Poème « Le berceau d’Hélène »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 189-192, 1820
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 187-190, 1822
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 3-10, 1830
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome second, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 141-144, 1886
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 317-321, 1931
  • « Le berceau d’Hélène », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 118, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 179-186, 1830
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 117-120, 1842
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 112-115, 1860
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes et proses [Préface et notes de Tony Taveau], Paris : Marcel Seheur, p. 9-12, 1928
  • « Le berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies, illustrations de Jean Pichard. Collection Bagatelle ; 7, Paris : Gründ, p. 85-89, 1945
  • « Le Berceau d’Hélène », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Dossier par Virginie Belzgaou, Folio+ Lycée, Paris : Gallimard, 2021

Traduction du poème :

  • anglais :
    • « Helene’s Birthplace », Anna M. Evans, Selected Poems of Marceline Desbordes-Valmore, Hainesport, NJ : Barefoot Muse Press, 2014





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE BERCEAU D’HÉLÈNE

    Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
    Oh ! je le vois toujours ! j’y voudrais être encor !
    Au milieu des parfums j’y dormais sans défense,
    Et le soleil sur lui versait des rayons d’or ;
    Peut-être qu’à cette heure il colore les roses,
    Et que son doux reflet tremble dans le ruisseau ;
    Viens couler à mes pieds, clair ruisseau qui l’arroses ;
    Sous tes flots transparents montre-moi le berceau.
    Viens, j’attends ta fraîcheur, j’appelle ton murmure ;
          J’écoute, réponds-moi !
    Sur tes bords, où les fleurs se fanent sans culture,
    Les fleurs ont besoin d’eau, mon cœur sèche sans toi.
    Viens, viens me rappeler, dans ta course limpide,
    Mes jeux, mes premiers jeux, si chers, si décevants,
    Des compagnes d’Hélène un souvenir rapide,
    Et leurs rires lointains, faibles jouets des vents.
    Si tu veux caresser mon oreille attentive,
    N’as-tu pas quelquefois, en poursuivant ton cours,
    Lorsqu’elles vont s’asseoir et causer sur ta rive,
    N’as-tu pas entendu mon nom dans leurs discours ?

    Sur les roses peut-être une abeille s’élance :
    Je voudrais être abeille et mourir dans les fleurs,
    Ou le petit oiseau dont le nid s’y balance !
    Il chante, elle est heureuse ; et j’ai connu les pleurs
    Je ne pleurais jamais sous sa voûte embaumée ;
    Une jeune Espérance y dansait sur mes pas :
    Elle venait du ciel, dont l’enfance est aimée ;
    Je dansais avec elle ; oh ! je ne pleurais pas.
    Elle m’avait donné son prisme, don fragile !
    J’ai regardé la vie à travers ses couleurs.
    Que la vie était belle ! et, dans son vol agile,
    Que ma jeune Espérance y répandait de fleurs !
    Qu’il était beau l’ombrage où j’entendais les Muses
    Me révéler tout bas leurs promesses confuses ;
    Où j’osais leur répondre, et, de ma faible voix
    Bégayer le serment de suivre un jour leurs lois !
    D’un souvenir si doux l’erreur évanouie
    Laisse au fond de mon âme un long étonnement.
    C’est une belle aurore, à peine épanouie,
    Qui meurt dans un nuage, et je dis tristement :

    Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
    Oh ! j’en parle toujours ! J’y voudrais être encor !
    Au milieu des parfums, j’y dormais sans défense,
    Et le soleil sur lui versait des rayons d’or.

    Mais au fond du tableau, cherchant des yeux sa proie,
    J’ai vu.... je vois encor s’avancer le Malheur.
    Il errait comme une ombre, il attristait ma joie
        Sous les traits d’un vieux oiseleur ;
    Et le vieux oiseleur, patiemment avide,
    Aux pièges, avant l’aube, attendait les oiseaux ;
    Et le soir il comptait, avec un ris perfide,
    Ses petits prisonniers tremblants sous les réseaux.
      Est-il toujours bien cruel, bien barbare,
    Bien sourd à la prière ? et, dans sa main avare,
          Plutôt que de l’ouvrir,


    Presse-t-il sa victime à la faire mourir ?
    Ah ! du moins, comme alors, puisse une jeune fille
    Courir, en frappant l’air d’une tendre clameur,
    Renvoyer dans les cieux la chantante famille,
    Et tromper le méchant, qui faisait le dormeur !
    Dieu ! quand on le trompait, quelle était sa colère !
    Il fallait fuir : des pleurs ne lui suffisaient pas ;
    Ou, d’une pitié feinte exigeant le salaire,
    Il pardonnait tout haut, il maudissait tout bas.
    Au pied d’un vieux rempart, une antique chaumière
        Lui servait de réduit ;
    Il allait s’y cacher tout seul et sans lumière,
        Comme l’oiseau de nuit.
    Un soir, en traversant l’église abandonnée,
    Sa voix nomma la Mort. Que sa voix me fit peur !
    Je m’envolai tremblante au seuil où j’étais née,
    Et j’entendis l’écho rire avec le trompeur.
    "Dis ! qu’est-ce que la Mort ? demandai-je à ma mère.
    "- C’est un vieux oiseleur qui menace toujours.
    "Tout tombe dans ses rets, ma fille, et les beaux jours
    "S’éteignent sous ses doigts comme un souffle éphémère."

    Je demeurai pensive et triste sur son sein.
    Depuis, j’allai m’asseoir aux tombes délaissées :
    Leur tranquille silence éveillait mes pensées ;
    Y cueillir une fleur me semblait un larcin.
    L’aquilon m’effrayait de ses soupirs funèbres.
    La voix, toujours la voix, m’annonçait le Malheur ;
    Et quand je l’entendais passer dans les ténèbres,
    Je disais : "C’est la Mort, ou le vieux oiseleur."

    Mais tout change : l’autan fait place aux vents propices,
        La nuit fait place au jour,
    La verdure, au printemps, couvre les précipices,
    Et l’hirondelle heureuse y chante son retour.
    Je revis le berceau, le soleil et les roses.
    Ruisseau, tu m’appelais, je m’élançai vers toi.
    Je t’appelle à mon tour, clair ruisseau qui l’arroses ;
        J’écoute, réponds-moi !

    Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
    Oh ! je le vois toujours ! J’y voudrais être encor !
    Au milieu des parfums, j’y dormais sans défense,
    Et le soleil sur lui versait des rayons d’or.





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