Allégorie aux Lyonnais (pour l’ouverture du Nouveau théâtre). Manuscrit autographe : Vente Le Floc’h « Autographes » du vendredi 25 Septembre 2020 à 11h chez Drouot à Paris. Vendu lors de la vente Arenberg Auctions « Maurice Béjart + Livres rares, photographies, affiches, art asiatique, etc. » du 9 décembre 2022 à 13h à Bruxelles. Localisation actuelle inconnue. Plusieurs vers similaires aux poème Louise Labé : « l'insecte se consume / [...] la bauté / [...] son ame se rallume / [...] des arts / [...] dédaignés meurent en chrysalides / [...] douce chaleur de [...] regards / Fait pousser par degrés leurs ales invalides. »
Manuscrit autographe du recueil Les Pleurs : D’après le catalogue de la vente Aristophil « Poètes et écrivains des XIXe-XXe siècles » du 27 septembre 2021, où il est vendu 39 540 € avec frais : « Les Pleurs, manuscrit autographe [1832-1833] 142 pp. in-folio, à l’encre brune, sur 92 feuillets montés sur onglets et papier vergé, pagination à la même encre, certains numéros manquants. Bords de la page de titre et de deux autres feuillets réparés et renforcés par un onglet. Montage de la main de la poétesse par un onglet collé en bas de page, recouvrant cinq vers au poème intitulé Louise Labé (f. ch. 119). Corrections autographes, quelques infimes taches par frottement d’encre. [...]
Reliure signée de Marius Michel. Maroquin janséniste bleu nuit, dos à 4 nerfs titré en doré, décor de filets dorés, bande et pièces de maroquin aubergine en forme de tulipe sur les contres plats, gardes de soie grise brodée, double garde de papier marbré. (Mors légèrement frottés). Étui.
À la différence d’un grand nombre de manuscrits épars, conservés soit en mains privées soit dans l’important fonds de la bibliothèque de Douai (ville natale de Marceline Desbordes-Valmore), ce manuscrit des Pleurs constitue un recueil à part entière, de 70 poèmes mis au net pour être remis à l’éditeur mais présentant toutefois des variantes avec la version définitive qui comportera au total 65 pièces dont 5 absentes de ce manuscrit. [...]
PROVENANCE Pierre Douze [Pierre Dauze, Paris, 1904, n° 481, d’après Proyart], Louis Barthou (ex-libris) H. Bradley-Martin [Monaco, 16 octobre 1989, n° 761, adjugé 130 000 francs sans les frais d’après Proyart]. »
En vente en 2007 (pages 130 à 133 de ce catalogue de Jean-Baptiste de Proyart) ; Fernand Vandérem évoque en août-septembre 1935 la vente de ce manuscrit pour 20 000 francs, à la première vente de la bibliothèque de Louis Barthou, du 25 au 27 mars 1935.
Éditions du poème :
Éditions du poème dans des recueils :
« XLII. Louise Labé », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Charpentier, 1833
« Louise Labé », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Madame Goullet, 1834
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Louise Labé », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 241-243, 1886
« Louise Labé », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 288-292, 1932
« Louisé Labé », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 228, 1973
Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Louise Labé », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Lyon : H. Lardanchet, p. 148-152, 1927
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LOUISE LABÉ
Tant que mes yeux pourront larmes espandre
A l’heur passé avec toy regretter ;
Et qu’aus sanglots et soupirs résister,
Pourra ma vois, et un peu faire entendre ;
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignard lut. pour tes grâces chanter ;
Tant que l’esprit voudra se contenter
De ne vouloir rien fors que toi comprendre ;
Je ne souhaite encore point mourir.
Mais quand mes yeux je sentiray tarir,
Ma voix cassée, et ma main impuissante,
Et mon esprit en ce mortel séjour
Ne pouvant plus montrer sygne d’amante,
Priray la mort noircir mon plus cher jour.
Louise Labé.
Quand vous lirez, ô dames lionnoises !
Les miens écrits pleins d’amoureuses noises ;
Quand mes regrets, ennuis, dépits et larmes
M’orrez chanter en pitoyables carmes,
Ne veuillez point condamner ma simplesse,
Et jeune erreur de ma folle jeunesse,
Si c’est erreur !
Quoi ! c’est là ton berceau, poétique Louise !
Mélodieux enfant, fait d’amour et d’amour,
Et d’âme, et d’âme encore, et de mollesse exquise ;
Quoi ! c’est là que ta vie a pris l’air et le jour !
Quoi ! les murs étouffants de cette étroite rue
Ont laissé, sans l’éteindre, éclore ta raison ?
Quoi ! c’est là qu’a brillé ta lampe disparue ?
La jeune perle ainsi colore sa prison !
Où posais-tu tes pieds délicats et sensibles,
Sur le sol irrité que j’effleure en tremblant ?
Quel ange, aplanissant ces sentiers impossibles,
A soutenu ton vol sur leur pavé brûlant ?
