« Le petit brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 165-167, 1860
« Le petit brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 183-186, 1873
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Le petit Brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 105-107, 1887
« Le petit brutal », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 551, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Le Brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Paris : Garnier Frères, p. 33-36, 1869
« Le Brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Deuxième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 33-36, 1873
« Le Brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Troisième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 33-36, 1876
« Le Brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Quatrième édition. Paris : Garnier Frères, p. 33-36, 1881
« Le petit Brutal », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 167-169, 1965
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LE PETIT BRUTAL
J’ai vu bien des enfants mal éclos dans ma vie ;
J’en ai tant vu, tant vu, que les yeux m’en font mal !
Mais ils valaient de l’or près du petit brutal
Qui, de ne pas l’aimer, me donnerait l’envie.
Il faut aimer pourtant : que faire de son cœur ?
Quand il serait encor plus hardi, plus moqueur,
Il faut en le grondant lui faire une caresse
Et le changer peut-être à force de tendresse.
Gronder n’est pas si beau.
- "Viens donc, mon pauvre enfant,
Ma raison te pardonne et mon cœur te défend.
La malice est un dard que l’indulgence émousse.
Bonjour ! Prends cette orange... Elle est mûre, elle est douce ;
Fais-en ce que tu veux ; je la gardais pour toi :
Un jour pour quelque enfant tu feras comme moi.
Tu ne dis pas merci ?
- Non.
- Pourquoi donc ?
- Je mange.
- Et tu ne m’aimes pas un peu ?
- J’aime l’orange.
-Tu n’es pas dans ton tort. Mais poursuis ton chemin,
Sois libre comme l’air.
- Je t’aimerai demain.
- Je le sais mieux que toi, ton regard me l’assure :
Comme un petit serpent tu guéris ta morsure.
- Je n’aime pas le grand qui me fait de grands yeux,
..............................................
Et qui lève toujours sa canne sur ma tête.
C’est un laid, c’est un noir, c’est une grosse bête !
Quand il sera petit et que je serai grand,
Nous verrons !
- Ne peux-tu l’éviter en courant ;
Et le laisser partir sans que tu te déranges ?
On se distrait d’ailleurs en mangeant des oranges.
C’est si bon d’être bon, d’être gai, franc, loyal,
Et d’être pardonné quand on a fait le mal !
Dieu m’a traitée ainsi lorsque j’étais méchante :
Cette bonté toujours me rend bonne et m’enchante !
- Vous avez donc crié ?
- Tais-toi, c’était affreux !
Et les petits enfants se regardaient entre eux.
J’arrachais les fruits verts, je marchais sur les roses ;
Je faisais, comme toi, de très vilaines choses.
Et l’on me détestait.
- C’est drôle !
- C’est bien plus,
C’est bête, et l’on s’en moque aux livres que j’ai lus.
Lis-tu beaucoup ?
- Jamais ! Je déchire la page.
Quand vous étiez méchante, aimiez-vous le tapage ?
- A t’en donner l’horreur ; tu verras !
- Je verrai.
- Viens, nous en causerons comme amis.
- Je viendrai.
Mais quand ?
- A la belle heure avec toi reparue.
- Ah ! c’est que j’ai beaucoup d’affaires dans la rue !
- Ne te gêne donc pas et viens quand tu voudras.
Je me confesserai : toi, tu me jugeras."
Il vint, et de lui-même ouvrant d’un coup la porte
Il y passait sa tête aimable ou non, n’importe,
Et tenté par un charme, une histoire, un doux fruit,
Il oubliait de battre et de faire du bruit.
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