Poème « Les promeneurs »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « « Pourquoi vous a-t-on mis ce casque sur la tête ?… »


Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Les promeneurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 204-206, 1860
  • « Les promeneurs », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 226-230, 1873

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Les Promeneurs », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1819-1859. Les Enfants et les Mères, Paris : Lemerre, p. 133-135, 1887
  • « Les promeneurs », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 563, 1973





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LES PROMENEURS

  "Pourquoi vous a-t-on mis ce casque sur la tête ?
  Allez-vous à la guerre ou bien dans les tournois ?
  Cet appareil grillé vous donne un air sournois.
  Je vous ai vu moins laid dans nos jours de conquête..."

  - "Mon Dieu ! dit l’autre chien (c’étaient deux chiens errants,
  Cherchant aux carrefours à distraire leur vie),
  Peut-on, quand on est chien, se mettre à son envie !
  Tout maître a son caprice, et nous sommes aux grands.

  "Nous leur appartenons de la queue aux oreilles ;
  Ce qu’ils en font, c’est triste, et vous n’avez qu’à voir.
  Ils ont raison pourtant puisqu’ils ont le pouvoir.
  N’avez-vous pas subi des justices pareilles ?

  "On est gai de naissance ; eh bien ! on ne rit plus.
  Les sens ainsi gênés ne trouvent plus leurs voies ;
  Étouffer notre souffle est une de leurs joies ;
  Ces faits contre nature, où les avions-nous lus ?

  "Venez causer plus loin... je crois qu’on nous regarde.
  Nos maîtres si hautains sont lâches par moment.
  On pourrait nous traiter comme un rassemblement,
  Et pour nous disperser faire venir la garde.

  "Contre ce lourd bonnet qui n’est pas de mon goût
  J’ai beaucoup aboyé, mais c’est comme qui chante.
  Tout cadenas tient bon sous une main méchante !
  Je ne peux plus toucher, mon frère, à rien du tout !"

  Durant cet entretien le plus libre s’arrête :
  Un régal imprévu l’a séduit en marchant.
  "Voyez ! l’homme envers nous n’est pas toujours méchant ;
  Il jette sur nos pas des vestiges de fête !

  "Celui-ci, partagé, vous remettrait le cœur ;
  Mais pour thésauriser nous n’avons point d’armoire.
  Il faut vider les plats sans payer le mémoire ;
  Nous sommes à la chasse, et je me fais piqueur !"


  Il mourut, car la fête était empoisonnée.
  Ô mémoire flottante ! Ô candeur des petits !
  Ô perfides éveils d’incessants appétits !
  Ô vie à tout propos dans ta fleur moissonnée !

  L’empoisonneur sifflait, écorchant sans remords
  Le chien bon pour des gants. Sous son casque, et plus sombre,
  L’autre disait tout bas, trottant seul et dans l’ombre :
  "Heureux les muselés ! ... Mais plus heureux les morts !"





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