Oh ! les cailloux aigus font chanceler la grâce ;
Ici l’enfance, lente et craintive à souffrir,
Pour s’élancer aux fleurs, pour en chercher la trace,
En sortant du berceau, n’apprend pas à courir :
Paresseuse, elle marche ; et sa timide joie
Ressemble au papillon sur l’épine arrêté :
Son aile s’y déchire avant qu’il ne la voie,
À son instinct rôdeur il boude tout l’été.
As-tu vu ce radeau, longue et mouvante rue,
Qui s’enfuit sur le dos du fleuve voyageur ?
Osais-tu regarder, de mille ondes accrue,
Cette onde qui surgit comme un fléau vengeur !
Non, ce n’est pas ainsi que je rêvais ta cage,
Fauvette à tête blonde, au chant libre et joyeux ;
Je suspendais ton aile à quelque frais bocage,
Plein d’encens et de jour aussi doux que tes yeux !
Et le Rhône en colère, et la Saône dormante,
N’avaient point baptisé tes beaux jours tramés d’or ;
Dans un cercle de feu tourmentée et charmante,
J’ai cru qu’avec des fleurs tu décrivais ton sort,
Et que ton aile au vent n’était point arrêtée
Sous ces réseaux de fer aux rigides couleurs ;
Et que tu respirais la tristesse enchantée
Que la paix du désert imprime aux jeunes fleurs ;
Que tu livrais aux flots tes amoureuses larmes,
Miroir pur et profond qu’interrogeaient tes charmes ;
Et que tes vers émus, nés d’un frais souvenir,
S’en allaient sans efforts chanter dans l’avenir !
Mais tu vivais d’une flamme
Raillée en ce froid séjour ;
Et tu pleurais de ton âme,
Ô Salamandre d’amour !
Quand sur les feuilles parlantes
Que ton cœur sut embraser,
Tu laisses dans un baiser
Courir tes larmes brûlantes,
Ô Louise ! on croit voir l’éphémère éternel
Filer dans les parfums sa soyeuse industrie ;
Lorsque, tombé du ciel, son ardente patrie,
Il en retient dans l’ombre un rayon paternel ;
Fiévreux, loin du soleil, l’insecte se consume ;
D’un fil d’or sur lui-même ourdissant la beauté,
Inaperçu dans l’arbre où le vent l’a jeté,
Sous un linceul de feu son âme se rallume !
Oui ! ce sublime atome est le rêve des arts ;
Oui ! les arts dédaignés meurent en chrysalides,
Quand la douce chaleur de caressants regards
Fait pousser par degrés leurs ailes invalides.
Telle, étonnée et triste au bord de son réveil,
Quelque jeune Louise, ignorant sa couronne,
N’ose encor révéler à l’air qui l’environne
Qu’une âme chante et pleure autour de son sommeil.
Car tu l’as dit : longtemps un silence invincible,
Étendu sur ta voix qui s’éveillait sensible,
Fit mourir dans ton sein des accents tout amour,
Que tu tremblais d’entendre et de livrer au jour.
Mais l’amour ! oh ! l’amour se venge d’être esclave.
Fièvre des jeunes cœurs, orage des beaux jours,
Qui consume la vie et la promet toujours,
Indompté sous les nœuds qui lui servent d’entrave,
Oh ! l’invisible amour circule dans les airs,
Dans les flots, dans les fleurs, dans les songes de l’âme,
Dans le jour qui languit trop chargé de sa flamme,
Et dans les nocturnes concerts !
Et tu chantas l’amour ! ce fut ta destinée ;
Belle ! et femme ! et naïve, et du monde étonnée,
De la foule qui passe évitant la faveur,
Inclinant sur ton fleuve un front tendre et rêveur,
Louise ! tu chantas. A peine de l’enfance
Ta jeunesse hâtive eut perdu les liens,
L’amour te prit sans peur, sans débats, sans défense ;
Il fit tes jours, tes nuits, tes tourments et tes biens !
Et toujours par ta chaîne au rivage attachée,
Comme une nymphe triste au milieu des roseaux,
Des roseaux à demi cachée,
Louise ! tu chantas dans les fleurs et les eaux.
De cette cité sourde, oh ! que l’âme est changée !
Autrefois tu charmais l’oreille des pasteurs ;
Autrefois, en passant, d’humbles navigateurs
Suspendaient à ta voix la rame négligée,
Et recueillant dans l’air ton rire harmonieux,
Comme un écho fuyant on les entendait rire ;
Car, sous tes doigts ingénieux,
Le luth ému disait tout ce qu’il voulait dire !
Tout ce que tu voyais de beau dans l’univers,
N’est-ce pas ? comme au fond de quelque glace pure,
Coulait dans ta mémoire et s’y gravait en vers !
Oui ! l’âme poétique est une chambre obscure
Où s’enferme le monde et ses aspects divers !
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