« Au Poète », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 249-250, 1839
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Au Poète », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 155-156, 1922
« Au poète », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 426, 1973
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
AU POÈTE
Quand chacun, tout fini, s’en alla de son bord,
Oh ! dites ! du cercueil de cette jeune femme
Ou du sentiment mort, abîmé dans notre âme,
Lequel était plus mort ?
- Sainte-Beuve. -
Au-devant de cet hymne et si grave et si tendre,
Que les cœurs dévastés seuls ont le droit d’entendre,
Par mes enfants cachée aux dédains de mon sort,
Demandant à la vie un chant avant la mort,
Je venais me signer sur le seuil de votre âme ;
Elle est fermée ; et moi, mère, timide et femme,
Je n’appellerai pas deux fois : je frapperai,
Et si vous n’ouvrez pas, triste, je m’en irai.
Puis, seule comme vous, je fermerai ma porte :
Agenouillant mon cœur sur quelque amitié morte,
Je causerai tout bas avec votre âme encor,
Car, du plus malheureux votre âme est le trésor,
Et son livre est à moi, comme l’écho qui pleure.
Oui ! vous avez en vous, j’y~rêvais tout à l’heure,
Ces mots inattendus que ne sait pas l’esprit,
Comme en ont les enfants, et que Dieu vous apprit !
Oui ! vous avez souffert de la même blessure,
Dont rien, rien, n’est-ce-pas, ne ferme la morsure ?
Si bien, que je ne sais si c’est par amitié
Pour vous, que je vous aime, ou bien, dans ma pitié
Pour moi, que j’ai tant lu ce livre empli de charmes,
Et le relis tout haut pour écouter mes larmes !
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