Poème « La montre »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Toi qui reçus par artifice… »
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Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « La Montre », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 177-180, 1820
  • « La Montre », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 205-208, 1822
  • « La Montre », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 41-48, 1830
  • « La Montre », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome second, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « La Montre », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 188-190, 1922
  • « La Montre », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 337-340, 1931
  • « La montre », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 124, 1973





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LA MONTRE

Imitation libre de Goudelin

          Toi qui reçus par artifice
          Et le mouvement et la voix :
      Quand l’Heure vient frapper sur ton frêle édifice
      Les moments qu’elle accorde et reprend à la fois ;
      Confidente du temps, ô toi qui toujours veilles,
          Défends à Lyris de dormir !
      Frappe de sons si doux ses mignonnes oreilles,
      Que de son cœur distrait il s’échappe un soupir !

      Si son œil languissant au hasard te regarde,
      Apprends-lui qu’elle touche à la saison d’aimer.
      Si pour tromper l’Amour, sa raison te retarde,
      Dis-lui que le temps vole et qu’elle sait charmer.

      Dis-lui que son nom seul, ce doux nom que j’adore,
      Fait battre je ne sais quel ressort dans mon sein,
      Qui tombe sur mon cœur bien plus souvent encore
      Que ton léger marteau sur ton fragile airain.

      Dis-lui que de ses yeux les vives étincelles
      M’apprennent des secrets mille fois plus nombreux
          Que toi-même tu n’en recèles ;
      Mais que j’ignore encor celui qui rend heureux.

      Si jamais à l’Amour elle enlève une plume,
      Pour m’annoncer, tremblante, un premier rendez-vous,
          Romps alors ta lente coutume,
      Avance ! avance ! et reste à ce moment si doux.

      Mais, pour me consoler, cette belle inhumaine
          N’a jamais de loisir.
      Tu marcheras toujours pour prolonger ma peine ;
          Elle y prend du plaisir.

      Ah ! pour toi, qu’elle admet jusque dans sa parure,
        Avec froideur, loin de te repousser,
      Si sa main te rencontre en nouant sa ceinture,
          Sa main semble te caresser.

      Près d’un sein palpitant, où s’enferme une Grâce
        Qui te balance, et te presse et t’embrasse,
        Comment peux-tu demeurer sans frémir,
        Où l’Amour même aurait peur de mourir ?
      Oui, caché par Lyris entre deux fleurs mi-closes,
      L’Amour, ivre d’amour et du parfum des roses,
      Aurait peine, accablé de sa félicité,
        À retenir son immortalité.

      Et quand son pied léger, que guide la cadence,
      T’associe, en jouant, au plaisir de la danse,
      Comment ne sens-tu point, par de tendres efforts,
          Se rompre tes ressorts ?
      Insensible ! Ah ! du moins apprends-moi, je te prie,
           Quand l’heure d’Amour sonnera ;
           Au doux bruit de ta sonnerie
          Quand sa fierté s’endormira ;
          Et quand viendra l’heure chérie,
          À qui Lyris la donnera !

        Le matin, dès qu’elle s’éveille,
      Celle qui m’asservit se gouverne par toi.
      Est-il tard, dit Lyris, dont l’âme encor sommeille ?
        Et ta réponse est pour elle une loi.
      Ah ! loin de t’imiter, si j’étais auprès d’elle,
      Pour étouffer ton timbre importun aux Amours,
      À force de baisers j’étourdirais ma belle ;
          Et la nuit durerait toujours !


        Je rêve. Oh ! quelle est ma faiblesse
    Mais vois, en comparant ton sort avec le mien,
        Si l’enfant qui brûle et qui blesse
        M’en fit un différent du tien !
        Une heure pour toi n’est qu’une heure,
        Un moment n’est rien qu’un moment ;
    Mais une heure, un moment, dans sa triste demeure,
        Est un siècle pour un amant.
        Si Lyris était moins farouche,
        Les ans ne me seraient qu’un jour ;
        Ils s’écouleraient sur sa bouche,
        Et je rirais avec l’Amour.
    Compagne de Lyris, toi que tout bas j’implore,
    Si celle qui me trouble et n’aime pas encore,
    Pour l’un de mes rivaux oubliait sa rigueur,
        Dis-lui que sa mère l’appelle ;
        Fais du bruit en tombant près d’elle,
        Pour mieux effrayer sa pudeur.





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