Poème « Le petit Arthur de Bretagne »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Par mon baptême, ô ma mère,… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le petit Arthur de Bretagne », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 346-349, 1931
  • « Le petit Arthur de Bretagne », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 126, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Le petit Arthur de Bretagne », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 201-207, 1830
  • « Le petit Arthur de Bretagne à la tour de Rouen », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 53-55, 1965

Autres éditions du poème :






Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE PETIT ARTHUR DE BRETAGNE

A la Tour de Rouen

        Par mon baptême, ô ma mère,
        Je voudrais être l’enfant
        Qui bondit sur la bruyère
        Avec l’agneau qu’il défend.
        J’ai soif de l’eau qui murmure
        Et fuit là-bas dans les fleurs :
        L’eau de la tour est moins pure,
        Je la trouble avec mes pleurs.

    Si le rayon d’une étoile
    Glisse au fond de ma prison,
    Les barreaux forment un voile
    Qui tourmente ma raison.
    Quand le fer qui se colore
    M’annonce que le jour luit,
    Le petit Arthur encore
    Est triste comme la nuit.

    Pour bercer ma jeune enfance
    Vous saviez des airs touchants ;
    Et j’ai reçu la défense
    De me rappeler vos chants !
    Mais que la flûte lointaine
    M’apporte un réveil plus doux,
    Je tressaille dans ma chaîne ;
    Ma mère, je pense à vous.

    Ce vieux gardien dont l’œil sombre
    Un soir me remplit d’effroi,
    Qui, sur mes pas, comme une ombre,
    Fit peur au pauvre enfant-roi,
    J’ai vu son front, moins austère,
    Vers ses enfants se baisser :
    Hélas ! que n’est-il mon père !
    Il daignerait m’embrasser.

    Lorsque la fièvre brûlante
    Sur lui fit planer la mort,
    Sa bouche, pâle et tremblante,
    Dit qu’il avait un remord.
    De cette affreuse démence
    Cherchant à le secourir,
    J’ai chanté votre romance
    Pour l’empêcher de souffrir.

    Aux sons de la vieille harpe
    Il s’endormit sur mon sein,
    Enveloppé de l’écharpe
    Dont me para votre main.
    Une reine l’a brodée :
    Mon geôlier la garde encor...
    Je ne l’ai plus demandée ;
    Et c’était mon seul trésor.

    Peut-être ce sacrifice
    En secret l’attendrira
    Et qu’à vos larmes, propice,
    Un moment il me rendra.
    Mes biens, mes jours, ma couronne,
    Tout ce qu’ils brûlent d’avoir,
    Oh ! ma mère, je les donne ;
    Mais avant je veux vous voir.

    Malgré leur veille farouche,
    J’appris seul à retracer
    Le premier nom que ma bouche
    Essaya de prononcer.
    Ne pouvant briser la pierre
    Où j’ai nommé leur vainqueur,
    Ils ont brûlé ma paupière ;
    Mais la mémoire est au cœur.

    En vain leurs bandeaux funèbres
    Ont puni mes faibles yeux ;
    À genoux, dans les ténèbres,
    Ma prière monte aux cieux ;
    L’épée y dort suspendue ;
    Comme vous en ce séjour,
    Mon père, on la croit perdue :
    Mais si je l’atteins un jour ! ...






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