Poème « L’enfant et le pauvre »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « « Mère ! faut-il donner quand le pauvre est bien laid ?… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

Prépublication :

  • « L’enfant et le pauvre », Musée des familles : lectures du soir, deuxième année, 37e livraison, Paris : Ch. Delagrave, p. 289, 1834-09

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « L’Enfant et le Pauvre. », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 78-80, 1887
  • « L’enfant et le pauvre », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 417, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « L’enfant et le pauvre », Mme Desbordes-Valmore. Contes en vers pour les enfants, Lyon : L. Boitel, p. 19-25, 1840
  • « L’enfant et le pauvre, vers », Mme Desbordes-Valmore. Le Livre des mères et des enfants, tome I, Lyon : L. Boitel, p. 27-33, 1840
  • « L’Enfant et le Pauvre », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Paris : Garnier Frères, p. 29-32, 1869
  • « Charité », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Paris : Garnier Frères, p. 241-242, 1869
  • « L’Enfant et le Pauvre », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Deuxième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 29-32, 1873
  • « Charité », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Deuxième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 246-247, 1873
  • « L’Enfant et le Pauvre », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Troisième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 29-32, 1876
  • « Charité », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Troisième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 246-247, 1876
  • « L’Enfant et le Pauvre », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Quatrième édition. Paris : Garnier Frères, p. 29-32, 1881
  • « Charité », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Quatrième édition. Paris : Garnier Frères, p. 246-247, 1881





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

L’ENFANT ET LE PAUVRE

  "Mère ! faut-il donner quand le pauvre est bien laid ?
  Qu’il ne fait pas sa barbe et qu’elle est toute noire,
    Et qu’il ne dit pas s’il vous plaît ?

  Faut-il donner ?

      - Mon fils, tu n’as pas de mémoire :
  Le pauvre qui demande est l’envoyé de Dieu ;
  Qu’importe s’il a fait sa barbe et sa parure ?
  Il est beau du malheur écrit sur sa figure ;
  C’est là son passeport, trop lisible en tout lieu !

  - Mais, s’il est malhonnête ?

          - Il ne l’est pas, s’il pleure,
    Si son regard te dit : J’ai faim !
  Veux-tu qu’il se prosterne en te tendant la main ?
  C’est l’envoyé de Dieu qui nous guette à toute heure.
  Que ses lambeaux sacrés ne te fassent pas peur ;
  Il vient sonder ton âme avec son infortune ;
  Le mépris pour le pauvre est la seule laideur,
    Qui m’épouvante ou m’importune.

    Dieu sur toi lui donne un pouvoir,
    Bien au-dessus de la parole !
    Le jour où l’enfant le console,
    Par une colombe qui vole,
    Dieu le sait bien avant le soir !
    Lui qui dit aux heureux du monde :
    "- Donnez pour qu’il vous soit remis ;
    Et plus votre voie est profonde,
    Pour que partout on vous réponde,
    Prenez les pauvres pour amis !"

  Juge quand un enfant verse sa fraîche aumône,
  À ce chercheur d’eau vive, et qu’il lui dit : bonjour !
  Comme au Christ altéré sous son âpre couronne,
  Du ciel, dont il a soif, tu lui rends le séjour.

  Oh ! que ne puis-je dire à toute pauvre femme :
      Prenez !
  Comme l’instinct me crie à toute heure dans l’âme :
      Donnez !

  Oh ! que j’allégerais de ces errantes mères,
      Le sort !
  Si Dieu changeait mes pleurs et mes pitiés amères,
      En or !

  Aux petits enfants nus, chauffés de leur haleine,
      Si peu !
  Je ferais, comme Dieu fait aux agneaux la laine,
      Du feu !


  Mais je regarde en haut pour que l’aumône pleuve,
      Souvent ;
  Pour que toute humble barque entre au port sous l’épreuve
      Du vent !

  Pour que l’abandonné, lavant avec ses larmes,
      Son sort,
  Les plonge dans la foi, qui rend belle et sans armes,
      La mort !

  Je regarde la croix qui saigne et qui pardonne,
      Toujours !
  La croix qui crie encor : Pour mon sang donne ! donne
      Tes jours !"

  - Le Christ est beau ! je l’aime et je joue au Calvaire,
  Où j’ai fait un jardin tout bleu de primevère ;
  Mais les pauvres font peur. Mère ! si j’étais roi,
  Mes pauvres, aux enfants ne feraient point d’effroi :
  Ils n’auraient jamais faim de cette faim qui pleure,
  Et ma colombe à Dieu l’irait dire à toute heure :
  L’hiver, ils n’auraient point un âtre sans charbon ;
  De longs jours sans manteaux, de longs soirs sans lumière ;
  Je leur ferais des lits dans de tièdes chaumières,
    Et des habits qui sentent bon !

  - Cher petit perroquet ! comme tu parles vide !
  Leur roi, c’est Dieu : La terre est leur froide maison.
  Dieu regarde d’en haut si le plus fort avide,
  Ne prend pas au plus faible un grain de sa moisson :
  Un jour il pèse, il juge ! autour de sa balance,
  Les semeurs dépouillés se rangent en silence ;
  Le pauvre a recouvré le grain qu’il a perdu,
    Et le plus fort est confondu.
  N’ai-je pas lu cela dans tes leçons apprises ?

  - Oui. Mais ne gronde pas ; j’ai donné tout mon pain,
    Et la moitié de mes cerises !
  - Viens donc que je te baise. Alors, sur le chemin,
  N’as-tu pas vu passer des ailes de colombe ?
  Toi si peu ! tu soutiens un homme qui succombe !
  - J’ai dit, bonjour !

      - Tu fais ce que nous avons lu :
  Dieu dit : puisez l’aumône à votre superflu.

  - Du superflu, ma mère, en ai-je ?
            - C’est possible :
  Au bord de l’indigence on se sent riche, hélas !
  Le superflu, tu vois, c’est pour l’être sensible,
    Tout ce que les pauvres n’ont pas !





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