Poème « Au revoir »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Vous ne me voulez plus... Qu’ils en cherchent la cause ;… »


Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 113-117, 1839

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 36-39, 1886
  • « Au revoir », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 395, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres choisies de Marceline Desbordes-Valmore avec études et notices par Frédéric Loliée, Paris : Libairie Ch. Delagrave, p. 52-54, 1909
  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 19-21, 1910
  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 65-68, 1923
  • « Au revoir ! », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 133-136, 1928
  • « Au Revoir », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre des tendresses, Paris : T. Rombaldi, p. 79-83, 1931 ? 1940 ?
  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 152-154, 1933
  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore, Choix et introduction par Raymonde Vincent, Paris : Egloff, p. 45-47, 1947
  • « Au revoir ! », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface de Alain Bosquet, Paris : Le livre club du libraire, p. 95-98, 1961
  • « Au revoir », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 101-104, 1965





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

AU REVOIR

  Vous ne me voulez plus... Qu’ils en cherchent la cause ;
  Je ne chercherai pas ; vous ne me voulez plus.
  Ainsi des doux romans effeuillés ; ils sont lus ;
  Vous avez cru me lire, et cette page est close.

  Pourtant, je l’ai marquée avec un signet noir,
  Cette page éternelle où s’arrête ma vie ;
  La vôtre, quelque jour, de mémoire suivie,
  Tressaillera d’un mot qui s’y cache : au revoir !

  Mot sans faste ; mot vrai ; lien de l’âme à l’âme ;
  Rappelant tôt ou tard l’homme où pleure la femme.
  Avec étonnement vous vous en souviendrez,
  Et, sans l’avoir prévu ni su, vous reviendrez !

  Et ce ne seront plus les parfums de la terre ;
  Les aveux échangés dans un tremblant mystère ;
  Les serments ... Tu vois bien ce qu’ils sont, les serments :
  Je ne t’en ai point fait dans nos enchantements.


  Non ! ce ne sera plus ce rêve à deux, le même !
  Qui fait vivre ; qui vit d’un mot, d’un seul : on m’aime !
  Ni les bouquets perdus, broyés sous tes genoux,
  Attiédis du bonheur qui s’étendait sur nous ;
  Ni ces heures sans nom dans le temps balancées,
  Dont les ailes pliaient d’un tel bonheur lassées,
  Alors que je laissais pour unique entretien,
  Mon regard ébloui s’abriter sous le tien ;
  Cherchant, ne trouvant pas les mots de mes pensées,
  Pour te les faire voir, lorsqu’en moi trop pressées,
  Elles voulaient passer de mon cœur à ton cœur,
  Et fondre dans tes yeux quelque doute rêveur.

  Toi, ton doux cri : pardon ! qui brisait ma colère,
  À qui le diras-tu, qu’il sache tant lui plaire ?
  Une autre, une autre, et puis une autre l’entendra ;
  Mais sur des cœurs fermés ce vain cri frappera.

  N’en cherche plus l’écho, c’est moi qui le recèle !
  Moi, je t’aimai sans borne et de tous les amours !
  Le seul que tu poursuis est le seul qui chancèle ;
  Celui-là dit : demain, les miens disent : toujours !

  Mais attenter une heure à ton indépendance ;
  Mais te créer l’effroi de ma fidélité ;
  Acheter de la vie avec ta liberté ;
  Demander des égards pour payer ma constance ! ...
  Ils rêvent. Toi, je t’aime... Oh ! tu n’en eus jamais ;
  Jamais d’un baiser faux tu ne compris l’outrage ;
  Quand tu serrais ma main dans tes mains, tu m’aimais :
  Et puis ce fut la mort... merci de ton courage.
  Vois ! j’en ai ; vois ! je dis : "Nous ne nous aimons plus ;
  Ainsi des doux romans effeuillés ; ils sont lus."

  Moi, je mens ! Au revoir, après ce rêve étrange
  Que tu rêveras, toi, sous l’aile d’un autre ange.
  De ce qui fut à nous emporte le bonheur ;
  Je n’en avais besoin que quand j’avais un cœur ;
  C’est là que je souffrais, c’est là que je suis morte.
  Va ! nos songes vivants te serviront d’escorte.
  Ces doux songes appris à travers tant d’espoir,
  Ce n’est donc jamais vrai pour ce monde ! ... Au revoir !
  Tu viendras ! Ce soir-là, ce sera le silence ;
  D’un passé mal éteint la vague ressemblance ;
  Ce qu’on a ressenti d’amer et de profond,
  Au jardin dévasté qui versa de l’ombrage,
  Sur les jours haletants et doux du premier âge,
  Jours fiévreux, pleins de bruits, que nuls bruits ne défont !

  Viens, ce sera l’amour sans ses funestes charmes ;
  L’amour qui ne meurt pas, si l’amour vit de larmes ;
  Et mes cheveux défaits, changés, sans nœuds, sans fleurs,
  Tressailleront encor d’avenir sous tes pleurs...

  Tu viendras, tu verras ! nous pleurerons ensemble ;
  C’est là le sort de tout ce que le temps rassemble ;
  Comme l’ombre de nous, tu me regarderas,
  Tu verras mieux mon âme ; alors tu pleureras !

  Ma plus profonde vie, hélas ! que Dieu te garde ;
  À travers mon regard que le ciel te regarde,
  Comme tu regardais à travers mes cheveux,
  Que je laissais déjà retomber sur mes yeux !

  À deux pas de mes jours que le sort vous entraîne ;
  L’invisible au revoir dans mon sort vous ramène ;
  Allez ! midi n’est pas l’heure du souvenir !
  Cette heure sur vos pas vous fera revenir :
  Chacun a ses douleurs et vous aurez les vôtres.
  Et vous direz mon nom en cherchant dans les autres,
  S’il en est un qui reste aux jours abandonnés ;
  Oh ! ce sera le mien qui répondra : venez !








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