Poème « La nymphe toulousaine »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Sous les arbres touffus, naïves pastourelles,… »
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Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « La Nymphe toulousaine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 181-184, 1820
  • « La Nymphe toulousaine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 217-220, 1822
  • « La Nymphe Toulousaine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 65-72, 1830
  • « La Nymphe Toulousaine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome second, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « La Nymphe toulousaine », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 191-193, 1922
  • « La Nymphe Toulousaine », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 350-353, 1931
  • « La nymphe toulousaine », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 128, 1973





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LA NYMPHE TOULOUSAINE

Imitation de Goudelin

    Sous les arbres touffus, naïves pastourelles,
    Cherchez de frais abris contre l’ardeur du jour ;
    Et vous, petits oiseaux, sous leurs voûtes nouvelles,
    Enflez votre gosier pour saluer l’Amour.
    Toi dont les flots d’argent, dont l’eau vive et brillante
    Offre un miroir mobile à la beauté riante,
    Cristal limpide et pur, qui rafraîchis les fleurs,
    Tu ne rafraîchis pas mes yeux brûlés de pleurs.
    Vallons, où le plaisir vient former des guirlandes
    Quand la jeune saison vous charge de rameaux,
    Où l’abeille bourdonne à l’entour des offrandes
    Que le printemps attache aux branches des ormeaux,
    Écoutez ! écoutez la Nymphe Toulousaine ;
    Elle pleure, elle fuit des cieux la pourpre et l’or :
    Ne l’entendez-vous pas gémir, gémir encor,
    Appelant un écho triste comme sa peine ?
    Écoutez ! écoutez ! Le voile du malheur
    Intercepte l’éclat de l’astre de la France,
        Et la douce Espérance,
    En retournant aux cieux, jette un cri de terreur.
    De ronces, de cyprès à jamais couronnée,
        Aux regrets condamnée,
    Ma lyre en sons confus révèle mes douleurs ;
    Et le Temps me promet des pleurs, toujours des pleurs.

    Henri, le grand Henri... Quel douloureux murmure
        S’élève autour de moi ?
    Henri, ton nom m’échappe, et toute la nature
        A tressailli d’effroi.
    Orgueil du sol français, la noble fleur tombée
        N’y renaîtra jamais !
    Sous la faux de la mort sa tête s’est courbée ;
    Le monde pleure ; il pleure... Henri seul est en paix.
    Aux régions du ciel sa grande âme envolée
    De son dernier soupir a rempli l’univers ;
    Et l’univers n’est plus qu’une triste vallée
    Que le ciel abandonne au souffle des pervers.

    Henri ! toi qui régnas pour la gloire du monde,
    Le trône, en te portant, s’ennoblissait encor :
    Telle est du diamant la richesse féconde,
    En lui prêtant ses feux il enorgueillit l’or.
    La terre, en frémissant au bruit de tes armées,
    Te reconnut pour maître et nomma son vainqueur.
    Les vertus t’attendaient ; elles étaient formées
        Pour habiter ton cœur.

  Soutiens ma lyre, ô Vérité charmante !
    Henri, le grand Henri ne craint pas ton miroir ;
    De ce roi, tout amour, tu fus la noble amante ;
    Oh ! dans le cœur des rois qu’il est beau de te voir !
    Tu ne le suivras plus au milieu des batailles ;
    Mais viens, comme une veuve au tombeau de son roi ;
    Suspends par tes récits l’horreur des funérailles,
      Je ne veux chanter qu’après toi.

    Quand le ciel, irrité de leur plainte importune,
    De la guerre aux humains imposa le fardeau,
    Henri, que fatiguaient les yeux de la Fortune,
    En poursuivant l’ingrate arracha son bandeau.
    Ses ennemis tombaient comme atteints de la foudre :
    Ainsi le verre éclate et se réduit en poudre.
    Il désarma le Ciel, il étonna le Sort,
        Il enchaîna la Mort.
      L’implacable arbalétrière,
    Assise et menaçante au milieu des débris,
    Agitait dans ses mains sa flèche meurtrière,

    Et la Peur en porta la nouvelle à Paris.
    Elle dit : "Je l’ai vu ! Tel un lion s’élance,
    Épouvante les loups, les soumet, les retient,
    De mille bras ligués il fait tomber la lance ;
    C’est l’Hercule qui brise, et l’Atlas qui soutient ;
    C’est Henri, fuyez tous !" On vole à son passage,
    On l’implore ; il sourit, et le ciel se dégage,
    Et la France respire, et le roi troubadour
    Chante, sous des lauriers, Gabrielle et l’Amour.

    Mais quel monstre se glisse et s’avance dans l’ombre ?
    Échappé de l’enfer, il brûle d’un feu sombre ;
    Il siffle, il roule, il rampe aux pieds de la vertu.
    Henri se penche, et meurt sans avoir combattu !

    Vérité ! pour accents tu n’as plus que des larmes ;
    L’avenir te répond par un long cri d’alarmes.
    D’un roi clément, d’un père, on prépare le deuil,
    Et ma lyre se brise au pied de son cercueil.





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