« La première captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome II., Paris : Boulland, p. 331-338, 1830
« La première captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome troisième, Paris : Boulland, 1830
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« La première Captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 220-222, 1922
« La première captitivé de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 105-108, 1932
« La première captitivé de Béranger », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 175, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« La première Captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 160, 1842
« La première Captivité de Béranger », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 152-155, 1860
Traduction du poème :
anglais :
« The First Imprisonment of Béranger », Harriet W. Preston, Charles Augustin Sainte-Beuve, Memoirs of Madame Desbordes-Valmore, p. 200-203, Boston : Roberts Brothers, 1873
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LA PREMIÈRE CAPTIVITÉ DE BÉRANGER
Quoi ! Béranger, quoi ! l’ami de la France,
L’Anacréon de nos jours orageux,
Au luth sonore, aux accents courageux,
L’amant aimé d’une jeune espérance,
Il est captif ! L’Ange aux mille couleurs,
Qui du poète apportait la couronne,
Le doux printemps qu’un air libre environne,
Au bruit des fers laisse tomber ses fleurs !
De ses baisers la féconde merveille
Va s’épancher sur une terre en deuil ;
Et vainement et la nymphe et l’abeille
De leur ami vont assiéger le seuil !
Il est captif ! Muses, voilez vos charmes !
On l’enchaîna dormant à vos genoux.
Pleurez, enfants, il n’est plus parmi nous !
Il chante encor, mais gardé sous leurs armes.
Qu’a-t-il donc fait ? Quoi ! ces nobles regrets,
Ces vœux ardents que lui seul ose écrire,
Au malheur même arrachant un sourire,
Servent de voile à des complots secrets ?
Ah ! dans ses chants écoutez sa belle âme !
Son innocence éclate en sa gaîté ;
Le temps réserve à ses accords de flamme
Un vaste écho dans la postérité.
Libres alors, vers le juge inflexible
Ils voleront d’amour environnés ;
Le temps dira : "Philosophe sensible,
"Il eut des pleurs pour les infortunés."
Je les ai vus errants sur l’autre rive*,
Rive d’exil au triste souvenir !
De Béranger la muse fugitive
Y vint, prophète, et parla d’avenir.
Son vol léger, son sourire, ses charmes,
Leur adoucit le sol de l’étranger ;
Car sur son aile, où brillaient quelques larmes,
Elle apportait les chants de Béranger.
Ils l’écoutaient, et leurs regards avides
D’un ciel aimé revoyaient les couleurs ;
Ils s’embrassaient, et dans leurs yeux humides
* Bruxelles
L’espoir riait au milieu des douleurs :
Mais le vieillard qui, loin de sa patrie,
D’un pied tremblant traînait les derniers pas,
Disait tout bas d’une voix attendrie :
"Toi qui me plains, je ne te verrai pas !”
Voilà son crime, ô juges de la terre ;
Son indigence y versa des bienfaits :
Il consola le banni solitaire,
Et dans ses pleurs on trouve ses forfaits.
Qui ne tressaille au bonheur de les lire?
Rassurez-vous, on ne peut l’imiter :
Mais il est pauvre ; ah ! laissez-lui sa lyre !
Mais il est triste ; ah ! laissez-le chanter !
Il ne croit pas ce que vous semblez croire ;
Le seul impie a redouté sa voix ;
Dieu lui dit : Cherche ! Il a trouvé la gloire ;
Dieu lui dit : Chante ! Il a chanté ses lois.
Quel vide affreux répond à ma pensée !
Elle ressemble aux vains soupirs des flots :
Et, fatigué de sa course glacée,
Le temps s’endort couronné de pavots.
Il est captif ! ... mais quels cris ! quelle joie !
Quelle espérance et quel dieu nous l’envoie ?
Libre ! est-il libre ? Ô mes amis, parlez !
Libre ! il est libre ! Ô mes larmes, coulez !
Et toi, salut ! bruyante renommée :
Tu dis les maux, tu dis aussi les biens ;
Caresse encor mon oreille charmée,
Répète-nous qu’il n’a plus de liens.
Bonheur à tous ! Que le travail s’arrête ;
Jouez, enfants, car c’est un jour de fête ;
Trêve charmante aux maux longs et secrets
Qui de mes mains fait tomber des cyprès.
La vie est belle, ô mes belles compagnes !
Je l’aime encor ; j’aime encor les campagnes ;
J’aime aux fronts purs de riantes couleurs :
Nymphes, dansez ! printemps, jetez des fleurs !
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