« Les Roseaux », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 213-215, 1839
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Les roseaux », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 52-53, 1886
« Les roseaux », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 418, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Les Roseaux », Marceline Desbordes-Valmore. Les plus beaux vers de Desbordes-Valmore, Paris : Nilsson, p. 48-50, 1920?
« Les Roseaux », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre des Tendresses, Paris : Nilsson, p. 109-110, 1930
« Les roseaux », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes choisis. Le Livre de Poche Jeunesse. Fleurs d’encre, Paris : Hachette jeunesse, p. 54-55, 1997
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LES ROSEAUX
A MA SŒUR
Deux roseaux, dans les airs entrelaçaient leurs jours
Et leurs nuits ; ils pliaient, ils balançaient leur tête
Ensemble ; agenouillés aux pieds de la tempête,
Ils ne se faisaient qu’un pour être à deux toujours !
L’amitié n’eut jamais de plus étroite chaîne
Au monde ; on n’a rien vu de mieux uni jamais
On eût dit qu’ils s’aimaient jusqu’à manquer d’haleine
Je ne les plaignais pas d’être roseaux, j’aimais
Et de ce frais hymen montait une harmonie,
Qui parlait ! qui chantait ! triste, intime, infinie,
Quand leur sort haletant demandait au soleil,
De leur donner un jour, encore un jour vermeil !
Sitôt qu’apparaissaient l’aube et sa sœur l’aurore :
"Quel bonheur ! disait l’un, je vois le ciel encore,
Je vous vois !" L’autre aussi répondait : "Quel bonheur !
Mais j’étais bien pourtant, j’étais sur votre cœur !"
Le vieux chêne au cœur dur, vert géant du rivage,
De son calme escarpé souriait de les voir :
On ne peut contempler l’amour sans s’émouvoir,
Et tout célibataire a rêvé d’esclavage.
De cette molle étreinte où tremblaient les roseaux,
Battus des mêmes vents, lavés des mêmes eaux.
Souvent d’un rossignol la nocturne prière
Descendait se mouiller dans leurs frissons charmants ;
Souvent, quelque âme veuve y pleura la dernière,
Avant de s’envoler où vont les vrais amants.
Hélas ! il est des traits d’innocence naïve
Qui font pleurer le cœur, et je crois que c’est Dieu,
Dont la main les répand comme une source vive,
Pour nous dire, aimez-moi ! je le lis en tout lieu !
Un homme passe : adieu l’union solitaire,
Adieu la pauvre amour, doux ciment de la terre !
L’homme passe et dans l’air veut souffler une voix ;
L’homme est triste ; un roseau va gémir sous ses doigts.
Leurs nœuds entrelacés dans l’eau se déchirèrent :
Du roseau qui s’en va les racines pleurèrent.
Enhardi de frayeur, l’autre voulut courir ;
Il tomba : tomber seul, c’est tomber pour mourir !
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