« L’Exilée », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 395-400, 1830
« L’Exilée », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome troisième, Paris : Boulland, 1830
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« L’exilée », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 129-131, 1932
« L’exilée », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 182, 1973
Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« L’Exilée », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 109-114, 1830
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
L’EXILÉE
FRAGMENT
"Vois-tu, mon bel enfant, venir un pèlerin ?
Sur le roc escarpé comme il monte avec peine !
Il s’arrête, il reprend haleine :
Peut-être avec sa vie il use un long chagrin.
Rarement l’homme heureux porte au loin sa prière ;
L’infortuné s’isole ; il cherche... il fuit son sort ;
Sur l’indigent roseau parcourant sa carrière,
Jour par jour il s’acquitte, il achète la mort.
"Pourquoi quitterait-il cette fraîche vallée,
Où l’âme sans repos doit dormir consolée ;
Où tant de ruisseaux purs l’invitent à s’asseoir ;
Où je voudrais, mon fils, te descendre le soir ?
Le soir, le jour, jamais nous n’y pouvons descendre :
Elle exila de nous jusques à notre cendre.
Le ciel y mit la paix ; la paix n’est pas pour nous :
Sera-t-elle pour toi, qui dors sur mes genoux ?"
Et l’enfant réveillé par la voix de sa mère,
L’enfant qui ne sait pas que la vie est amère,
Tend les bras, et son œil, touché par le soleil,
Se referme indolent sous le doigt du sommeil.
"Tu dors, enfant, tu dors ! et le pe~lerin passe
Devant le vieux calvaire assis sur le rocher :
On dirait qu’il voltige alentour du clocher,
Qui jette l’heure dans l’espace ;
Et quand je vois au loin, traînant ses pas poudreux,
Un voyageur courbé devant le vieux calvaire,
Hélas ! je dis qu’il est mon frère,
Car je crois qu’il est malheureux.
"Qu’il vienne au moins chercher de l’ombre
Sous notre toit d’argile, afin de le bénir ;
Et s’il y rentre un jour, un soir d’un hiver sombre,
Qu’il y soit reconduit par un doux souvenir !
"Mon père, la chaleur vous accable et vous pèse.
Honorez ma maison, suspendez-y vos pas.
Sur le chemin sans fleurs qui vous attend là-bas
Attendez que du jour l’éclat brûlant s’apaise.
Oh ! de vos pieds sanglants laissez-moi prendre soin ;
Laissez-moi remplacer quelque absent qui vous aime :
Prenez pitié de ceux qui vous pleurent au loin,
En prenant pitié de vous-meme !
Asseyez-vous sur ce vieux banc,
La nuit est loin, la route est sûre ;
L’eau de la source et du lin blanc
Rafraîchiront votre blessure !”
Alors le pèlerin s ’assit près du bouleau,
Dont le vert pâle ornait ~’indigente chaumière ;
Et ses yeux du soleil qui se jouait dans l’eau
Évitèrent longtemps la railleuse lumière.
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