Poème « Le premier chagrin d’un enfant »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Le chagrin t’a touché, mon beau garçon. Tu pleures ;… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « LXII. Le Premier Chagrin d’un enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Charpentier, 1833
  • « Le premier chagrin d’un enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Madame Goullet, 1834

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le premier chagrin d’un enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 63-65, 1887
  • « Le premier chagrin d’un enfant », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 353-355, 1932
  • « Le premier chagrin d’un enfant », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 249, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :






Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE PREMIER CHAGRIN D’UN ENFANT

Oh ! would I could weep, as I wept when a child.
            Z.Z.

Au temps heureux de ma saison passée
J’avais bien l’aile unie à mon côté ;
Mais en prenant ma jeune liberté,
Avant le vol ma plume fut cassée.
    Madeleine Desroches.

  Le chagrin t’a touché, mon beau garçon. Tu pleures ;
  Ta lèvre tremble ; a1lons ! te voilà dans nos rangs ;
  Tu viens de l’apprendre. Oui, nous naissons expirants ;
  Oui, la vie est malade avant que tu l’effleures.

  Que veux-tu ? tes épis pleins de lait, verts encor,
  Pour tes jeunes larcins plus attrayants que l’or,
  N’iront pas égayer sous ce treillage vide
  Le ramier, de tes dons si tendrement avide.
  Tu courais dans ta joie ; et puis, un dard moqueur
  T’a frappé sous le sein. Pauvre enfant ! c’est le cœur ;
  On ne peut te l’ôter ; la vie est là. Des larmes
  Baignent à ton insu ta pâleur et tes charmes ;
  Tu ne te sauves point dans ton premier effroi :
  Un instinct te l’a dit ; la mort est devant toi.

  Oui, le Pylade ailé de ta coureuse enfance,
  Doux et muet témoin de tes ébats naïfs,
  Qui se laissait aimer ou gronder sans défense,
  Qui savait te répondre en murmures plaintifs,
  Ton camarade est mort. Cette idole livide
  Grave le premier deuil sur la page encor vide
  De ta mémoire vierge. Oh ! que tu souffriras !
  Ce que tu dois aimer, oh ! que tu l’aimeras !
  Car nul cri ne t’échappe, et d’un muet courage,
  Sous ta petite main tu contiens tout l’orage :
  Mais je te sens souffrir de ce qui souffre en moi ;
  Ce qu’on aime est si triste ainsi gisant et froid !

  Nul chagrin n’entrera plus au fond de ton être ;
  Nul amour ne sera plus vrai pour toi, peut-être.
  Là-bas, dans l’avenir où couvent tes beaux jours,
  À ton beau ramier bleu tu penseras toujours :
  Et plus tard, abattu sous les vents du voyage,
  Seul, au bord d’un sentier dépeuplé, sans fraîcheur,
  Sans soleil, et navré de quelque adieu railleur,
  Tes yeux retourneront tristes vers l’humble cage
  Où t’attendait l’ami par ton souffle éveillé,
  Qui, vivant sur ton cœur, ne l’a jamais raillé !
  Oui, tu regretteras cet amour sans mélange,

  Et tes pleurs innocents où se mire un jeune ange !
  Tu diras dans ton sort, plein d’échos du passé,
  Par des amis ingrats amèrement blessé :

  Oh ! je voudrais, mon Dieu, pleurer de douces larmes,
  Comme l’enfant candide et sans haine, l’enfant
  Qui pleurait son ramier mort dans ses jeunes charmes ;
  Oh ! pleurer comme alors !... Qui donc me le défend ?





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