Poème « Les deux marinières »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Vois-tu ! si j’avais ta beauté,… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Les deux marinières », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 237-240, 1860
  • « Les deux marinières », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 259-262, 1873

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Les deux jeunes marinières », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 200-203, 1886
  • « Les deux marinières », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 570, 1973

Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :






Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LES DEUX MARINIÈRES

      Marina

  Vois-tu ! si j’avais ta beauté,
  Cousine, et sa fleur jeune et tendre,
  Je me garderais bien d’attendre,
  Seule dans ma fidélité.
  Pour un marin qui trace l’onde
  Au lieu de m’ennuyer au monde,
      Ma foi !
  J’aurais plus de plaisirs que toi.

      Laly Galine

  Tu crois donc que j’ai de l’ennui,
  Cousine, en ma chambre fermée ?
  J’y travaille toute charmée :
  Est-on seule en pensant à lui ?
  Tourner le dos à son image,
  Mon Dieu ! ce serait bien dommage.
      Crois-moi !
  Je suis bien moins seule que toi.

      Marina

  Ton amant n’est qu’un matelot
  Qui n’a rien à lui que son âme,
  Fidèle au serment d’une femme
  Autant que le vent l’est au flot !
  Laly ! je te le jure encore,
  Si l’on m’aimait comme on t’adore,
      Ma foi !
  J’aurais plus de joyaux que toi.

      Laly Galine

  Je prépare en filant mon lin
  La toile de notre ménage,
  Et je n’ai pour tout voisinage
  Que mon Christ en papier vélin,
  Puis, pour parer ma cheminée,
  Sa barque qu’il a dessinée...
      Crois-moi !
  Je suis bien plus riche que toi.

      Marina

  Ton lin ne dure pas toujours.
  On se fait voir aux jours de fête,
  On met des rubans sur sa tête,
  Et l’on danse à d’autres amours !
  Prends les rubans que l’on t’apporte.
  Ah ! s’il en pleuvait à ma porte,
      Ma foi !
  J’aurais d’autres atours que toi.

      Laly Galine

  Cousine, on ne fait pas son sort ;
  Le mien est d’être une humble femme.
  Les joyaux n’échauffent point l’âme,
  Un cheveu qu’on aime est plus fort !
  Sa chanson... tu sais bien laquelle !
  Je chante et je pleure avec elle.
      Crois moi !
  Je chante plus souvent que toi.

      Marina

  Eh bien ! tu pleures trop souvent ;
  On te trouve déjà pâlie.
  Moi, de peur d’être moins jolie,
  Je jetterais la plume au vent.
  Sous tes pieds tu mets ta fortune :
  Si mes beaux yeux m en donnaient une,
      Ma foi !
  Je serais plus fine que toi.

      Laly Galine

  Ma fortune ? Il l’apportera.
  Lorsque l’heure est toute sonnée,
  Je suis moins lourde d’une année,
  Car l’heure a dit : "Il reviendra !"
  Va ! quelque pauvre qu’il revienne
  Et tende sa main vers la mienne,
      Crois-moi !
  Nous serons plus heureux que toi.

  Rochefort.





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