« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies et poésies nouvelles, Paris : Ladvocat, p. 183-188, 1825
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 121-128, 1830
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome second, Paris : Boulland, 1830
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 22-25, 1887
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 378-381, 1931
« Les deux abeilles », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 136, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 261-267, 1830
« Les deux abeilles », Mme Desbordes-Valmore. Contes en vers pour les enfants, Lyon : L. Boitel, p. 73-77, 1840
« Les deux abeilles, vers », Mme Desbordes-Valmore. Le Livre des mères et des enfants, tome I, Lyon : L. Boitel, p. 101-105, 1840
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 238-240, 1842
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 206-208, 1860
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Paris : Garnier Frères, p. 101-104, 1869
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Deuxième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 101-104, 1873
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Troisième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 101-104, 1876
« Les deux Abeilles », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Quatrième édition. Paris : Garnier Frères, p. 101-104, 1881
Traduction du poème :
anglais :
« The Two Bees », Norman R. Shapiro, French Women Poets of Nine Centuries: The Distaff and the Pen, p. 585, The Johns Hopkins University Press, 2008
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LES DEUX ABEILLES
A mon oncle
Au fond d’une vallée où s’éveillaient les fleurs,
On vit légèrement descendre deux abeilles ;
Elles cherchaient des yeux ces fleurs, tendres merveilles,
Où l’aurore en passant avait laissé des pleurs.
L’herbe brillait de perles arrosée ;
L’horizon bleu, les gouttes de rosée,
Sur la colline une ardente clarté,
Tout annonçait un jour brûlant d’été ;
Tout l’attestait ; car un jardin rustique
Répandait à l’entour des deux errantes sœurs
De frais parfums, d’attrayantes douceurs,
Et d’un souffle embaumé la langueur sympathique.
Toutes deux ont franchi l’enclos vert du jardin :
"Voyez ! " dit la plus vive ; elle était frêle et blonde,
"Voyez, que de trésors ! ce n’est rien que jasmin,
"Lilas, rose, et je crois toutes les fleurs du monde."
Cette folle suivait son volage désir,
Aux suaves bouquets se suspendait à peine,
Prodiguant ses baisers jusqu’à manquer d’haleine,
Disant : "Demain le miel, aujourd’hui le plaisir !"
L’autre, plus posément, savourait les délices
Du banquet préparé pour les filles de l’air,
Et, prévoyante aux besoins de l’hiver,
Pour la ruche épuisée en gardait les prémices.
Leurs ailes en tremblaient. Mais un globe fatal,
Suspendu dans les fleurs sous la méridienne,
Semble de l’ambroisie offrir le doux régal
À la jeune épicurienne.
Sous ce cristal frappé de tous les feux du ciel,
S’échauffe et fermente le miel ;
Innocente liqueur pour l’homme préparée,
Mais qui donne la mort à la mouche dorée :
Sa force s’y consume, et sa raison s’y perd.
L’abîme transparent par malheur est ouvert :
L’imprudente n’y voit qu’un don de la fortune ;
Sa sœur, qui l’en détourne, est presque une importune,
Et, malgré ses conseils, elle court s’y plonger :
Quand on veut le bonheur, en voit-on le danger !
"Par quel charme imposteur vous êtes asservie,
"Dit l’autre en soupirant ; vous me faites pitié :
"Quittez ce doux breuvage, au nom de l’amitié,
"Peut-être, hélas ! au nom de votre vie !
"Vous ne m’écoutez pas. Je reviendrai ce soir ;
"Ô ma sœur ! le travail est utile à notre âge.
"Puissé-je ne pas voir bientôt, chère volage,
"Ce que je tremble de prévoir".
Elle retourne aux fleurs avec inquiétude.
Ce beau jour lui paraît plus lent qu’un autre jour ;
Tout suc lui semble amer, et sa sollicitude
Implore, et croit du soir avancer le retour.
Enfin à l’horizon le soleil va s’éteindre ;
Elle vole à sa sœur, et, tout près de l’atteindre,
L’appelle en la grondant d’un ton craintif et doux :
"Allons, il se fait tard ; me voici, venez-vous ?
"- Il n’est plus temps, ma sœur, je suis trop accablée ;
"Je ne puis plus me sauver de ce lieu.
"Je vous regarde encor, mais ma vue est troublée ;
"Mon corps brûle et languit ; venez me dire adieu,
"Je ne puis me mouvoir. Un grand feu me dévore :
"Mes ailes, je le sens, ne peuvent m’emporter ;
"Voyez comme je suis ! mais soyez bonne encore ;
"Si mon crime (il est grand ! ) ne peut se racheter,
"Ne me haïssez pas, je n’étais pas méchante.
"La volupté trompeuse égarait ma raison ;
"Ce breuvage mortel dont l’ardeur nous enchante,
"Que je l’aimais, ma sœur, et c’était un poison !
"Je me repens, et je succombe :
"Sous une fleur creusez ma tombe.
"Adieu ! Pourquoi le ciel créa-t-il le désir,
"S’il a caché la mort dans le plaisir ?"
Elle ne parla plus. Ses ailes s’étendirent,
Ses petits pieds doucement se raidirent ;
Et sa sœur gémissante eut peine à s’envoler.
Ce tableau d’un long deuil accabla sa mémoire ;
Elle fut toujours triste ; et jamais, dit l’histoire,
Même au sein du travail ne put se consoler.
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