Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Le petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 39-45, 1887
« Le petit oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 95-102, 1932
« Le petit oiseleur », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 172, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Le petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. À mes jeunes amis. Album du jeune âge, Paris : Boulland, p. 55-65, 1830
« Le petit oiseleur », Mme Desbordes-Valmore. Contes en vers pour les enfants, Lyon : L. Boitel, p. 81-89, 1840
« Le petit oiseleur, vers », Mme Desbordes-Valmore. Le Livre des mères et des enfants, tome I, Lyon : L. Boitel, p. 113-111, 1840
« Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1869
« Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Deuxième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1873
« Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Troisième édition. Revue et augmentée. Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1876
« Le Petit Oiseleur », Marceline Desbordes-Valmore. Les Poésies de l’enfance, par Mme Desbordes-Valmore, Quatrième édition. Paris : Garnier Frères, p. 17-24, 1881
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LE PETIT OISELEUR
CONTE D’ENFANT
La mère
Vous voilà bien riant, mon amour ! quelle joie !
Comme un petit chasseur, tramez-vous quelque proie ?
Sous ce fragile osier cachez-vous un trésor ?
L’enfant
C’est un oiseau du ciel ; il a des plumes d’or.
Il reposait son vol au bord de la fontaine ;
J’ai retenu longtemps mes pas et mon haleine ;
Quand il a secoué son plumage plein d’eau,
J’ai saisi ses ailes mouillées,
Et le voilà blotti dans les fleurs effeuillées.
Regardez qu’il est bien, ma mère, et qu’il est beau !
La mère
Oui, je l’entends gémir.
L’enfant
Non, mère, c’est qu’il chante.
La mère
Vous croyez, mon amour ? Sa chanson est touchante.
L’enfant
Je crois qu’il est content, puisqu’il est dans les fleurs ;
Il les aime. Son nid est sous l’amandier rose,
Cet arbre au fruit de lait que la fontaine arrose ;
C’est là qu’il dérobait ses brillantes couleurs.
La mère
Y demeurait-il seul ?
L’enfant
Ses enfants sont au gîte :
C’était pour les revoir qu’il se baignait si vite.
Mais je n’ai point de peur, ils ne sauraient bouger ;
Ils n’ont pas une plume et n’ont rien à manger.
La mère
Que vont-ils devenir ?
L’enfant
J’agrandirai la cage ;
J’en ferai dans l’hiver un semblant de bocage ;
Et j’aurai mille oiseaux qui chanteront toujours.
Que de musiciens pour amuser mes jours !
Quel bonheur de nourrir tant de joyeux esclaves !
À peine ils sentiront leurs légères entraves.
Ô ma mère ! j’y cours.
La mère
Arrêtez... Il fait nuit ;
Quelque chose de triste entoure ce réduit ;
Restez ! de noirs soldats les farouches cohortes
Au coucher du soleil ont assailli nos portes.
Ne vous éloignez pas, ne quittez plus mon sein ;
De vous saisir peut-être ils avaient le dessein.
L’enfant
Des soldats ? et beaucoup, ma mère ? et pour me prendre ?
La mère
Vous, charme de ma vie, et pour ne plus vous rendre.
L’enfant
Que feront-ils de moi ?
La mère
Qui le sait ? Un captif,
Un orphelin, peut-être ; un prisonnier plaintif.
L’enfant
Sauvez-moi !
La mère
Priez Dieu, c’est en lui que j’espère,
Loin de nous les cruels emmènent votre père,
Ce père si content quand il vous embrassait !
Ce gardien de vos jours et qui les nourrissait !
L’enfant
Mon père prisonnier ?
La mère
C’est le roi qui l’ordonne.
L’enfant
Qu’est-ce qu’un roi ?
La mère
Puissant par l’amour ou l’effroi,
Un maître s’il punit, presque un dieu s’il pardonne.
L’enfant
Ah ! laissez-moi sortir : je veux parler au roi ;
Mon père va mourir !
La mère
Eh quoi ! si jeune encore,
Savez-vous que l’on meurt loin de ceux qu’on adore ?
Qu’arraché de son toit votre appui va souffrir ?
Que sans la liberté l’on n’a plus qu’à mourir ?
Savez-vous qu’en prison la vie est bien amère ?
L’enfant
Oui, nous mourrons sans vous, et vous mourrez, ma mère.
Mais ce roi si méchant, qui l’a mis en courroux ?
La mère
Le roi n’est ni méchant ni cruel plus que vous,
Mon fils. Las de ses jeux, il vient troubler les nôtres ;
Libre, il a des captifs : n’avez-vous pas les vôtres ?
Dans une chambre étroite il vous renfermera,
Mais vous serez content, car il vous nourrira.
Pourquoi de vos sanglots déchirez-vous mon âme ?
Est-ce à vous, cher coupable, à murmurer le blâme ?
Nous sommes des oiseaux dans ses cages plongés.
Pourquoi de son plaisir serions-nous affligés,
Si, dans ses jeux de roi qu’on a fait légitimes,
De lumière et d’air pur il prive ses victimes ?
où courez-vous ?
L’enfant
De l’air ! de l’air au prisonnier !
Qu’il respire, ma mère, et qu’il vole, et qu’il vive !
Oiseau ! des malheureux que n’es-tu le dernier !
Je ne veux point d’esclave !
La mère
Ô clémence naïve !
Embrassez-moi, mon fils, vous m’arrachez des pleurs :
Soyez libre vous-même, et calmez vos douleurs.
Quoi, jusque dans mes bras votre frayeur palpite ! ...
Ah ! le cœur de l’oiseau palpitait-il moins vite,
Quand votre instinct cruel empêcha son essor ?
Enfant, sans vos chagrins quel eût été son sort ?
Vous ravissiez l’époux à l’épouse éperdue ;
Elle eût traîné sa plainte, et Dieu l’eût entendue !
Et les petits tout nus, glacés dans votre main,
Auraient péri de froid, de langueur et de faim.
L’enfant
Ah ! je n’y songeais pas !
La mère
Maintenant tout respire ;
Tout se calme et s’endort.
L’enfant
Et mon père ?
La mère
Il soupire,
Comme l’oiseau du ciel un moment arrêté ;
Mais Dieu, qui voit partout, veille à sa liberté.
L’enfant
Le roi le voudra-t-il ? nous rendra-t-il mon père ?
La mère
Oui, mon fils ! oui, mon bien ! maintenant je l’espère ;
Oui, s’il a des enfants comme les miens chéris,
Des jeunes suppliants il accueille les cris.
Un père a dans le cœur je ne sais quoi de tendre ;
Toutes les voix d’enfant savent s’y faire entendre.
L’enfant
Je veux le voir. Venez ! conduisez-moi vers lui.
La mère
Oui, mon amour, demain.
L’enfant
Pas demain, aujourd’hui.
La mère
Quoi ! votre chère enfance à cette heure exposée ?...
L’enfant
Je veux montrer au roi cette cage brisée ;
Je lui dirai : Voyez ! je fus méchant aussi ;
Je ne le suis plus, Dieu merci !
Au captif innocent j’ai rendu la volée,
Et sa famille consolée
À cette heure est au nid plus heureuse que nous !
Le même arbre en ses fleurs les couvre et les rassemble :
Chaque famille ainsi doit s’endormir ensemble,
Et nous venons chercher mon père à vos genoux.
La mère
Écoutez ! ... par l’appui de quelque voix divine,
On dirait que le roi vous plaint et vous devine ;
Car voici votre père, il a tout entendu :
Enfant ! Dieu vous absout, puisqu’il nous est rendu !
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