Poème « Le cantique des mères »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Reine pieuse aux flancs de mère,… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

  • « Cantique des Mères », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 161-166, 1839

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 44-47, 1886
  • « Le cantique des mères », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 406, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 230-233, 1923
  • « Le Cantique des Mères », Jeanine Moulin. Poètes d’aujourd’hui. Marceline Desbordes-Valmore, Paris : Seghers, p. 185-? 1955
  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 110-113, 1965
  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface et choix d’Yves Bonnefoy, Paris : Gallimard nrf, p. 126-129, 1983
  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Poesie, a cura di Giuseppe Pintorno, disegni di Francesca Amat, testo francese a fronte, La Vita Felice, p. 154-160, 1994
  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Textes choisis et présentés par Marc Bertrand, HB Editions, p. 45-48, 2001
  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. L’Aurore en fuite. Poèmes choisis. Choix et préface par Christine Planté, Paris : Points, p. 113-116, 2010
  • « Cantique des Mères », Marceline Desbordes-Valmore, Hans Krieger. Tag des Feuers: Gedichte, Passau : Verlag Karl Stutz, p. 62-68, 2012
  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Dossier par Virginie Belzgaou, Folio+ Lycée, Paris : Gallimard, 2021
  • « Cantique des mères », Marceline Desbordes-Valmore. Des fleurs et des pleurs. Poésies choisies. Choix des poèmes par Yohann Ringuedé, Librio 3€, Paris : J’ai lu, p. 60-63, 2023

Traductions du poème :

  • allemand :
    • « Gesang der Mütter », Hans Krieger, Tag des Feuers: Gedichte, Passau : Verlag Karl Stutz, 2012
  • anglais :
    • « Canticle of the Mothers », John Fraser, Desires; Sixty-five French Poems Plus a Small But Famous German One,
  • italien :
    • « Cantico delle madri », Giuseppe Pintorno, Poesie, a cura di Giuseppe Pintorno, disegni di Francesca Amat, testo francese a fronte, p. 155-161, Milan : La Vita Felice, 1994
  • slovène :
    • « Litanije mater », Marija Javoršek, Poezije, Ljubljana : Književno društvo Hiša poezije, 2016

Enregistrement du poème chanté :






Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

CANTIQUE DES MÈRES

        Reine pieuse aux flancs de mère,
        Écoutez la supplique amère
        Des veuves aux rares deniers
        Dont les fils sont vos prisonniers :
        Si vous voulez que Dieu vous aime
        Et pardonne au geôlier lui-même,
        Priez d’un salutaire effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !


        On dit que l’on a vu des larmes
        Dans vos regards doux et sans armes ;
        Que Dieu fasse tomber ces pleurs,
        Sur un front gros de nos malheurs.
        Soulagez la terre en démence ;
        Faites-y couler la clémence ;
        Et priez d’un céleste effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Car ce sont vos enfants, madame,
        Adoptés au fond de votre âme,
        Quand ils se sont, libres encor,
        Rangés sous votre rameau d’or ;
        Rappelez aux royales haines
        Ce qu’ils font un jour de leurs chaînes ;
        Et priez d’un prudent effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Ne sentez-vous pas vos entrailles
        Frémir des fraîches funérailles
        Dont nos pavés portent le deuil ?
        Il est déjà grand le cercueil !
        Personne n’a tué vos filles ;
        Rendez-nous d’entières familles :
        Priez d’un maternel effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Comme Esther s’est agenouillée
        Et saintement humiliée
        Entre le peuple et le bourreau,
        Rappelez le glaive au fourreau ;
        Vos soldats vont la tête basse,
        Le sang est lourd, la haine lasse :
        Priez d’un courageux effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Ne souffrez pas que vos bocages
        Se changent en lugubres cages ;
        Tout travail d’homme est incomplet ;
        C’est en vain qu’on tend le filet,
        Devant ceux qui gardent leurs ailes.
        Pour qu’un jour les vôtres soient belles,
        Priez d’un angélique effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Madame ! les geôles sont pleines ;
        L’air y manque pour tant d’haleines ;
        Nos enfants n’en sortent que morts !
        Où commence donc le remords ?
        S’il est plus beau que l’innocence,
        Qu’il soit en aide à la puissance,
        Et priez d’un ardent effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        C’est la faim, croyez-en nos larmes,
        Qui, fiévreuse, aiguisa leurs armes.
        Vous ne comprenez pas la faim :
        Elle tue, on s’insurge enfin !
        Ô vous ! dont le lait coule encore,
        Notre sein tari vous implore :
        Priez d’un charitable effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Voyez comme la Providence
        Confond l’oppressive imprudence ;
        Comme elle ouvre avec ses flambeaux,
        Les bastilles et les tombeaux ;
        La liberté, c’est son haleine :
        Qui d’un rocher fait une plaine :
        Priez d’un prophétique effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Quand nos cris rallument la guerre,
        Cœur sans pitié n’en trouve guère ;
        L’homme qui n’a rien pardonné,
        Se voit par l’homme abandonné ;
        De noms sanglants, dans l’autre vie,
        Sa terreur s’en va poursuivie ;
        Priez d’un innocent effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Reine ! qui dites vos prières,
        Femme ! dont les chastes paupières
        Savent lire au livre de Dieu ;
        Par les maux qu’il lit en ce lieu,
        Par la croix qui saigne et pardonne,
        Par le haut pouvoir qu’il vous donne :
        Reine ! priez d’un humble effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

        Avant la couronne qui change,
        Dieu grava sur votre front d’ange,
        Comme un impérissable don ;
        "Amour ! amour ! pardon ! pardon !"
        Colombe envoyée à l’orage,
        Soufflez ces mots dans leur courage :
        Et priez de tout notre effroi,
        Pour tous les prisonniers du roi.

        Redoublez vos divins exemples,
        Madame ! le plus beau des temples,
        C’est le cœur du peuple ; entrez-y !
        Le roi des rois l’a bien choisi.
        Vous ! qu’on aimait comme sa mère,
        Pesez notre supplique amère,
        Et priez d’un sublime effroi
        Pour tous les prisonniers du roi !

              Lyon, 1834.





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