Poème « Le printemps »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Le printemps est si beau ! Sa chaleur embaumée… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Le Printemps », Marceline Desbordes-Valmore. Élégies et poésies nouvelles, Paris : Ladvocat, p. 3-7, 1825
  • « Le Printemps », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 291-296, 1830
  • « Le Printemps », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le Printemps », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1833. Idylles. Élégies, Paris : Lemerre, p. 96-98, 1886
  • « Le Printemps », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 149-151, 1931
  • « Le printemps », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 70, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Le Printemps », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 37-39, 1910
  • « Le Printemps », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 30-32, 1965

Traduction du poème :

  • anglais :
    • « The Spring », Anna M. Evans, Selected Poems of Marceline Desbordes-Valmore, Hainesport, NJ : Barefoot Muse Press, 2014





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE PRINTEMPS

    Le printemps est si beau ! Sa chaleur embaumée
    Descend au fond des cœurs réveillés et surpris :
    Une voix qui dormait, une ombre accoutumée,
    Redemande l’amour a nos sens attendris.
    La raison vainement à ce danger s’oppose,
    L’image inattendue enivre la raison :
    Tel un insecte ailé s’élance sur la rose,
        Et la brûle d’un doux poison.
    Des jeunes souvenirs la foule caressante
    Accourt, brave la crainte, et l’espace et le temps :
    Qui n’a cru respirer, dans la fleur renaissante,
    Les parfums regrettés de ses premiers printemps ?

    Et moi, dans un accent qui trouble et qui captive,
    Naguère un charme triste est venu m’attendrir :


    L’écouterai-je encor, curieuse et craintive,
        Ce doux accent qui fait mourir ?
    Ce nom... j’allais le dire ; il m’est donc cher encore ?
    Ma frayeur n’a donc plus de force contre lui ?
    Toi, qui ne m’entends pas, doù vient que je t’implore ?
        N’es-tu pas loin ? n’ai-je pas fui ?
    Reverrai-je tes yeux, dont l’ardente prière
          Obtiendrait tout des cieux ?
    Oui, pour ne les plus voir j’abaisse ma paupière,
    Je m’enfuis dans mon âme, et j’ai revu tes yeux !

    L’oiseau né sous nos toits, dans la saison brûlante,
    Tourne autour des maisons qu’il reconnaît toujours,
    Effleure dans son vol l’ardoise étincelante,
    S’y pose, chante, fuit, et revient tous les jours !
    Ton chant avec le sien se fond dans ma pensée !
    Trop de bonheur remplit ma poitrine oppressée !
    Je pâlis de plaisir à ces cris du retour ;
    J’ai ressenti ta voix, j’ai reconnu l’amour !

    Dans le demi-sommeil où je tombe rêveuse,
    Je te crains, je t’espère et je te sens venir ;
    Tu parles, mais si bas ! une oreille amoureuse
      Peut seule entendre et retenir :
    "Veux-tu, mais ne dis pas que l’heure est trop rapide,
    "Veux-tu voir la montagne et le courant limpide ?
    "Veux-tu venir au pied du grand chêne abattu ?"
    Moi, je ne réponds pas pour écouter : "Veux-tu,
    "Veux-tu, mais ne dis pas que la lune est cachée,
    "Veux-tu voir notre image au bord des flots penchée ?
    "Ne tremble pas, tout dort ; l’écho même s’est tu."
    Et mon refus se meurt en écoutant : "Veux-tu !"

    D’un bouquet ma tristesse hier s’était parée ;
    Dans l’ombre, tout à coup, qui l’ôta de mon sein ?
    Ai-je senti le feu de ta main adorée ?
    Est-ce toi, mon amour, qui cueillis ce larcin ?
    Pourquoi troubler mon sort qui devenait paisible ?
    Dans tout ce qui me plaît viens-tu tenter ma foi ?
        Dis, pourquoi ta main invisible
        Se pose-t-elle encor sur moi ?
        Pourquoi ton haleine enflammée
        Soulève-t-elle mes cheveux ?
    Pourquoi ce faible écho, craintif comme nos vœux,
    Dit-il contre mon cœur : "Bonsoir, ma bien-aimée !”
      Ah ! je t’en prie, il ne faut plus venir
      Redemander mon âme presque heureuse :
      Je crains de toi jusqu’à ton souvenir ;
      Loin du danger je suis encor peureuse...

    Je ne t’accuse pas ! Qui sait si le tombeau
    Sera froid sur  mon corps, si ton souffle l’effleure ?
        Je ne t’accuse pas ! je pleure,
    Et j’aime le printemps ; le printemps est si beau !





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