Poème « Élégie »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Un jour, écoute... un jour, j’étais bien malheureuse !… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 203-208, 1830
  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome troisième, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Élégie. Un jour, écoute », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 157-158, 1886
  • « [Dieu m’écouta peut-être] », Boyer d’Agen. Œuvres manuscrites de Marceline Desbordes-Valmore : albums à Pauline, Paris : A. Lemerre, p. 129-130, 1921
  • « Élégie. Un jour, écoute », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 286-287, 1922
  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 26-28, 1932
  • « Élégie », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 149, 1973

Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Élégie. Un jour, écoute », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Lyon : H. Lardanchet, p. 100-102, 1927





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

ÉLÉGIE

    Un jour, écoute... un jour, j’étais bien malheureuse !
    Je marchais, je tramais une tristesse affreuse ;
    À travers la distance, et les monts et les bois,
    Et l’air, qui m’empêchait de ressaisir ta voix,
    Je te reconnaissais. Obstinée à t’attendre,
    Mon âme me disait : « Parle ! il va nous entendre ;
    Parle ! ou, sans toi, vers lui laisse-moi m’échapper.
    De silence et de pleurs pourquoi m’envelopper ?
    Ah ! je veux mes amours ! Le feu cherche la flamme ;
        L’âme demande l’âme ;
    Et toi, tu veux mourir ! La cendre de l’orgueil
    Se répand sur tes jours et m’éteint dans le deuil.
    De ton timide cœur brûlante prisonnière,
    Je consume ta vie, et j’appelle les cieux :
    Regarde ! Ils sont là-bas, dans ses traits, dans ses yeux ;
    Rends-les moi ! Cette grâce, au moins, c’est la première."

    "- Oh ! taisez-vous, mon âme ; il n’y faut plus songer :
    Qu’il ignore à jamais ce délire funeste.
    Dans de folles amours, qui ? moi, le replonger ?
    Moi, troubler son bonheur ? C’est celui qui me reste !"

    Et je ne donnai plus de voix à mes douleurs ;
    De ton séjour heureux je détournai la vue ;
    La prière m’offrit sa douceur imprévue ;
    Je respirai d’attendre, et je fondis en pleurs.

    Dieu m’écouta peut-être : une larme le touche ;
    Il savait bien le nom que retenait ma bouche ;
    Et c’est lui qui permet que, sans nous rencontrer,
    Ton image partout vienne à moi se montrer ;
    Partout ! ... Tu m’apparais jusque dans ton enfance ;
      Je te vois rire, à la vie, à tes jeux ;
      Si quelque objet blesse tes jeunes yeux,
      Je suis ton guide, et je prends ta défense ;
      Je m’agenouille au pied de ton berceau ;
      Adolescent, je te suis dans ta course.
      Ainsi, le pâtre aime à trouver la source
      D’où échappa son ami, le ruisseau !

      Dans les vallons où vivait ma famille,
      Je sens tes jours couler près de mes jours ;
      Tu n’y descends que pour une humble fille,
      Et nos deux noms se répondent toujours !

      Au vieux calvaire où mouraient mes guirlandes,
      Nos vœux unis vont se réfugier ;
      Je t’associe à mes pures offrandes ;
      Ton bras m’enlace, et je t’entends prier.

      Parfois l’Amour, d’un flambeau plus austère,
      De l’avenir dissipe le brouillard.
      Tu m’es rendu sous les traits d’un vieillard ;
      Pour l’amour vrai, le temps est sans mystère.
      Vieillard je t’aime ! Un charme déchirant
      Me fait chercher la main qui m’a blessée ;
      Elle me touche... elle n’est point glacée ;
      Et sur mon sein je la presse en pleurant.

    Qui voudrait m’arracher ces tendres rêveries,
    Où tes regards émus, sur les miens attachés,
    Relisent nos secrets dans mon âme cachés !
    Où ma main dans tes mains brûlantes et chéries
    Tombe, et reste longtemps, comme si le bonheur
    Les unissait encore et remplissait mon cœur !





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