Poème « La prière aux muses »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Votre empire a troublé mon bonheur le plus doux ;… »
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Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies, Marie et romances, Paris : François Louis, p. 19-21, 1819
  • « Prière aux muses », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 29-31, 1820
  • « La Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 56-58, 1822
  • « Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 125-130, 1830
  • « Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 27-29, 1922
  • « Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 73-75, 1931
  • « La prière aux muses », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 48, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 39-41, 1842
  • « Prière aux Muses », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 46-48, 1860





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

PRIÈRE AUX MUSES

    Votre empire a troublé mon bonheur le plus doux ;
        Muses rendez-moi ce que j’aime !
        L’Amour fut son maître suprême ;
        Il n’en a plus d’autre que vous.
        Ce n’est plus pour moi qu’il délire ;
    Il a banni mon nom de ses écrits touchants.
        Ô Muses ! loin de lui sourire,
    Par pitié pour l’Amour, n’écoutez plus ses chants !

        Cette fièvre qui le dévore
    En rêvant le transporte à vos divins concerts ;
    Et, doucement pressé sur le cœur qui l’adore,
        Je l’entends murmurer des vers.
        Que cherche-t-il ? est- ce la gloire ?
        Il la plaçait dans mon amour ;
        Les aveux d’un tendre retour
        Étaient sa plus douce victoire.
        Pensive, et seule au rendez-vous,
        Que devient sa jeune maîtresse ?
        Elle est muette en sa tristesse,
        Quand l’ingrat chante à vos genoux.
        Que sert de lui donner ma vie
          S’il est heureux sans moi ?
    Que deviendra l’amour dans mon âme asservie,
          S’il échappe à sa loi ?
        Cette loi si simple, si tendre,
        Quand je l’apprenais dans ses yeux,
      Ses yeux alors me la faisaient comprendre
      Bien mieux qu’Ovide en ses chants amoureux !
    Ah ! sans la définir notre âme la devine :
        L’art n’apprend pas le sentiment.
    Il est gravé pour moi, par une main divine,
        Dans le regard de mon amant
      Où donc est-il, ce regard plein d’ivresse ?
      Il brûle encor, mais c’est d’une autre ardeur !
        J’ai donné toute ma tendresse ;
      Cœur partagé peut-il payer mon cœur ?
    Mais si d’une brillante et trompeuse chimère
      L’ambitieux est épris pour jamais ;
        Si vous rejetez ma prière,
    Muses ! qu’il soit heureux, du moins, par vos bienfaits !
      Heureux sans moi ! je fuirai son exemple ;
    Trop faible, en le suivant, je pourrais m’égarer.
    Ouvrez-lui vos trésors, ouvrez-lui votre temple ;
    À celui de l’Amour, seule, j’irai pleurer.


      L’obscurité que le sort me destine
    M’éloigne d’un mortel ivre de vos faveurs :
    Eh bien ! j’irai l’attendre au pied de la colline
      Qu’il gravira par un sentier de fleurs.
      Si quelquefois la romance attristée
      Peint mon ennui, le trouble de mes sens,
    Inspirée au village, elle y sera chantée,
    Et les bergers naïfs rediront mes accents.
    Adieu, Muses ! la gloire est trop peu pour mon âme ;
        L’amour sera ma seule erreur :
        Et pour la peindre en traits de flamme,
        Je n’ai besoin que de mon cœur.





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