Poème « Fragment »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Quand les anges entre eux se parlent de la terre,… »
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Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Fragment », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 273-275, 1860
  • « Fragment », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 298-300, 1873

Édition du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Fragment », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 581, 1973

Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Les anges. Extrait de Fragment », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes choisis. Le Livre de Poche Jeunesse. Fleurs d’encre, Paris : Hachette jeunesse, p. 76, 1997





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

FRAGMENT

  Quand les anges entre eux se parlent de la terre,
  Le dernier qui l’a vue ébruite avec mystère
  Quelque secret d’enfant pris dans cet humble lieu,
  Qu’il cache sous son aile et qu’il rapporte à Dieu.

  Nos mères les ont vus durant les nuits brûlantes
  Semant sur leur chemin les étoiles filantes,
  Ces éclairs sans orage aux glissantes blancheurs
  Répandus sur les pas des anges voyageurs.

  L’un d’eux, qui remontait souriant et plein d’aise,
  Tandis qu’un cercle aimé le salue et le baise,
  Dégageant ses beaux pieds de leurs sandales d’or,
  Ouvre ainsi tout son cœur qui palpitait encor ;

  "J’arrive de la terre où la nuit est bien noire ;
  L’homme en a presque peur ; c’est à ne pas le croire !
  Les cœurs sont si cachés dans ces étroits séjours
  Que même en se parlant on s’ignore toujours ;
  Et, sinon les instants où d’indicibles flammes
  Révèlent par les yeux la présence des âmes,
  Dans l’ombre se cherchant, mais étrangers entre eux,
  Vous n’imaginez pas comme ils sont malheureux.
  Les plumes dans le vent flottent moins ballottées
  Que ces ombres d’en bas dans le doute emportées.
  Qu’est-ce donc qu’une vie attachée à des corps
  Dont un faible roseau peut rompre les ressorts !
  Dieu qui les veut mortels a marqué leur visage,
  Même les plus charmants, d’un douloureux présage ;
  Mais distraits par des jeux vides et décevants
  Ils deviennent vieillards sans cesser d’être enfants.


  Jaloux de nos clartés qu’ils ne peuvent atteindre,
  Allumant de grands feux, toujours prêts à s’éteindre,
  Pour éclairer leurs jours et leur destin voilé,
  Ils n’ont qu’un seul soleil et qu’un ciel étoilé !
  Puis noyant leurs soucis dans des flots de paroles,
  Dans un rire insensé, dans des colères folles,
  Ces aveugles épars, pleins d’horreur pour la mort,
  En la fuyant partout la donnent sans remord.

  "C’est triste ! ..." C’est la terre. Et pourtant, mille charmes
  Nous attirent sans cesse à ce pays des larmes.
  On dirait que poussés d’un profond souvenir
  Nous allons les guider au céleste avenir.
  Et j’allais... Et pareils à des oiseaux nocturnes,
  Ces pensers me guidaient tendres et taciturnes,
  Vers le toit d’un palais où j’entendais gémir
  Un enfant, roi futur, qui ne pouvait dormir.

  "Qu’as-tu, petit chrétien roulé dans les dentelles ?
  Fines comme le vent, en quoi te blessent-elles ?
  Dis, petit roi pleureur, dis tout ce que tu veux,
  Et vers le roi des rois je porterai tes vœux."









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