Élégie : poème autographe, Vente par Artcurial, 16 avril 2014
Éditions du poème :
Éditions du poème dans des recueils :
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies et poésies nouvelles, Paris : Ladvocat, p. 23-26, 1825
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 319-324, 1830
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 106-108, 1886
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 163-165, 1931
« La fête », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 75, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 38-40, 1928
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre des Tendresses, Paris : Nilsson, p. 7-9, 1930
« La Fête », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 39-40, 1965
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LA FÊTE
Pour la douzième fois, hier, sur ma demeure,
Nuit lente, tu passais sans jeter de pavots ;
Sur mon cœur malheureux je sentais tomber l’heure,
Et l’écho répétait l’heure avec mes sanglots ;
Je regardais, sans voir, une lampe inutile
Dont les rayons brûlaient ma paupière immobile ;
Elle s’éteint, disais-je : hélas ! c’étaient mes pleurs,
Qui d’un triste nuage entouraient ses lueurs.
Mais à travers mes pleurs et cette clarté sombre,
J’ai vu paraître une ombre,
Autrefois mon idole, aujourd’hui mon effroi :
Cette ombre était la sienne, elle avançait vers moi.
"Te voilà donc ! lui dis-je, on m’a désespérée ;
"Mon âme était si tendre ! elle s’est égarée.
"On t’a nommé trompeur, et je t’ai cru trompeur :
"Tu ne les démens pas ! tu ris... parle, j’ai peur.
"Tous ont fui, tous vont voir je ne sais quelle fête :
"Moi je mourais. Mais parle, et mon âme s’arrête."
L’ombre alors me repousse et m’entraîne à la fois.
Oubliant ma faiblesse et ma fièvre brûlante,
Partout pour la saisir j’étends ma main tremblante :
Tout est lui, tout m’appelle, et tout a pris sa voix.
J’ai couru, j’ai suivi des sentiers que j’ignore ;
Demi-nue, insensible au souffle de l’hiver,
J’obéissais, mourante, à ce guide si cher :
Il ne m’appelait plus, j’obéissais encore.
La pluie à longs torrents inondait le chemin ;
Le vent soufflait : "Demain ! n’attends pas à demain !
Et je tombe à sa porte, et presque évanouie,
Par l’éclat des flambeaux, je m’arrête éblouie.
Des danses, des parfums, des voix, des chants d’amour
Remplissaient ce séjour.
Au milieu de l’encens qui formait un nuage,
J’ai vu d’un groupe heureux se balancer l’image ;
La plus belle au plus tendre abandonnait sa main.
C’était... l’ai-je rêvé ? c’était cet inhumain,
Comblé de tous les dons que l’amour nous envoie,
Plus qu’elle encor paré d’espérance et de joie !
Un prestige cruel m’attachait sur le seuil
Sous mon voile de deuil,
J’ai murmuré comme eux le chant de l’hyménée ;
Mais il était plus triste à mon âme étonnée
Que le cri de l’oiseau qu’on entend soupirer,
Quand, blessé, sur la rive il est près d’expirer.
Dans l’ombre où m’enchaînait ma douleur curieuse,
Froide et silencieuse,
J’ai contemplé longtemps ma mort dans leur bonheur ;
Mais les flambeaux éteints m’en ont caché l’horreur !
J’ai dormi, je m’éveille, et ma fièvre est calmée.
Sommeil, affreux miroir... Je reprends mon bandeau.
Voici l’aurore enfin ! lentement ranimée,
Je vais d’un jour encore essayer le fardeau.
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