Poème « Les sanglots »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Ah ! l’enfer est ici ; l’autre me fait moins peur :… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies inédites de Madame Desbordes-Valmore publiées par M. Gustave Revilliod, Genève : Jules Fick, p. 132-137, 1860
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Mme Desbordes-Valmore publiées par Gustave Revilliod (deuxième édition), Genève : Jules-Guillaume Fick, p. 149-155, 1873

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Les Sanglots », Boyer d’Agen. Œuvres manuscrites de Marceline Desbordes-Valmore : albums à Pauline, Paris : A. Lemerre, p. 119-124, 1921
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 265-269, 1922
  • « Les sanglots », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 542, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Les chefs d’œuvre lyriques de Marceline Desbordes-Valmore. Choix et notice de Auguste Dorchain, Paris : A. Perche, p. 88-92, 1909
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 244-248, 1923
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies avec une introduction par Ferdinand Gohin, Paris : Garnier Frères, 1925
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies de Marceline Desbordes-Valmore, Lyon : H. Lardanchet, p. 243-247, 1927
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 206-212, 1928
  • « Les Sanglots. », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes et proses [Préface et notes de Tony Taveau], Paris : Marcel Seheur, p. 129-133, 1928
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Le Livre des tendresses, Paris : T. Rombaldi, p. 107-114, 1931 ? 1940 ?
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 274-278, 1933
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies Choisies de M. Desbordes-Valmore avec introduction et notes par Maurice Allem, Paris : Garnier Frères, p. 173-177, 1935
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore, Choix et introduction par Raymonde Vincent, Paris : Egloff, p. 79-83, 1947
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes choisis de Marceline Valmore, avec une introduction, une biographie sommaire et une bibliographie par Yves-Gérard Le Dantec, Paris : Fernand Hazan, p. 115-119, 1950
  • « Les Sanglots », Jeanine Moulin. Poètes d’aujourd’hui. Marceline Desbordes-Valmore, Paris : Seghers, p. ?-202, 1955
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface de Alain Bosquet, Paris : Le livre club du libraire, p. 160-165, 1961
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface et choix d’Yves Bonnefoy, Paris : Gallimard nrf, p. 225-229, 1983
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poesie. Introduzione e cura di Danilo Vicca, Rome : Aracne, p. 180-186, 2008
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. L’Aurore en fuite. Poèmes choisis. Choix et préface par Christine Planté, Paris : Points, p. 205-209, 2010
  • « Les sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Amori. Testo originale a fronte. A cura di Antonio Veneziani, Rome : Elliot, p. 28-36, 2014
  • « Les Sanglots », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Dossier par Virginie Belzgaou, Folio+ Lycée, Paris : Gallimard, 2021

Autre édition du poème :

  • « Les Sanglots », Paul Éluard. Le meilleur choix de poèmes est celui que l’on fait pour soi, 1818-1918, Paris : Éditions du Sagittaire, p. 17-20, 1947

Traductions du poème :

  • anglais :
    • « The Sobbing », Anna M. Evans, Selected Poems of Marceline Desbordes-Valmore, Hainesport, NJ : Barefoot Muse Press, 2014
  • espagnol :
    • « Los sollozos », Mauricio Bacarisse, Los poetas malditos, Madrid : Mundo Latino, 1921
    • « Los sollozos », Enrique Díez Canedo , La poesía francesa del romanticismo al superrealismo, Madrid : Editorial Losada, 1946
    • « ? », Manuel Martínez-Forega, Los poetas malditos, Saragosse : Pregunta Ediciones, 2018
  • italien :
    • « Singhiozzi », Danilo Vicca, Marceline Desbordes-Valmore. Poesie. Introduzione e cura di Danilo Vicca, p. 181-187, Roma : Aracne, 2008
    • « I singhiozzi », Antonio Veneziani et Maria Borgese, Marceline Desbordes-Valmore. Amori. Testo originale a fronte. A cura di Antonio Veneziani, p. 29-37, Roma : Elliot, 2014
  • japonais :
    • « すすり泣き », Ishimura Mikiko (石邨幹子), サアディの薔薇 : マルスリイヌ・デボルド=ヴァルモオルの詩と生涯, p. 161-170, 「サアディの薔薇」の会, 1988
  • slovène :
    • « Ihtenje », Marija Javoršek, Pesmi srca, Ljubljana : Zbirka Documenta, 2014
    • « Ihtenje », Marija Javoršek, Poezije, Ljubljana : Književno društvo Hiša poezije, 2016
  • suédois :
    • « ? », Elias Wraak, De fördömda poeterna, Malmö : Alastor Press, 2004





