« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : François Louis, p. 33-36, 1820
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Troisième édition, Paris : Théophile Grandin, p. 40-43, 1822
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore [en deux tomes]. Tome I., Paris : Boulland, p. 67-74, 1830
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Tome premier, Paris : Boulland, 1830
Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 14-17, 1922
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome premier, Paris : Éditions du Trianon, p. 39-43, 1931
« Le ruisseau », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 37, 1973
Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de madame Desbordes-Valmore, avec une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 13-16, 1842
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Madame Desbordes-Valmore. Nouvelle édition augmentée et précédée d’une notice par M. Sainte-Beuve, Paris : Charpentier, p. 25-28, 1860
« Le Ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes, Paris : Tchou, p. 9-12, 1965
« Le ruisseau », Marceline Desbordes-Valmore. Poesie. Introduzione e cura di Danilo Vicca, Rome : Aracne, p. 38-42, 2008
Traduction du poème :
italien :
« Il ruscello », Danilo Vicca, Marceline Desbordes-Valmore. Poesie. Introduzione e cura di Danilo Vicca, p. 39-43, Roma : Aracne, 2008
Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :
LE RUISSEAU
Le soleil brûlait la plaine,
Les oiseaux étaient muets ;
Le vent balançait à peine
Les épis et les bluets ;
Quelques chèvres, dispersées
Sur le penchant des coteaux,
Broutaient aux jeunes ormeaux
Les vignes entrelacées ;
Les troupeaux, au fond des bois,
S’égaraient dans la bruyère ;
Les chiens étaient sans colère,
Les bergers étaient sans voix.
On entendait le murmure
D’un ruisseau vif et jaseur,
Qui livrait à l’aventure
Le secret d’un jeune cœur.
Sur les flots de son rivage
Chloé, fuyant le soleil,
Penchait sa brûlante image,
Belle comme un fruit vermeil.
"A cette heure où mes compagnes
"Cherchent l’ombre à l’autre bord,
"Qu’au bruit vague des campagnes
"Tout s’engourdit et s’endort,
"Sous ma guirlande nouvelle,
"Dites-moi, petit ruisseau,
"Me trouvez-vous aussi belle
"Que Daphnis me paraît beau ?
"En vain avec ma couronne
"J’ai l’air aussi d’une fleur ;
"Tout l’éclat qu’elle me donne
"Ne fait pas battre mon cœur.
"Aux bergères de mon âge
"Je vois les mêmes appas ;
"Elles dorment sous l’ombrage,
"Et je n’en soupire pas !
"Sans Daphnis tout m’est contraire ;
"Daphnis a donc plus d’attraits ?
"Et je sens qu’on ne peut plaire
"Qu’en ayant les mêmes traits.
"Ô Daphnis ! Si la parure
"Me rendait belle à tes yeux,
"J’apprendrais, dans l’onde pure,
"A tresser mes longs cheveux.
"J’irais supplier mon père
"De m’accorder, pour un jour,
"Le ruban qu’avait ma mère
"Quand il lui parla d’amour.
"Je cultiverais des roses,
"Pour les cueillir avec toi ;
"J’inventerais mille choses
"Pour t’attirer près de moi.
"Hélas ! ma triste espérance
"Néglige un frivole soin :
"Si j’avais ta ressemblance,
"Je n’en aurais pas besoin !
"Tes yeux bleus ont une flamme
’’Pareille aux astres tremblants ;
"Leurs rayons pénètrent l’âme :
"Les miens sont noirs et brûlants.
"Sur ton front ta chevelure
"Forme un gracieux bandeau ;
"La mienne ombre ma ceinture,
"Quand je quitte mon chapeau.
"Comme des feuilles dorées
"Se balancent sur les fleurs,
"Sous mille boucles cendrées
"Brillent tes vives couleurs.
"Le jeune orme est ton image,
"Et (tout me parle aujourd’hui !)
"Au lierre il prête un ombrage :
"Je suis faible comme lui.
"Ô Daphnis ! ..." Et quelques larmes
Tombèrent dans le ruisseau ;
Elles en troublèrent l’eau,
Comme elles voilaient ses charmes.
Dans le léger mouvement
De cette glace agitée,
Sur la surface argentée
Elle entrevit son amant.
"Ô prodige ! cria-t-elle,
"Je vois l’ombre du pasteur,
"Et cette glace fidèle
"Réfléchit jusqu’à mon cœur.
Du saule le doux feuillage
Dans les airs se balança.
Sur les pleurs de son visage
Un souffle amoureux passa.
L’enfant qui porte des ailes
Se sauvait d’un ciel de feu :
De brûlantes étincelles
Aux champs annonçaient un dieu.
On n’en sait pas davantage.
Le dieu baissa son bandeau,
Couvrit le jour d’un nuage
Et fit taire le ruisseau.
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