Poème « Conte d’enfant »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Il ne faut plus courir à travers les bruyères,… »
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Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 185-188, 1820
  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 230-233, 1822
  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 93-100, 1830
  • « Conte d’Enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome second, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 14-17, 1887
  • « Conte d’Enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 363-366, 1931
  • « Conte d’enfant », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 132, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Conte d’Enfant », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 229-235, 1830
  • « Conte d’enfant », Mme Desbordes-Valmore. Contes en vers pour les enfants, Lyon : L. Boitel, p. 11-16, 1840
  • « Conte d’enfant, vers », Mme Desbordes-Valmore. Le Livre des mères et des enfants, tome I, Lyon : L. Boitel, p. 17-22, 1840
  • « Le Petit Buissonnier », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Paris : Garnier Frères, p. 45-49, 1869
  • « Le Petit Buissonnier », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Deuxième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 45-49, 1873
  • « Le Petit Buissonnier », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Troisième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 45-49, 1876
  • « Le Petit Buissonnier », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Quatrième édition. Paris : Garnier Frères, p. 45-49, 1881
  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Enfants. Illustrations de la comtesse D. de C., Tours : Alfred Mame et fils, p. 19-22, 1923
  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 217-219, 1933
  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies Choisies de M. Desbordes-Valmore avec introduction et notes par Maurice Allem, Paris : Garnier Frères, p. 49-52, 1935
  • « Conte d’enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies choisies, Ornements d’Henriette Huchard. Collection poétique. N° 4, Paris : Les Éditions De La Nouvelle France, p. 38-41, 1945

Autres éditions du poème :

  • « Conte d’enfant », Le Livre des jeunes personnes: Extraits de prose et de vers choisis dans les meilleurs écrivains français anciens et modernes, Paris : C. Desmé et Cie, p. 309-310, 1838
  • « Conte d’enfant », Frédéric Caumont. Recueil gradué de poésies françaises, troisième édition, Bâle : J. Schweighauser, p. 38-40, 1860
  • « L’Agneau volontaire », Cours intermédiaire d’orthographe ou Dictées et exercices en rapport avec l’extrait de la grammaire française, par une réunion de professeurs, Tours : A. Mame et fils, p. 185-186, 1923





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

CONTE D’ENFANT

    Il ne faut plus courir à travers les bruyères,
    Enfant, ni sans congé vous hasarder au loin.
    Vous êtes très petit, et vous avez besoin
    Que l’on vous aide encore à dire vos prières.
    Que feriez-vous aux champs, si vous étiez perdu ?
    Si vous ne trouviez plus le sentier du village ?
    On dirait : "Quoi ! si jeune, il est mort ? c’est dommage !"
    Vous crieriez... De si loin seriez-vous entendu ?
    Vos petits compagnons, à l’heure accoutumée,
    Danseraient à la porte et chanteraient tout bas ;
    Il faudrait leur répondre, en la tenant fermée :
    "Une mère est malade, enfants , ne chantez pas !"
    Et vos cris rediraient : "Ô ma mère ! ô ma mère !"
    L’écho vous répondrait, l’écho vous ferait peur.
    L’herbe humide et la nuit vous transiraient le cœur.
    Vous n’auriez à manger que quelque plante amère ;
    Point de lait, point de lit !... Il faudrait donc mourir ?
    J’en frissonne ! et vraiment ce tableau fait frémir.
    Embrassons-nous, je vais vous conter une histoire ;
    Ma tendresse pour vous éveille ma mémoire.

    "Il était un berger, veillant avec amour
    Sur des agneaux chéris, qui l’aimaient à leur tour.
    Il les désaltérait dans une eau claire et saine,
    Les baignait à la source, et blanchissait leur laine ;
    De serpolet, de thym, parfumait leurs repas ;
    Des plus faibles encor guidait les premiers pas ;
    D’un ruisseau quelquefois permettait l’escalade.
    Si l’un d’eux, au retour, traînait un pied malade,
    Il était dans ses bras tout doucement porté ;
    Et, la nuit, sur son lit, dormait à son côté ;
    Réveillés le matin par l’aurore vermeille,
    Il leur jouait des airs à captiver l’oreille ;
    Plus tard, quand ils broutaient leur souper sous ses yeux,
    Aux sons de sa musette il les rendait joyeux.
    Enfin il renfermait sa famille chérie
      Dedans la bergerie.
    Quand l’ombre sur les champs jetait son manteau noir,
      Il leur disait : "Bonsoir,
    "Chers agneaux ! sans danger reposez tous ensemble ;
    "L’un par l’autre pressés, demeurez chaudement ;
    "Jusqu’à ce qu’un beau jour se lève et nous rassemble,
    "Sous la garde des chiens dormez tranquillement."

    Les chiens rôdaient alors, et le pasteur sensible
    Les revoyait heureux dans un rêve paisible.
    Eh ! ne l’étaient-ils pas ? Tous bénissaient leur sort,
    Excepté le plus jeune ; hardi, malin, folâtre,
    Des fleurs, du miel, des blés et des bois idolâtre,
    Seul il jugeait tout bas que son maître avait tort.

    Un jour, riant d’avance, et roulant sa chimère,
    Ce petit fou d’agneau s’en vint droit à sa mère,
    Sage et vieille brebis, soumise à son pasteur.
    "Mère ! écoutez, dit-il : d’où vient qu’on nous enferme ?
    "Les chiens ne le sont pas, et j’en prends de l’humeur.
    "Cette loi m’est trop dure, et j’y veux mettre un terme.
    "Je vais courir partout, j’y suis très résolu.
    "Le bois doit être beau pendant le clair de lune :
    "Oui, mère, dès ce soir je veux tenter fortune :
    "Tant pis pour le pasteur, c’est lui qui l’a voulu."

    "- Demeurez, mon agneau, dit la mère attendrie ;
    "Vous n’êtes qu’un enfant, bon pour la bergerie ;
    "Restez-y près de moi ! Si vous voulez partir,
    "Hélas ! j’ose pour vous prévoir un repentir."

    - "J’ose vous dire non, cria le volontaire...."
    Un chien les obligea tous les deux à se taire.

    Quand le soleil couchant au parc les rappela
    Et que par flots joyeux le troupeau s’écoula,
    L’agneau sous une haie établit sa cachette ;
    Il avait finement détaché sa clochette.
    Dès que le parc fut clos, il courut à l’entour.
    Il jouait, gambadait, sautait à perdre haleine.
    "Je voyage, dit-il, je suis libre à mon tour !
    "Je ris, je n’ai pas peur ; la lune est claire et pleine :
    "Allons au bois, dansons, broutons ! " Mais, par malheur,
    Des loups pour leurs enfants cherchaient alors curée :
    Un peu de laine, hélas ! sanglante et déchirée,
    Fut tout ce que le vent daigna rendre au pasteur.
    Jugez comme il fut triste, à l’aube renaissante !
    Jugez comme on plaignit la mère gémissante !
    "Quoi ! ce soir, cria-t-elle, on nous appellera,
    "Et ce soir... et jamais l’agneau ne répondra !"
    En l’appelant en vain elle affligea l’Aurore ;
    Le soir elle mourut en l’appelant encore.





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