Poème « Élégie »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Toi que l’on plaint, toi que j’envie,… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 277-284, 1830
  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome troisième, Paris : Boulland, 1830

Prépublications :

  • « La Vieille Indigente », Annales romantiques : recueil de morceaux choisis de littérature contemporaine, Paris : Urbain Canel, p. 355-357, 1826
  • « La Vieille Indigente », Hommage aux dames, Paris : Louis Janet, p. 42-44, 1828

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Élégie. Toi que l’on plaint », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 170-172, 1886
  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 71-74, 1932
  • « Élégie », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 164, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 142-144, 1842
  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 133-135, 1860
  • « Toi que l’on plaint, toi que j’envie », Marceline Desbordes-Valmore. Les chefs d’œuvre lyriques de Marceline Desbordes-Valmore. Choix et notice de Auguste Dorchain, Paris : A. Perche, p. 10-12, 1909
  • « Élégie : Toi que l’on plaint », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 101-103, 1923
  • « Élégie. Toi que l’on plaint... », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 74-77, 1928
  • « Élégie. Toi que l’on plaint », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface de Alain Bosquet, Paris : Le livre club du libraire, p. 45-47, 1961





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

ÉLÉGIE

      Toi que l’on plaint, toi que j’envie,
      Indigente de nos hameaux,
      Toi dont ce chêne aux vieux rameaux
      N’a pas vu commencer la vie ;

      Toi qui n’attends plus des mortels
      Ni ton bonheur, ni ta souffrance ;
      Toi dont la dernière espérance
      S’incline aux rustiques autels ;

      Toi que dans le fond des chaumières
      On appelle, avant de mourir,
      Pour aider une âme à souffrir
      Par ton exemple et tes prières ;

      Oh ! donne-moi tes cheveux blancs,
      Ta marche pesante et courbée,
      Ta mémoire enfin absorbée,
      Tes vieux jours, tes pas chancelants,
      Tes yeux sans lumière, sans larmes,
      Assoupis sous les doigts du temps,
      Miroirs ternis pour tous les charmes
      Et pour tous les feux du printemps ;
      Ce souffle qui t’anime à peine,
      Ce reste incertain de chaleur,
      Et qui s’éteint de veine en veine,
      Comme il est éteint dans ton cœur.

      Prends ma jeunesse et ses orages,
      Mes cheveux libres et flottants ;
      Prends mes vœux que l’on croit contents ;
      Prends ces doux et trompeurs suffrages
      Que ne goûtent plus mes douleurs,
      Ce triste éclat qui m’environne,
      Et cette fragile couronne
      Qu’on attache en vain sur mes pleurs !

      Changeons d’âme et de destinée ;
      Prends, pour ton avenir d’un jour,
      Ma jeune saison condamnée
      Au désespoir d’un long amour !

      Ah ! si cet échange est possible,
      Que toi seule, à mes yeux sensible,
      Au Temps me présente pour toi ;
      Qu’il éteigne alors sous son aile
      Une image ardente et cruelle
      Qui brûle et s’attache sur moi !

      Que ces flots, ces molles verdures,
      Ces frais bruissements des bois
      N’imitent plus, dans leur murmure,
      Les accents d’une seule voix !
      Que pour moi, comme à ton oreille
      Que rien n ’émeut, que rien n’éveille,
      Le souvenir n’ait point d’échos,
      L’ombre du soir point de féerie
      Que les ruisseaux de la prairie
      Ne me soient plus que des ruisseaux !

      Que, semblable à la chrysalide,
      Qui sous sa froide et sombre égide
      Couve son destin radieux,
      Demain, sur des ailes de flamme,
      Comme l’insecte qui peint l’âme,
      J’étende mon vol vers les cieux ! ...

      Mais tu regagnes sans m’entendre
      Le sentier qui mène au vallon ;
      Insensible aux cris d’un cœur tendre,
      Comme aux soupirs de l’Aquilon,
      Tu n’écoutes plus de la terre
      Le bruit, les plaintes, ni les chants ;
      Et, sur ton chemin solitaire,
      Inutile même aux méchants
      Qui me suivent d’un pas agile,
      Toi, dans ces incultes séjours,
      Tu dérobes ton pied d’argile
      Aux pièges où tombent mes jours !

      Suis ta route, vieille bergère ;
      En glanant l’aride fougère,
      Debout encor sous ton fardeau,
      Sans craindre une voix importune,
      Bientôt ta paisible infortune
      Cheminera sur mon tombeau.





Signaler une erreur ou transmettre un commentaire

Votre nom et/ou votre adresse de courriel :
Votre commentaire (les commentaires sont transmis à l'équipe d'administration du site mais ne sont pas affichés sur le site et ne donnent pas lieu à une réponse) :