Poème « Le papillon malade »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Las des fleurs, épuisé de ses longues amours,… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Le Papillon malade », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 357-362, 1830
  • « Le Papillon malade », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome troisième, Paris : Boulland, 1830

Prépublications :

  • « À un vieillard. Apologue », Le Mercure du XIXe siècle, tome 11, Paris : Au bureau du Mercure, p. 245-247, 1825
  • « La Vieillesse », Almanach des muses, Paris : Bouquin de La Souche, p. 184, 1826
  • « La Vieillesse », Le Kaléidoscope, volume 2, n° 19, Bordeaux : Henry Faye fils, p. 121-122, 1826-01

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le papillon malade », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 182-184, 1886
  • « Le papillon malade », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 116-118, 1932
  • « Le papillon malade », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 178, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Le Papillon malade », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 85-90, 1830
  • « Le Papillon malade, apologue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 248-250, 1842
  • « Le Papillon malade, apologue », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 215-217, 1860

Traduction du poème :

  • anglais :
    • « The Sick Butterfly », Norman R. Shapiro, French Women Poets of Nine Centuries: The Distaff and the Pen, p. 595-597, The Johns Hopkins University Press, 2008





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE PAPILLON MALADE

APOLOGUE

    Las des fleurs, épuisé de ses longues amours,
      Un papillon, dans sa vieillesse,
    (Il avait du printemps goûté les plus beaux jours)
    Voyait d’un œil chagrin la tendre hardiesse
    Des amants nouveau-nés, dont le rapide essor
    Effleurait les boutons qu’humectait la rosée.

    Soulevant un matin le débile ressort
      De son aile à demi-brisée :
    "Tout a changé, dit-il, tout se fane. Autrefois
    L’univers n’avait point cet aspect qui m’afflige ;
      Oui, la nature me néglige ;
    Aussi pour la chanter l’oiseau n’a plus de voix.
    Les papillons passés avaient bien plus de charmes !

    Toutes les fleurs tombaient sous nos brûlantes armes !
    Touchés par le soleil, nos légers vêtements
      Semblaient brodés de diamants !
      Je ne vois plus rien sur la terre
      Qui ressemble à mon beau matin !
    J’ai froid. Tout, jusqu’aux fleurs, prend une teinte austère,
    Et je n’ai plus de goût aux restes du festin !
    Ce gazon si charmant, ce duvet des prairies,
    Où mon vol fatigué descendait vers le soir,
    Où Chloé, qui n’est plus, vint chanter et s’asseoir,
    N’offre plus qu’un vert pâle et des couleurs flétries !
    L’air me soutient à peine à travers les brouillards
    Qui voilent le soleil de mes longues journées ;
    Mes heures, sans amour, se changent en années :
      Hélas ! que je plains les vieillards !

    "Je voudrais, cependant, que mon expérience
      Servit à tous ces fils de l’air.
    Sous des bouquets flétris j’ai puisé ma science,
    J’ai défini la vie, enfants, c’est un éclair !
    Frêles triomphateurs ! vos ailes intrépides
    S’arrêteront un jour avec étonnement :
    Plus de larcins alors, plus de baisers avides ;
    Les roses subiront un affreux changement.

    Je croyais comme vous qu’une flamme immortelle
    Coulait dans les parfums créés pour me nourrir ;
      Qu’une fleur était toujours belle,
      Et que rien ne devait mourir.
    Mais le temps m’a parlé ; sa sévère éloquence
    A détendu mon vol et glacé mes penchants ;
    Le coteau me fatigue et je me traîne aux champs ;
    Enfin, je vois la mort où votre inconséquence
    Poursuit la volupté. Je n’ai plus de désir,
    Car on dit que l’amour est un bonheur coupable :
    Hélas, d’y succomber je ne suis plus capable.
    Et je suis tout honteux d’avoir eu du plaisir."

      Près du sybarite invalide,
    Un papillon naissait dans toute sa beauté :
    Cette plainte l’étonne ; il rêve, il est tenté
      De rentrer dans sa chrysalide.
    "Quoi ! dit-il, ce ciel pur, ce soleil généreux,
     Qui me transforme et qui me fait éclore,
    Mon berceau transparent qu’il chauffe et qu’il colore,
    Tous ces biens me rendront coupable et malheureux ?
    Mais un instinct si doux m’attire dans la vie !
    Un souffle si puissant m’appelle autour des fleurs !
    Là-bas, ces coteaux verts, ces brillantes couleurs
    Font naître tant d’espoir, tant d’amour, tant d’envie !
    Oh ! tais-toi, pauvre sage, ou pauvre ingrat, tais-toi !
    Tu nous défends les fleurs encor penché sur elles.
    Dors, si tu n’aimes plus ; mais les cieux sont à moi :
    J’éclos pour m’envoler, et je risque mes ailes !”





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