Poème « L’ange et la coquette »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Une église sans lumière… »
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Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « L’ange et la coquette », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 230-232, 1860
  • « L’ange et la coquette », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 251-253, 1873

Prépublications :

  • « L’Enfer et l’Ange », Journal des gens du monde, p. 19-20, 1833-12
  • « L’Ange et la Coquette », Le Papillon : journal de l’entr’acte - littérature, arts, poésie, nouvelles, théatres, modes annonces, n° 178, Lyon, p. 4, 1834-03-18

Édition du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « L’ange et la coquette », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 568, 1973

Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « L’ange et la coquette », Marceline Desbordes-Valmore. Textes choisis et présentés par Marc Bertrand, HB Editions, p. 31-33, 2001





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

L’ANGE ET LA COQUETTE

    Une église sans lumière
    Sonne le salut du soir,
    Et seule, avant la prière,
    Une femme vient s asseoir.
    Brillante, peinte et pompeuse,
    Que peut-elle avoir souffert ?
    Rien. Cette femme est heureuse,
    Mais elle a peur de l’enfer.

    Dans l’ombre de la chapelle
    Veille l’ange des pardons,
    Et c’est le seul qu’elle appelle
    Pour le séduire à ses dons :
    - "N’apportez que vos alarmes",
    Dit-il. "Tout cet or offert,
    S’il n’est mouillé de vos larmes,
    Ne sauve pas de l’enfer."


    - "Quoi, n’est-ce pas un mensonge ?"
    Dit-elle avec plus d’effroi.
    "Oh ! de ce terrible songe,
    Bon ange, délivrez-moi !
    Je sens, la nuit où tout change,
    Sur mon cœur un poids de fer."
    "Femme, ô femme ! " répond l’ange,
    "C’est donc là qu’est votre enfer."

    - "Oui, puisqu’on nous fait un crime
    De nouer de tendres nœuds ;
    Puisqu’ils parlent d’un abîme
    Où s’éteignent les doux yeux.
    Faut-il haïr, pour lui plaire,
    L’amour qui nous est offert ?"
    - "Non", dit l’ange sans colère,
    "L’amour vrai n’a pas d’enfer."

    - "Pour moi, sur plus d’un ménage
    J’étendis mes fins réseaux ;
    Mortel fut mon voisinage
    Aux femelles des oiseaux.
    M’entendez-vous ?" : "Pas encore",
    Dit l’ange au front découvert ;
    "Un mystère que j’ignore
    Vous a fait peur de l’enfer."

    - "Mais... j’ai brisé tant de chaînes,
    J’ai défait tant de serments,
    Tant à des femmes trop vaines
    Volé d’époux et d’amants !
    Leurs pleurs célébraient mes charmes,
    Et tant d’or me fut offert ! ..."
    - "Eh bien ! pour venger leurs larmes,
    Vous aurez peur de l’enfer."





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