« La Meunière et son seigneur », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 307-310, 1839
Édition du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« La meunière et son seigneur », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 437, 1973
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LA MEUNIÈRE ET SON SEIGNEUR
IMITE DE GOETHE
Déjà, blanche meunière,
Éveillée à l’amour ?
- "Monseigneur, la chaumière
S’éveille avec le jour :"
Cette aurore est brûlante,
Comme ton teint vermeil !
- "Si votre marche est lente,
Vous aurez le soleil."
Eh bien ! passons à l’ombre ;
Le ciel a trop d’ardeur.
- "Monseigneur ! l’ombre est sombre ;
Et j’ai froid quand j’ai peur !"
Viens ! meunière sauvage ;
Je me perdrais sans toi.
- "Monseigneur ! c’est plus sage
De passer loin de moi."
Fille charmante et fière !
N’ose-t-on t’approcher ?
- "L’habit d’une meunière
Ne doit pas se toucher."
Oh ! les tiens ont la grâce
Jointe à la pureté !
- "Mais ils laissent la trace
De leur humilité."
N’ose-t-on qu’à l’église
Chercher ta douce main ?
- "Pour une autre que Lise,
Vous prendrez ce chemin."
Qui donc, plus que moi-même
Mérite ton retour ?
- "Un beau meunier qui m’aime,
Et que j’aime d’amour."
Puisqu’un meunier t’approche,
Peux-tu me refuser ?
- "C’est que pas un reproche
Ne suivra son baiser."
Un amant, à tes charmes
Doit de l’or et des fleurs...
- "Nous aurons moins d’alarmes
Sous les mêmes couleurs !"
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