Poème « Le banni »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Les toits étaient dorés par le couchant ;… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Le banni », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 270-272, 1860
  • « Le banni », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 295-297, 1873

Édition du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le banni », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 580, 1973

Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Le banni », Marceline Desbordes-Valmore. L’Aurore en fuite. Poèmes choisis. Choix et préface par Christine Planté, Paris : Points, p. 226-227, 2010





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE BANNI

  Les toits étaient dorés par le couchant ;
  D’heureux enfants jouaient dans la poussière,
  Et d’une église où tintait la prière,
  La brise, au loin, portait le dernier chant.

  Sur le chemin à tous libre et splendide,
  Un homme seul errait triste et livide ;
  Cet homme étrange avait peine à courir,
  Et peine a vivre... et peut-être à mourir.
  Son œil voilé jetait un feu farouche ;
  D’ardents soupirs par force ouvraient sa bouche ;
  Quelqu’un, l’osant, eût crié : "Qu’avez-vous ?"
  Mais il craignait la charité de tous.
  De tous ?... Oh ! non, peu regardaient cette âme
  Passer traînant son orageuse flamme,
  Comme voulant entre le sol et l’air
  Glisser furtive et pareille à l’éclair.
  La terre est longue à toute âme exilée,
  Fuyant son nom de vallée en vallée.
  Rien sur son corps ne tient que par lambeaux ;
  S’il va s’ asseoir c’est auprès des tombeaux.
  Qu’a-t-il donc fait ? Qu’en a-t-on su ?... Qu’importe ! ...
  Son dur pays qui lui ferme la porte
  Le sait-il mieux ? Le plus sûr aujourd’hui,
  C’est de prier pour son juge et pour lui.
  Dieu les attend et tous les deux sont frères,


    Dieu tient la clé de terribles mystères.
    Sa loi n’est pas l’éternelle rigueur :
    Dieu fit l’amour, l’homme en a fait l’erreur.

    Ayant franchi le carrefour qui crie,
    Une humble voix a dit "Je vous en prie !
    Faites l’aumône à mon destin voilé,
    "Et dans vos maux vous serez consolé.
    "Vous verrez l’heure à sa douce lumière :
    "De toute joie, hélas ! c’est la première !
    "Voyez ! voyez ! et que Dieu sur vos pas
    "Sème les biens que nous ne voyons pas !"

    Et l’homme étrange a tressailli dans l’ombre,
    Et l’eau divine a mouillé son œil sombre,
    Cette eau du cœur qui lave le remords,
    Comme une pluie a relevé son corps.
    Il a donné ! Le pauvre a fait l’aumône ;
    Et l’autre pauvre a béni qui lui donne ;
    Et le voyant, au son de cette voix,
    A cru entrer dans son libre autrefois.
    Tout parcouru par cette voix bénie
    Il jurerait que sa peine est finie.
    Pour une larme, hélas ! pour un grain d’or,
    Dieu permet donc qu’on le salue encor !

    "La voix, dit-il, parle comme ma mère !
    Elle a rompu pour moi la mort amère,
    Et remué comme un petit enfant
    Le vieux banni dans l’exil étouffant.
    Merci, ma mère ! " Et le banni se couche
    Sous le nom pur qui rassainit sa bouche.

    Ô vieille mère ! aumône de l’amour !
    Voilà ton fils doux comme au premier jour.





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