Poème « Le petit oiseleur »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Vous voilà bien riant, mon amour ! quelle joie !… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Le petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 317-326, 1830
  • « Le petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome troisième, Paris : Boulland, 1830

Prépublication :

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 39-45, 1887
  • « Le petit oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 95-102, 1932
  • « Le petit oiseleur », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 172, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Le petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 55-65, 1830
  • « Le petit oiseleur », Mme Desbordes-Valmore. Contes en vers pour les enfants, Lyon : L. Boitel, p. 81-89, 1840
  • « Le petit oiseleur, vers », Mme Desbordes-Valmore. Le Livre des mères et des enfants, tome I, Lyon : L. Boitel, p. 113-111, 1840
  • « Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1869
  • « Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Deuxième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1873
  • « Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Troisième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1876
  • « Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Quatrième édition. Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1881





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE PETIT OISELEUR
CONTE D’ENFANT

        La mère

    Vous voilà bien riant, mon amour ! quelle joie !
    Comme un petit chasseur, tramez-vous quelque proie ?
    Sous ce fragile osier cachez-vous un trésor ?

        L ’enfant

    C’est un oiseau du ciel ; il a des plumes d’or.
    Il reposait son vol au bord de la fontaine ;
    J’ai retenu longtemps mes pas et mon haleine ;
    Quand il a secoué son plumage plein d’eau,
      J’ai saisi ses ailes mouillées,
    Et le voilà blotti dans les fleurs effeuillées.
    Regardez qu’il est bien, ma mère, et qu’il est beau !

        La mère

    Oui, je l’entends gémir.

        L’enfant

          Non, mère, c’est qu’il chante.

        La mère

    Vous croyez, mon amour ? Sa chanson est touchante.

        L’enfant

    Je crois qu’il est content, puisqu’il est dans les fleurs ;
    Il les aime. Son nid est sous l’amandier rose,
    Cet arbre au fruit de lait que la fontaine arrose ;
    C’est là qu’il dérobait ses brillantes couleurs.

        La mère

    Y demeurait-il seul ?

        L’enfant

          Ses enfants sont au gîte :
    C’était pour les revoir qu’il se baignait si vite.
    Mais je n’ai point de peur, ils ne sauraient bouger ;
    Ils n’ont pas une plume et n’ont rien à manger.

        La mère

    Que vont-ils devenir ?

        L ’enfant

          J ’agrandirai la cage ;
    J’en ferai dans l’hiver un semblant de bocage ;
    Et j’aurai mille oiseaux qui chanteront toujours.
    Que de musiciens pour amuser mes jours !
    Quel bonheur de nourrir tant de joyeux esclaves !
    À peine ils sentiront leurs légères entraves.
    Ô ma mère ! j’y cours.

        La mère

          Arrêtez... Il fait nuit ;
    Quelque chose de triste entoure ce réduit ;
    Restez ! de noirs soldats les farouches cohortes
    Au coucher du soleil ont assailli nos portes.
    Ne vous éloignez pas, ne quittez plus mon sein ;
    De vous saisir peut-être ils avaient le dessein.

        L’enfant

    Des soldats ? et beaucoup, ma mère ? et pour me prendre ?

        La mère

    Vous, charme de ma vie, et pour ne plus vous rendre.

        L ’enfant

    Que feront-ils de moi ?

        La mère

          Qui le sait ? Un captif,
    Un orphelin, peut-être ; un prisonnier plaintif.

        L ’enfant

    Sauvez-moi !

        La mère

        Priez Dieu, c’est en lui que j’espère,
    Loin de nous les cruels emmènent votre père,
    Ce père si content quand il vous embrassait !
    Ce gardien de vos jours et qui les nourrissait !

        L ’enfant

    Mon père prisonnier ?

        La mère

          C’est le roi qui l’ordonne.

        L ’enfant

    Qu’est-ce qu’un roi ?

        La mère

          Puissant par l’amour ou l’effroi,
    Un maître s’il punit, presque un dieu s’il pardonne.

