« Deux Jeunes filles », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 315-317, 1839
« Les deux marinières », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 244-246, 1860
« Les deux marinières », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 266-269, 1873
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Les deux marinières », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 207-209, 1886
« Les deux marinières », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 572, 1973
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LES DEUX MARINIÈRES
Marina
Entends-tu le canon du fort,
Pour un vaisseau qui rentre au port ?
Mais, cousine, le capitaine
Tient l’équipage en quarantaine.
Viens voir de loin le bâtiment
Qui te ramène ton amant !
Laly Galine
Laisse-moi reprendre mon cœur
Qui s’en va de joie et de peur !
J’avais rêvé cette nouvelle :
Mais, vois ! je suis moins forte qu’elle...
C’est ma neuvaine au roi des cieux,
Qui met de tels pleurs dans mes yeux !
Marina
Tu me fais rire avec tes pleurs ;
Prends plutôt dentelles et fleurs,
Prends ! et puisque Dieu te l’envoie,
Folle ! ne pleure pas de joie ;
Car je sais que les amoureux,
N’aiment pas qu’on pleure pour eux.
Laly Galine
Que veux-tu ! je suis faite ainsi !
Et parfois l’homme pleure aussi.
Il n’est pas plus fier que moi-même,
Cousine, et c’est pourquoi je l’aime.
Une larme sauve ; autrement
On mourrait de saisissement.
Marina
Allons, viens, tu n’en finis pas ;
Viens ! tout le monde court là-bas.
Au salut du canon qui roule
Ton marin te croit dans la foule.
C’est la lenteur qui fait mourir ;
Moi, mes pieds brûlent de courir !
Laly Galine
Marina ! laisse-moi m’asseoir ...
Je serai plus forte ce soir.
Il est là ! j’ai le temps d’attendre.
S’il parlait, on pourrait l’entendre !
Comme l’oiseau qui suit le vent,
Mon âme est allée en avant !
Marina
Mon âme est partout où je cours,
Et je m’endors aux longs discours
Ta vie est comme une prière
Qui craint le bruit et la lumière.
Pour moi, sans bruit et sans soleil,
Le temps serait un long sommeil.
Laly Galine
Le soir sera beau, Marina,
Dans la barque qu’il dessina.
La nuit n’y sera plus amère...
Mais je veux embrasser ma mère !
Va chercher du bruit pour ton cœur :
Dieu fait à chacun son bonheur.
Rochefort.
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