« Prière », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 266-269, 1860
« Prière », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 291-294, 1873
Édition du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Prière envoyée au Mont Carmel », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 579, 1973
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
PRIÈRE
envoyée au Mont Carmel
pour les prisonniers du Mont Saint-Michel,
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter ;
Si l’ardent cantique
Sorti de mon cœur,
Du Carmel antique
Allait au Seigneur ;
Je n’y porterais pas une superbe aumône.
Je n ai rien. Mais plus près de ce roi qui pardonne,
Je laisserais tomber les larmes de mes yeux
Pour qu’il ouvre un Carmel à de chers malheureux.
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter ;
Sur les pieds du Seigneur je répandrais mon âme.
Il n’a repoussé, lui, ni l’enfant ni la femme ;
Et je lui montrerais n’ayant rameaux ni fleurs,
Du sombre Saint-Michel les stagnantes douleurs.
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter ;
Des sinistres hauteurs de ce cloître rigide
Où la loi va suspendre un sursis homicide,
Épiant les cris sourds qui ne s’entendent pas,
J’en remplirais mon cœur pour les crier là-bas !
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter ;
Des mères sans repos veuves de jeunes vies
À leurs chers désespoirs saintement asservies,
J’élèverais si haut les placets repoussés
Que j’obtiendrais l’oubli des orages passés.
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter ;
J’irais, pour réchauffer ces cellules affreuses,
Où s’éteignent sans jour tant d’âmes malheureuses,
J’irais, dans un amour à nul autre pareil,
Porter, même au coupable, un baiser de soleil.
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter ;
Frère, à qui je confie une clameur timide,
Vous qui montez toujours, charitable intrépide,
Pèlerin tout chargé des trésors de la foi,
Pour relever ses murs vous n irez pas sans moi.
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter.
Allez donc prier Dieu de secouer la terre
Afin d’en rejeter cette bastille austère.
Oh ! comme il ouvrirait ses cachots étouffants !
Oh ! qu’il rendrait d’air pur à ses pâles enfants !
Si porteuse d’ailes
Je pouvais monter
Où les hirondelles
Volent s’abriter ;
Si l’ardent cantique
Sorti de mon cœur,
Du Carmel antique
Allait au Seigneur.
On dit que le frère Charles d’Agui Santi, chargé de quêter pour l’achèvement du monastère hospitalier du Mont Carmel, vient d’être assassiné dans la montagne en rapportant les aumônes qu’il avait recueillies avec tant de fatigues.
Le vrai chrétien est monté bien plus haut que sa mission terrestre. Il est rentré bien jeune dans sa divine patrie, l’âme encore émue des voix qui s’étaient réunies à Paris dans un concert sacré pour aider à l’œuvre de dévouement et de charité des solitaires de la Palestine.
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