        L ’enfant

    Ah ! laissez-moi sortir : je veux parler au roi ;
    Mon père va mourir !

        La mère

          Eh quoi ! si jeune encore,
    Savez-vous que l’on meurt loin de ceux qu’on adore ?
    Qu’arraché de son toit votre appui va souffrir ?
    Que sans la liberté l’on n’a plus qu’à mourir ?
    Savez-vous qu’en prison la vie est bien amère ?

        L ’enfant

    Oui, nous mourrons sans vous, et vous mourrez, ma mère.
    Mais ce roi si méchant, qui l’a mis en courroux ?

        La mère

    Le roi n’est ni méchant ni cruel plus que vous,
    Mon fils. Las de ses jeux, il vient troubler les nôtres ;
    Libre, il a des captifs : n’avez-vous pas les vôtres ?
    Dans une chambre étroite il vous renfermera,
    Mais vous serez content, car il vous nourrira.
    Pourquoi de vos sanglots déchirez-vous mon âme ?
    Est-ce à vous, cher coupable, à murmurer le blâme ?
    Nous sommes des oiseaux dans ses cages plongés.
    Pourquoi de son plaisir serions-nous affligés,
    Si, dans ses jeux de roi qu’on a fait légitimes,
    De lumière et d’air pur il prive ses victimes ?
    où courez-vous ?

        L ’enfant

        De l’air ! de l’air au prisonnier !
    Qu’il respire, ma mère, et qu’il vole, et qu’il vive !
    Oiseau ! des malheureux que n’es-tu le dernier !
    Je ne veux point d’esclave !

        La mère

          Ô clémence naïve !
    Embrassez-moi, mon fils, vous m’arrachez des pleurs :
    Soyez libre vous-même, et calmez vos douleurs.
    Quoi, jusque dans mes bras votre frayeur palpite ! ...
    Ah ! le cœur de l’oiseau palpitait-il moins vite,
    Quand votre instinct cruel empêcha son essor ?

    Enfant, sans vos chagrins quel eût été son sort ?
    Vous ravissiez l’époux à l’épouse éperdue ;
    Elle eût traîné sa plainte, et Dieu l’eût entendue !
    Et les petits tout nus, glacés dans votre main,
    Auraient péri de froid, de langueur et de faim.

        L’enfant

    Ah ! je n’y songeais pas !

        La mère

          Maintenant tout respire ;
    Tout se calme et s’endort.

        L ’enfant

          Et mon père ?

        La mère

              Il soupire,
    Comme l’oiseau du ciel un moment arrêté ;
    Mais Dieu, qui voit partout, veille à sa liberté.

        L’enfant

    Le roi le voudra-t-il ? nous rendra-t-il mon père ?

        La mère

    Oui, mon fils ! oui, mon bien ! maintenant je l’espère ;
    Oui, s’il a des enfants comme les miens chéris,
    Des jeunes suppliants il accueille les cris.
    Un père a dans le cœur je ne sais quoi de tendre ;
    Toutes les voix d’enfant savent s’y faire entendre.

        L’enfant

    Je veux le voir. Venez ! conduisez-moi vers lui.

        La mère

    Oui, mon amour, demain.

        L’enfant

          Pas demain, aujourd’hui.

        La mère

    Quoi ! votre chère enfance à cette heure exposée ?...

        L’enfant

    Je veux montrer au roi cette cage brisée ;
    Je lui dirai : Voyez ! je fus méchant aussi ;
      Je ne le suis plus, Dieu merci !
    Au captif innocent j’ai rendu la volée,
      Et sa famille consolée
    À cette heure est au nid plus heureuse que nous !
    Le même arbre en ses fleurs les couvre et les rassemble :
    Chaque famille ainsi doit s’endormir ensemble,
    Et nous venons chercher mon père à vos genoux.

        La mère

    Écoutez ! ... par l’appui de quelque voix divine,
    On dirait que le roi vous plaint et vous devine ;
    Car voici votre père, il a tout entendu :
    Enfant ! Dieu vous absout, puisqu’il nous est rendu !





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