Poème « À Monsieur Alphonse de Lamartine »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Triste et morne sur le rivage… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « XXXVIII. À Monsieur Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Charpentier, 1833
  • « À M. Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Madame Goullet, 1834

Prépublication :

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « À M. A. de Lamartine. (Réponse) », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 261-265, 1886
  • « À Monsieur Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 269-279, 1932
  • « À Monsieur Alphonse de Lamartine », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 224, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « À M. Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 308-312, 1842
  • « À M. Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 262-266, 1860
  • « À M. Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Les chefs d’œuvre lyriques de Marceline Desbordes-Valmore. Choix et notice de Auguste Dorchain, Paris : A. Perche, p. 27-31, 1909
  • « À M. Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 176-179, 1923
  • « À Monsieur Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies choisies. Notice et notes par Marguerite Plessis. Les classiques pour tous ; N° 344, Paris : Hatier, p. 50-53, 1926
  • « À Monsieur Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Lyon : H. Lardanchet, p. 143-147, 1927
  • « À M. Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies Choisies de M. Desbordes-Valmore avec introduction et notes par Maurice Allem, Paris : Garnier Frères, p. 76-80, 1935
  • « À M. Alphonse de Lamartine (extrait) », Jeanine Moulin. Poètes d’aujourd’hui. Marceline Desbordes-Valmore, Paris : Seghers, p. 176-? 1955
  • « À M. A. de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. L’Aurore en fuite. Poèmes choisis. Choix et préface par Christine Planté, Paris : Points, p. 82-84, 2010
  • « À M. Alphonse de Lamartine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Dossier par Virginie Belzgaou, Folio+ Lycée, Paris : Gallimard, 2021

Autres éditions du poème :

Traductions du poème :

  • anglais :
    • « To Alphonse de Lamartine », Harriet W. Preston, Charles Augustin Sainte-Beuve, Memoirs of Madame Desbordes-Valmore, p. 219-223, Boston : Roberts Brothers, 1873
  • italien :
    • « Ad Alfonso Lamartine (Risposta) », Fernanda Fratoddi, Poesie e lettere, precedute da uno studio biografico critico a cura di Fernanda Fratoddi, p. 96, Foligno : F. Campitelli, 1926





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 2007) :

À M. ALPHONSE DE LAMARTINE

          Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent
        et pleurez avec ceux qui pleurent.
                Imitation de J.-C.

          Dieu, dit l’Écriture, entend la fleur s’ouvrir,
        et il distingue dans les bois le dernier souffle
        de l’oiseau.
            M. H. de Latouche. Lettre de Carlin.

    Triste et morne sur le rivage
    Où l’espoir oublia mes jours,
    J’enviais à l’oiseau sauvage
    Les cris qu’il pousse dans l’orage
    Et que je renferme toujours !

    Et quand l’eau s’enfuyait, semée
    De tant d’heures, de tant de mois,
    Sous ma voile sombre et fermée,
    D’une vie autrefois aimée
    Je ne tramais plus que le poids !

    J’osais, au fond de ma misère,
    Rêvant sous mes genoux pliés,
    Sans haleine pour ma prière
    Murmurer à Dieu : "Dieu ,mon père !
    Mon père ! vous nous oubliez !"

    "Vous ne donnez repos ni trêve,
    Ni calme à notre errant esquif
    Tantôt échoué sur la grève,
    Tantôt emporté comme un rêve,
    Perdu dans l’orage ou captif !

    "Partout où le malheur l’égare,
    Une mère a peur de mourir ;
    J’ai peur : j’ose nommer barbare
    Le destin mobile et bizarre
    Qui fit mes enfants pour souffrir !

    "Qui prendra la rame affligée,
    Quand la barque, sans mouvement,
    De mon faible poids allégée,
    Leur paraîtra vide, changée,
    Et sur un plus morne élément?

    "Sans char, sans prêtre, au cimetière,
    Leur pitié me conduira ;
    Puis, d’un peu de buis ou de lierre,
    Doux monument de sa prière,
    Le plus tendre me couvrira !..."

    Tout passe ! Et je vis disparaître
    L’orage avec l’oiseau plongeur ;
    Et sur mon étroite fenêtre
    La lune qui venait de naître,
    Répandit sa douce blancheur.

    J’étendis mes bras devant elle,
    Comme pour atteindre un ami
    Dont le pas vivant et Fidèle
    Tout à coup au cœur se révèle
    Sur le seuil longtemps endormi.

    Je ne sais quelle voix puissante
    Retint mon souffle suspendu ;
    Voix d’en haut, brise ravissante,
    Qui me relevait languissante,
    Comme si Dieu m’eût répondu !

    Mais par trop d’espoir affaiblie,
    Et voilant mes pleurs sous ma main,
    J’ai dit dans ma mélancolie :
    "Lorsque tout m’ignore ou m’oublie,
    Quel ange est donc sur mon chemin ?"

    C’était vous ! J’entendis des ailes
    Battre au milieu d’un ciel plus doux ;
    Et sur le sentier d’étincelles
    Que formaient d’ardentes parcelles,
    L’ange qui venait, c’était vous !

    Oui, du haut de son vol sublime,
    Lamartine jetait mon nom,
    Comme d’une invisible cime,
    A la barque, au bord de l’abîme,
    Le ciel ému jette un rayon !

    Doux comme une voix qui pardonne,
    Depuis que ton souffle a passé
    Sur mon front pâle et sans couronne,
    Une sainte pitié résonne
    Autour de mon sort délaissé !

    Jamais, dans son errante alarme,
    La PERI, pour porter aux cieux,
    Ne puisa de plus humble larme
    Que le pleur plein d’un triste charme
    Dont tes chants ont mouillé mes yeux !

    Mais dans ces chants que ma mémoire
    Et mon cœur s’apprennent tout bas,
    Doux à lire, plus doux à croire,
    Oh ! n’as-tu pas dit le mot gloire ?
    Et ce mot, je ne l’entends pas ;

    Car je suis une faible femme ;
    Je n ai su qu’aimer et souffrir ;
    Ma pauvre lyre, c’est mon âme,
    Et toi seul découvres la flamme
    D’une lampe qui va mourir.

    Devant tes hymnes de poète,
    D’ange, hélas ! et d’homme à la fois,
    Cette lyre inculte, incomplète,
    Longtemps détendue et muette,
    Ose à peine prendre une voix.

    Je suis l’indigente glaneuse
    Qui d’un peu d’épis oubliés
    A paré sa gerbe épineuse,
    Quand ta charité lumineuse
    Verse du blé pur à mes pieds.


    Oui ! toi seul auras dit : - Vit-elle ? -
    Tant mon nom est mort avant moi !
    Et sur ma tombe, l’hirondelle
    Frappera seule d’un coup d’aile
    L’air harmonieux comme toi.

    Mais toi ! dont la gloire est entière
    Sous sa belle égide de fleurs,
    Poète ! au bord de ta paupière,
    Dis vrai, sa puissante lumière
    A-t-elle arrêté bien des pleurs ?





Signaler une erreur ou transmettre un commentaire

Votre nom et/ou votre adresse de courriel :
Votre commentaire (les commentaires sont transmis à l'équipe d'administration du site mais ne sont pas affichés sur le site et ne donnent pas lieu à une réponse) :