« Le Rêve du Mousse », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 227-230, 1839
Prépublication :
« Le rêve du mousse », Le Chansonnier des Grâces : avec la musique gravée des airs nouveaux, Paris : François Louis, p. 217-219, 1834
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Le rêve du mousse », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 195-197, 1886
« Le rêve du mousse », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 422, 1973
Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Le Rêve du mousse », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 119-121, 1965
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LE RÊVE DU MOUSSE
Un homme à la mer !
Un homme à la mer !
- Marine. -
Dans le port de Marseille
Un courageux enfant,
Comme une humide abeille,
Fut poussé par le vent.
Tombé de la tartane
Qui s’envole sans lui,
Il frappe à sa cabane
Dont l’humble phare a lui.
- "Qui m’éveille à telle heure ?"
Dit la vieille, qui pleure
Son mousse errant sur l’eau.
- "C’est moi ! moi, ma mère ! ... Oh !
Que le réveil est beau !
L’air était froid, ma mère ;
Oh ! comme il était froid !
La brise était amère
Sur la flotte du roi ;
Mais au fond de mon âme,
Dans des flots de soleil,
Marseille aux yeux de flamme,
Réchauffait mon sommeil :
Lorsqu’une blanche fée,
De nos voiles coiffée,
M’appelle au fond de l’eau...
Mais, bonjour, ma mère ! Oh !
Que mon rêve était beau !
"Viens ! m’a dit votre image,
L’eau seule est entre nous ;
Trop vite ton jeune âge
A quitté mes genoux.
Viens ! que je berce encore
Tes rêves de printemps ;
Les flots en font éclore
Qui nous calment longtemps !"
Et mon âme étonnée
Se réveille, entraînée
Par les baisers de l’eau...
Mais, bonjour, ma mère ! Oh !
Que mon rêve était beau !
La flotte aux grandes ombres
En silence glissa ;
Avec ses ailes sombres
Mon vaisseau s’effaça :
Sous sa lampe pieuse,
Sans cesser de courir,
La lune curieuse
Me regardait mourir :
Je n’avais pas de plainte ;
Trois fois ma force éteinte
S’évanouit dans l’eau...
Mais, bonjour, ma mère ! Oh !
Que mon rêve était beau !
C’en était fait du mousse,
Mère, sans votre voix ;
Sa clameur forte et douce
Me réveilla trois fois :
Sous les vagues profondes
En vain nageait la mort ;
Vos doux bras sur les ondes
Me poussaient vers le port :
Et votre âme en prière
Semait une lumière
Entre le ciel et l’eau...
C’est moi ! moi, ma mère ! Oh !
Que le réveil est beau !
Signaler une erreur ou transmettre un commentaire
Votre nom et/ou votre adresse de courriel :
Votre commentaire (les commentaires sont transmis à l'équipe d'administration du site mais ne sont pas affichés sur le site et ne donnent pas lieu à une réponse) :