« L’ami d’enfance », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 25-26, 1860
« L’ami d’enfance », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 28-30, 1873
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« L’ami d’enfance », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 278-279, 1886
« L’ami d’enfance », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 512, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« L’ami d’enfance », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 77-78, 1923
« L’Ami d’enfance », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 159-160, 1965
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
L’AMI D’ENFANCE
Un ami me parlait et me regardait vivre :
Alors, c’était mourir... Mon jeune âge était ivre
De l’orage enfermé dont la foudre est au cœur :
Et cet ami riait, car il était moqueur.
Il n’avait pas d’aimer la funeste science.
Son seul orage à lui, c’était l’impatience.
Léger comme l’oiseau qui siffle avant d’aimer,
Disant : "Tout feu s’éteint, puisqu’il peut s’allumer" ;
Plein de chants, plein d’audace et d’orgueil sans alarme,
Il eût mis tout un jour à comprendre une larme.
De nos printemps égaux lui seul portait les fleurs ;
J’étais déjà l’aînée, hélas ! par bien des pleurs.
Décorant sa pitié d’une grâce insolente,
Il disputait, joyeux, avec ma voix tremblante ;
À ses doutes railleurs, je répondais trop bas...
Prouve-t-on que l’on souffre à qui ne souffre pas ?
Soudain, presque en colère, il m’appela méchante,
De tromper la saison où l’on joue, où l’on chante :
"Venez, sortez, courez où sonne le plaisir !
Pourquoi restez-vous là navrant votre loisir ?
Pourquoi déifier vos immobiles peines ?
Venez, la vie est belle, et ses coupes sont pleines ! ...
Non ? Vous voulez pleurer ? Soit ! J’ai fait mon devoir ;
Adieu ! - Quand vous rirez, je reviendrai vous voir."
Et je le vis s’enfuir comme l’oiseau s’envole ;
Et je pleurai longtemps au bruit de sa parole ;
Mais quoi ? la fête en lui chantait si haut alors
Qu’il n’entendait que ceux qui dansaient au dehors.
Tout change. Un an s’écoule, il revient... Qu’il est pâle !
Sur son front quelle flamme a soufflé tant de hâle ?
Comme il accourt tremblant ! Comme il serre ma main !
Comme ses yeux sont noirs ! Quel démon en chemin
L’a saisi ? - C’est qu’il aime ; il a trouvé son âme.
Il ne me dira plus : "Que c’est lâche une femme !"
Triste, il m’a demandé : "C’est donc là votre enfer ?
Et je riais... Grand Dieu ! vous avez bien souffert !"
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