Poème « Minuit »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Quand je sens entre nous la cité tout entière,… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « IX. Minuit », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Charpentier, 1833
  • « Minuit », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Madame Goullet, 1834

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Minuit », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 68-69, 1922
  • « Minuit », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 208-209, 1932
  • « Minuit », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 206, 1973





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

MINUIT

Je veux vivre dans l’air qu’a respiré ta bouche.
Charles Nodier.

  Quand je sens entre nous la cité tout entière,
  Ses ténèbres, ses feux, ses jardins, et le port,
  Et le fleuve, et l’église, et le froid cimetière,
  Je ne respire plus. Un douloureux transport
  Entraîne loin de moi sur ta trace perdue,
  Ma faiblesse qui pleure et qui cherche, assidue,
  Ta vie et ton courage imprudent : car jamais
  L’heure qui dit : silence ! et qui défend qu’on veille,
  Ne jette loin de moi sa voix dans ton oreille ;
  Et tu ris quand j’écoute, ou que, d’un doigt prudent,
  Je te montre minuit qui passe en nous grondant :
  Tu ris ! tu ne crois pas, et moi, je veux y croire
  À ces contes mêlés d’une tragique histoire ;
  J’en sais mille ! et le soir j’en invente ; et ma peur
  Les sème sur ta route où mon âme regarde,
  Où je vais dans mon rêve, élan doux et trompeur,
  T’enlacer de mes bras et te crier : Prends garde !

  Vois-tu, mon bien-aimé, l’ombre qui te poursuit,
  Qui tremble, qui t’arrête où l’onde est dangereuse,
  Qui rend tes pas moins sûrs et l’eau plus ténébreuse ?
  C’est moi, triste ! Ah ! tu sais, tout est triste la nuit :
  Ses astres sont voilés, son silence a des plaintes,
    L’eau ressemble à des pleurs ;
  Elle rend la mémoire ou l’effroi des malheurs ;
  Et l’amour isolé marche sur mille craintes.

  Juge quand un orage éclate au haut des airs,
  Quand j’entends l’hirondelle affronter les éclairs,
  Quand le chien prophétique hurle son noir présage,
  Et que sur ta maison s’arrête un lourd nuage ;
  Plain~moi : l’air qui te manque affaisse mes genoux ;
  Sous l’effroi qui m’étouffe, et m’enchaîne, et me glace,
  Je présente mon cœur au coup qui te menace ;
  Je prie avec ton nom, je le jette entre nous ;
  Je signale ta vie à quelque ange qui m’aime ;
  Il t’a vu dans mon âme, il te prend pour moi-même ;
  Si je pleure, il te cherche en tremblant pour mes jours.

  Sauve-les ! sauve-toi sous ses ailes humides ;
  Il n’éteint que la foudre, et, tendre aux feux timides,
  S’il garde mon bonheur, il te suivra toujours !






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