Poème « La journée perdue »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Me voici... je respire à peine !… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 105-110, 1820
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 10-12, 1822
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 13-18, 1830
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 9-11, 1886
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 276, 1922
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 10-13, 1931
  • « La journée perdue », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 28, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 13-15, 1860
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 2-4, 1910
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre du cœur. Collection des dames, Paris : Picart, p. 59-61, 1920
  • « La journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Lyon : H. Lardanchet, p. 46-48, 1927
  • « La Journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre des Tendresses, Paris : Nilsson, p. 78-80, 1930
  • « La journée perdue », Marceline Desbordes-Valmore, Valéria Gaillard. Poemas elegidos, Barcelone : Somos Libros, p. 24-28, 2019

Traduction du poème :

  • espagnol :
    • « El día perdido », Valéria Gaillard, Poemas elegidos, p. 25-29, Barcelone : Somos Libros, 2019





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LA JOURNÉE PERDUE

        Me voici.... je respire à peine !
        Une feuille m’intimidait ;
        Le bruit du ruisseau m’alarmait ;
        Je te vois... ! Je n’ai plus d’haleine !
        Attends...! Je croyais aujourd’hui
    Ne pouvoir respirer auprès de ce que j’aime.
    Je me sentais mourir, en ce tourment extrême,
        De ta peine et de mon ennui.

    Quoi ! je cherche ta main, et tu n’oses sourire ?
    Ton regard me pénètre et semble m’accuser ?
    Je te pardonne, ingrat, tout ce qu’il semble dire ;
    Mais laisse-moi du moins le temps de m’excuser.

    J’ai vu nos moissonneurs réunis sous l’ombrage ;
    Ils chantaient ; mais pas un ne dit bien ta chanson.
    Ma mère, lasse enfin de veiller la moisson,
    Dormait. Je voyais tout, les yeux sur mon ouvrage.
    Alors, en retenant le souffle de mon cœur,
        Qui battait sous ma collerette,
    Je fuyais dans les blés ainsi qu’une fauvette,
        Quand on l’appelle, ou qu’elle a peur.
    Je suivais, en courant, ton image chérie,
      Qui m’attirait, souriait comme toi ;
        Mais aux travaux de la prairie
    Les malins moissonneurs m’enchaînaient malgré moi.
    L’un m’appelait si haut qu’il éveillait ma mère ;
    Je revenais confuse, en cueillant des pavots,
    Et, caressant ses yeux de leur fraîcheur légère,
    Je grondais le méchant qui troublait son repos.
    Hélas ! j’aurais voulu m’endormir auprès d’elle,
        Mais je ne dors jamais le jour ;
    La nuit même, la nuit me paraît éternelle,
    Et j’aime mieux te voir que de rêver d’amour.
    Que mon cœur est changé ! comme il était tranquille !
      Je le sentais à peine respirer.
    Ah ! quand il ne fait plus que battre et soupirer,
    L’heure qui nous sépare au temps est inutile.
    En voyant le soleil encor si loin du soir,
    Je me disais : "Mon Dieu ! que ma mère est heureuse !
    Le repos la surprend dès qu’elle peut s’asseoir ;
        Ma mère n’est pas amoureuse !
    Et je fermais les yeux pour rêver le bonheur ;
    Et mes yeux te voyaient couché dans ce bois sombre,
        Et quand tu gémissais à l’ombre,
        Le soleil me brûlait le cœur.
    De ce bois où mon âme était tout attachée,
      Deux fois j’ai vu sortir ton chien ;
    Par ton ordre peut-être il appelait le mien ;
    Le mien n’osait répondre, et j’en étais touchée.
    Pauvres chiens ! vieux amis ! frères du même jour,
    Comme en vous revoyant votre joie est paisible !
    Olivier ! l’amitié n’a donc rien de pénible ?
    Ils sont donc plus heureux ? mais ils n’ont pas d’amour.
    Olivier, voudrais-tu ?... Que ton sourire est tendre !
    L’amitié n’est pas là ! Je ne puis plus parler,


    Dis-moi..... que disions-nous ? Oh ! comment rappeler
        Tout ce qui me reste à t’apprendre ?

    Regarde : ce matin j’avais tressé ces fleurs ;
    Mais quoi ! Tout a langui des feux de la journée ;
      Et la couronne à l’Amour destinée
        N’a servi qu’à voiler mes pleurs.
    Je pleurais : c’est que l’heure, à présent si légère,
          Dormait comme ma mère.
    Enfin le jour se cache et me prend en pitié ;
    Enfin l’agneau bêlant quitte le pâturage ;
    Ma mère sans me voir est rentrée au village ;
    Et déjà ma promesse est remplie à moitié.
    Je te vois, je te parle, et je te donne encore
    Ce bouquet dont l’éclat s’est perdu sur mon sein :
      Demande-lui si je t’adore :
    Moi, j’accours seulement pour te dire : A demain !





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