Lyon : H. Lardanchet, p. 113-115, 1927
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 64-66, 1965
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface et choix d’Yves Bonnefoy, Paris : Gallimard nrf, p. 60-62, 1983
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poesie, a cura di Giuseppe Pintorno, disegni di Francesca Amat, testo francese a fronte, La Vita Felice, p. 58-62, 1994
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Les Veillées des Antilles, présentation d’Aimée Boutin, Paris : L’Harmattan, p. 200-201, 2006
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Illustrations : Ève Hetzel, Tourouzelle : Avant-quart, p. 30-32, 2017
  • « À mes sœurs », Marceline Desbordes-Valmore. 30 poèmes. Choix des poèmes et dossier par Alexis Buffet, Paris : Belin éducation, p. 23-27, 2022

Traductions du poème :

  • italien :
    • « Alle mie sorelle », Giuseppe Pintorno, Poesie, a cura di Giuseppe Pintorno, disegni di Francesca Amat, testo francese a fronte, p. 59-63, Milan : La Vita Felice, 1994
  • slovène :
    • « Sestrama », Marija Javoršek, Poezije, Ljubljana : Književno društvo Hiša poezije, 2016





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

À MES SŒURS

      J’étais enfant, l’enfance est écouteuse ;
    Sur notre beau navire emporté par les vents,
    Entre le ciel et l’onde et nos destins mouvants,
    Les vieux marins charmaient la route aventureuse ;
    Le soir sous le grand mât circulaient leurs récits :
    Je n’avais plus de peur alors qu’entre eux assis
    Des voyages lointains ils commençaient l’histoire.
    Ils ne mentaient jamais, je veux toujours le croire ;
    Et, quand l’heure avec nous s’envolait sur les flots,
    On appelait en vain, parmi les matelots,
    Un jeune passager dont la vue attentive
    Poursuivait tristement la vague fugitive :
    On eût dit que si jeune, et si triste, et si beau,
    Sur cette route humide il voyait un tombeau.

Un soir que le vaisseau, bondissant sous ses voiles,
    Formait un long sentier tout scintillant d’étoiles,
    En regardant s’ouvrir ce sillage éclatant,
    Je disais : Conduit-il au bonheur qui m’attend ?
    Je croyais qu’une fée, en épurant les ondes,


    Pour tracer au navire un lumineux chemin,
    Brûlait des lampes d’or sous les vagues profondes ;
    Et moi, pour l’en bénir, je lui tendais la main.

    A mes yeux fascinés la belle Néréide
    Errait, sans se mouiller, dans son palais humide ;
    Je voyais son front calme orné de diamants,
    Et dans le frais cristal glisser ses pieds charmants.
    Je tressaillais de crainte, et de joie, et d’envie ;
    J’aurais voulu près d’elle aller passer ma vie :
    Car je rêvais encor ces contes qu’autrefois,
    Pour m’endormir, ma mère enchantait de sa voix !
    Peut-être à mon berceau quelque aimable marraine
    D’un talisman secret avait doté mon sort ;
    Peut-être que des flots elle était souveraine,
    Et que ses doux regards me protégeaient encor...
    Un soupir dissipa la scène de féerie :
    Le jeune homme sur l’onde était aussi penché ;
    Je me souvins alors que je l’avais cherché,
    Et que l’on m’envoyait troubler sa rêverie ;
    Car déjà le soleil s’éteignait dans les flots,
    Et les récits du soir charmaient les matelots.

    "Viens, lui dis-je, on t’attend. Vois ! la mer est tranquille ;
    Il faut conter : pourquoi ne parles-tu jamais ?
    Des joyeux passagers quelle douleur t’exile ?
    Pleures-tu ton pays ? eh bien ! si tu l’aimais,
    Viens en parler longtemps. Moi, j’ai quitté la France,
    Mais j’en parle, et la plainte éveille l’espérance.
    Vois-tu : le même ciel nous aime et nous conduit ;
    L’étoile qui m’éclaire est celle qui te luit ;
    Sa lueur au navire annonce un vent prospère,
    Et moi, je reverrai la maison de mon père !
    Toi, n’as-tu pas un père ? et n’est-ce pas pour lui
    Que l’on t’a vu prier en pleurant aujourd’hui ?
    Ne pleure plus. Écoute ! on chante au bruit des ondes !
    Que cet air est charmant ! c’est un écho français ;
    Dans nos humbles vallons que je le chérissais !
    Viens l’apprendre : il t’appelle, il faut que tu répondes."
    Et le jeune inconnu, moins farouche à ma voix,
    Vint au cercle conteur prendre place une fois.

    Ce qui m’a fait pleurer, jamais je ne l’oublie :
    C’est un songe du cœur, il survit au réveil.
    Si le charme en pouvait deux fois être pareil,
    Mes sœurs, je vous dirais, dans sa mélancolie,
    Ce songe, qu’en parlant j’écoute encor tout bas ;
    Mais il est des accents que l’on n’imite pas !





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