Poème « La première captivité de Béranger »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Quoi ! Béranger, quoi ! l’ami de la France,… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « La première Captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 220-222, 1922
  • « La première captitivé de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 105-108, 1932
  • « La première captitivé de Béranger », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 175, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « La première Captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 160, 1842
  • « La première Captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 152-155, 1860

Traduction du poème :

  • anglais :
    • « The First Imprisonment of Béranger », Harriet W. Preston, Charles Augustin Sainte-Beuve, Memoirs of Madame Desbordes-Valmore, p. 200-203, Boston : Roberts Brothers, 1873





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LA PREMIÈRE CAPTIVITÉ DE BÉRANGER

    Quoi ! Béranger, quoi ! l’ami de la France,
    L’Anacréon de nos jours orageux,
    Au luth sonore, aux accents courageux,
    L’amant aimé d’une jeune espérance,
    Il est captif ! L’Ange aux mille couleurs,
    Qui du poète apportait la couronne,
    Le doux printemps qu’un air libre environne,
    Au bruit des fers laisse tomber ses fleurs !
    De ses baisers la féconde merveille
    Va s’épancher sur une terre en deuil ;
    Et vainement et la nymphe et l’abeille
    De leur ami vont assiéger le seuil !

    Il est captif ! Muses, voilez vos charmes !
    On l’enchaîna dormant à vos genoux.
    Pleurez, enfants, il n’est plus parmi nous !
    Il chante encor, mais gardé sous leurs armes.
    Qu’a-t-il donc fait ? Quoi ! ces nobles regrets,
    Ces vœux ardents que lui seul ose écrire,
    Au malheur même arrachant un sourire,
    Servent de voile à des complots secrets ?
    Ah ! dans ses chants écoutez sa belle âme !
    Son innocence éclate en sa gaîté ;
    Le temps réserve à ses accords de flamme
    Un vaste écho dans la postérité.
    Libres alors, vers le juge inflexible
    Ils voleront d’amour environnés ;
    Le temps dira : "Philosophe sensible,
    "Il eut des pleurs pour les infortunés."

    Je les ai vus errants sur l’autre rive*,
    Rive d’exil au triste souvenir !
    De Béranger la muse fugitive
    Y vint, prophète, et parla d’avenir.
    Son vol léger, son sourire, ses charmes,
    Leur adoucit le sol de l’étranger ;
    Car sur son aile, où brillaient quelques larmes,
    Elle apportait les chants de Béranger.

    Ils l’écoutaient, et leurs regards avides
    D’un ciel aimé revoyaient les couleurs ;
    Ils s’embrassaient, et dans leurs yeux humides

*  Bruxelles

    L’espoir riait au milieu des douleurs :
    Mais le vieillard qui, loin de sa patrie,
    D’un pied tremblant traînait les derniers pas,
    Disait tout bas d’une voix attendrie :
    "Toi qui me plains, je ne te verrai pas !”

    Voilà son crime, ô juges de la terre ;
    Son indigence y versa des bienfaits :
    Il consola le banni solitaire,
    Et dans ses pleurs on trouve ses forfaits.
    Qui ne tressaille au bonheur de les lire?
    Rassurez-vous, on ne peut l’imiter :
    Mais il est pauvre ; ah ! laissez-lui sa lyre !
    Mais il est triste ; ah ! laissez-le chanter !

    Il ne croit pas ce que vous semblez croire ;
    Le seul impie a redouté sa voix ;
    Dieu lui dit : Cherche ! Il a trouvé la gloire ;
    Dieu lui dit : Chante ! Il a chanté ses lois.
    Quel vide affreux répond à ma pensée !
    Elle ressemble aux vains soupirs des flots :
    Et, fatigué de sa course glacée,
    Le temps s’endort couronné de pavots.

    Il est captif ! ... mais quels cris ! quelle joie !
    Quelle espérance et quel dieu nous l’envoie ?
    Libre ! est-il libre ? Ô mes amis, parlez !
    Libre ! il est libre ! Ô mes larmes, coulez !

    Et toi, salut ! bruyante renommée :
    Tu dis les maux, tu dis aussi les biens ;
    Caresse encor mon oreille charmée,
    Répète-nous qu’il n’a plus de liens.

    Bonheur à tous ! Que le travail s’arrête ;
    Jouez, enfants, car c’est un jour de fête ;
    Trêve charmante aux maux longs et secrets
    Qui de mes mains fait tomber des cyprès.

    La vie est belle, ô mes belles compagnes !
    Je l’aime encor ; j’aime encor les campagnes ;
    J’aime aux fronts purs de riantes couleurs :
    Nymphes, dansez ! printemps, jetez des fleurs !





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