Poème « Les amitiés de la jeunesse »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Des nœuds dont sa vie est liée… »
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Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Les amitiés de la jeunesse », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 121-123, 1886
  • « Les amitiés de la jeunesse », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 499, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Les amitiés de la jeunesse », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres choisies de Marceline Desbordes-Valmore avec études et notices par Frédéric Loliée, Paris : Libairie Ch. Delagrave, p. 89-91, 1909
  • « Les Amitiés de la jeunesse », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 68-70, 1910
  • « Les amitiés de la jeunesse », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 161-162, 1923
  • « Les Amitiés de la jeunesse », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes et proses [Préface et notes de Tony Taveau], Paris : Marcel Seheur, p. 30-32, 1928
  • « Les amitiés de la jeunesse », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 68-70, 1933
  • « Les amitiés de la jeunesse », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Illustrations de G. Ducultit, Chamonix : Jean Landru, p. 25-28, 1944





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LES AMITIÉS DE LA JEUNESSE

    Des nœuds dont sa vie est liée
    Soulevant un moment le poids,
    Et d’un long orage essuyée,
    Mon âme se cherche une voix.

    Comme sur le bord de sa cage
    L’oiseau contraint de s’arrêter,
    Sur ma bouche ainsi qu’au jeune âge,
    L’âme est assise et veut chanter.

    Mon jeune âge a fait deux amies,
    Dont l’une est partie avant moi,
    Parfum de mes fleurs endormies :
    L’autre fleur vivante, c’est toi !

    Celle qui dort, je l’ai rêvée
    Son bras enlacé dans le mien,
    Tandis que toi, ma retrouvée,
    Tu la retenais sous le tien.


    Nous allions, comme trois colombes,
    Effleurant à peine le blé ;
    Et vers le doux sentier des tombes
    Le triple essor s’est envolé.

    Pour panser un peu nos blessures,
    Nous vous abattions dans les fleurs ;
    Et ses angéliques censures
    Ne s’aigrissaient pas de nos pleurs.

    Son ombre qui battait des ailes,
    Charmante, nous disait tout bas :
    "Allons voir des choses nouvelles ;
    Allons vers Dieu, qui ne meurt pas !"

    Elle marchait, pâle et contente,
    Sans sourire, mais sans pleurer ;
    Son âme, couchée à l’attente,
    Avait fini de soupirer.

    La foule glissait devant elle,
    Comme dans le monde on faisait,
    Pour s’assurer qu’elle était belle
    Comme le monde le disait.

    Des ombres lui criaient : "Madame,
    Pour nous répondre arrêtez-vous :
    Vous qui prenez âme par âme,
    Où vous allez emmenez-nous !

    Car nous sommes bien accablées
    D’attendre où l’on attend toujours :
    Hélas ! nous serions moins troublées
    D’entrer où finissent les jours !"

    Alors ses pitiés envahies
    Dans son cœur semblaient se presser,
    Devant ces âmes éblouies
    Qui se heurtaient pour l’embrasser.

    Nous entrâmes dans une église,
    Pour nous reposer à genoux ;
    La Vierge seule était assise,
    Posant son doux regard sur nous.

    Aux fenêtres de ses demeures
    Les lumières ne tremblaient pas,
    Et l’on n’entendait plus les heures
    S’entre-détruire comme en bas.

    Notre corps ne faisait plus d’ombre
    Comme dans ce triste univers,
    Et notre âme n’était plus sombre
    Le soleil passait à travers !

    Voilà comment je l’ai rêvée,
    Son bras enlacé dans le mien,
    Tandis que toi, ma retrouvée,
    Tu la retenais sous le tien.





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