Poème « L’indiscret »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Dans la paix triste et profonde… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « L’Indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies et poésies nouvelles, Paris : Ladvocat, p. 16-22, 1825
  • « Elégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 277-280, 1830
  • « L’Indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 313-318, 1830
  • « Élégie », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830
  • « L’Indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « L’indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 103-105, 1886
  • « L’Indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 289-290, 1922
  • « L’Indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 160-162, 1931
  • « L’indiscret », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 74, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « L’Indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Idylles et élégies, Paris : Lemerre, p. 29-32, 1920
  • « L’indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 79-81, 1923
  • « L’Indiscret », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 36-38, 1965
  • « L’indiscret », Marceline Desbordes-Valmore, Valéria Gaillard. Poemas elegidos, Barcelone : Somos Libros, p. 74-78, 2019

Traduction du poème :

  • espagnol :
    • « El indiscreto », Valéria Gaillard, Poemas elegidos, p. 75-79, Barcelone : Somos Libros, 2019





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

L’INDISCRET

        Dans la paix triste et profonde
        Où se plongeait ce séjour,
        J’ignorais qu’au bruit du monde
        On peut oublier l’amour.
    Quelle est donc cette voix importune et cruelle
    Qui déjà me détrompe avec un ris moqueur ?
    Comme une flèche aiguë elle siffle autour d’elle,
    Et le trait qu’elle porte a déchiré mon cœur.

        Au bord de ma tombe ignorée,
        Ciel ! par cette langue acérée,
    Faut-il qu’un nom trop cher puisse m’atteindre encor,
        Pour m’apprendre (nouvelle affreuse ! )
        Que j’étais seule malheureuse,
        Et qu’on m’oublie avant ma mort !

    De plus sincère amour quel châtiment terrible !
    Je n’étais pas aimée ! ... ô confidence horrible !
    Il a parlé longtemps. Mes yeux, gonflés de pleurs,
    Se détournaient en vain de ses lèvres légères,
    Dont le souffle éteignait mes erreurs les plus chères,
    Et dont le rire affreux outrageait mes malheurs.
    Lui n’a vu mon effroi ni ma pâleur extrême ;
    L’indiscret n’a point d’âme, il ne devine rien ;
    De bruit de sa parole il s’étourdit lui-même,
    Il s’écoute, il s’admire, il se répond : C’est bien !
    Loin de moi... Mais sa voix ! elle me frappe encore ;
    Son timbre me poursuit, et partout il m’attend :
    Sait-il que je me meurs ? Sait-il que je l’abhorre ?
    Il révèle un secret, il parle, il est content.

    Ah ! j’aurais dû crier : "C’est moi... je l’aime... arrête !
    Par ton Dieu, par ta mère et tes premiers amours,
    Dis qu’il n’est point parjure ; oh ! dis-le ! je suis prête
    À t’entendre, à tout croire, à t’écouter toujours."
    Mais non, il n’a pas vu ma main, faible et glacée,
    Rassembler mes cheveux pour voiler mon affront ;
    Il n’a pas vu la mort, par lui-même tracée,
    Sous le bandeau de fleurs qui tremblaient sur mon front.
    Aveugle ! il n’a pas vu se troubler et s’éteindre
          Mon œil longtemps fermé !
    Quand j’ai dit : Se peut-il ! ... ma voix n a pu l’atteindre ;
          Il n’a donc pas aimé ?

    Peut-être qu’en naissant il a perdu sa mère,
    Qu’il n’a jamais connu le baiser d’une sœur,
    Et qu’à ses premiers cris une dure étrangère
    N’a jamais d’un sourire accordé la douceur.

        Fuis, dépositaire infidèle
    Des secrets imprudents confiés à ta foi !
    Va ! qui trompe une amante au moins a pitié d’elle :
    Tu trahis un méchant, mais il l’est moins que toi.
    Sa pudeur, ses remords prenaient soin de ma vie ;
    Lui-même il frémira du mal que tu me fais :
    Il laissait l’espérance à mon âme asservie,
    Il se taisait enfin ; et moi... que je le hais !

    Pour tromper tant d’amour qu’il s’imposa de peine !
        Quelle humiliante pitié !
    Mais toi, toi qui pour lui m’inspires tant de haine,
          Ah ! prends-en la moitié !
    Qu’elle attache à mes pleurs une longue puissance ;
    Qu’elle effraie à ton nom l’imprudente innocence ;
    Que ton cœur s’intimide à mes cris douloureux ;
    Qu’il devienne sensible, et qu’il soit malheureux !...
    Oui, puisses-tu brûler, et languir, et déplaire
    Au jeune et froid objet qui saura t’enflammer ;
    Ou plutôt... tremble au vœu qu’invente ma colère,
    Puisses-tu longtemps vivre, et ne jamais aimer !        






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