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LES SANGLOTS

À Pauline Duchambge

  Ah ! l’enfer est ici ; l’autre me fait moins peur :
  Pourtant le purgatoire inquiète mon cœur.

  On m’en a trop parlé pour que ce nom funeste
  Sur un si faible cœur ne serpente et ne reste ;

  Et quand le flot des jours me défait fleur à fleur,
  Je vois le purgatoire au fond de ma pâleur.

  S’ils ont dit vrai, c’est là qu’il faut aller s’éteindre,
  Ô Dieu de toute vie, avant de vous atteindre !

  C’est là qu’il faut descendre et sans lune et sans jour,
  Sous le poids de la crainte et la croix de l’amour,

  Pour entendre gémir les âmes condamnées,
  Sans pouvoir dire : "Allez, vous êtes pardonnées !"

  Sans pouvoir les tarir, ô douleur des douleurs !
  Sentir filtrer partout les sanglots et les pleurs ;

  Se heurter dans la nuit des cages cellulaires
  Que nulle aube ne teint de ses prunelles claires ;

  Ne savoir où crier au sauveur méconnu :
  "Hélas ! mon doux Sauveur, n’étiez-vous pas venu ?"

  Ah ! j’ai peur d’avoir peur, d’avoir froid ; je me cache
  Comme un oiseau tombé qui tremble qu’on l’attache.

  Je rouvre tristement mes bras au souvenir...
  Mais c’est le purgatoire et je le sens venir !

  C’est là que je me rêve après la mort menée,
  Comme une esclave en faute au bout de sa journée,

  Cachant sous ses deux mains son front pâle et flétri,
  Et marchant sur son cœur par la terre meurtri.

  C’est là que je m’en vais au-devant de moi-même,
  N’osant y souhaiter rien de tout ce que j’aime.

  Je n’aurai donc plus rien de charmant dans le cœur
  Que le lointain écho de leur vivant bonheur.

    Ciel ! où m’en irai-je
    Sans pieds pour courir !
    Ciel !. où frapperai-je
    Sans clé pour ouvrir ?

  Sous l’arrêt éternel repoussant ma prière
  Jamais plus le soleil n’atteindra ma paupière,

  Pour l’essuyer du monde et des tableaux affreux
  Qui font baisser partout mes regards douloureux.

  Plus de soleil ! Pourquoi ? Cette lumière aimée
  Aux méchants de la terre est pourtant allumée.

  Sur un pauvre coupable à l’échafaud conduit
  Comme un doux : "Viens à moi !" l’orbe s’épanche et luit.

  Plus de feu nulle part ! Plus d’oiseaux dans l’espace !
  Plus d’Ave Maria dans la brise qui passe.

  Au bord des lacs taris plus un roseau mouvant,
  Plus d’air pour soutenir un atome vivant.

  Ces fruits que tout ingrat sent fondre sous sa lèvre,
  Ne feront plus couler leur fraîcheur dans ma fièvre ;

  Et de mon cœur absent qui viendra m’oppresser
  J’amasserai les pleurs sans pouvoir les verser.

    Ciel ! où m’en irai-je
    Sans pieds pour courir ?
    Ciel ! où frapperai-je
    Sans clé pour ouvrir ?

  Plus de ces souvenirs qui m’emplissent de larmes,
  Si vivants que toujours je vivrais de leurs charmes ;

  Plus de famille au soir assise sur le seuil,
  Pour bénir son sommeil chantant devant l’aïeul ;

  Plus de timbre adoré dont la grâce invincible
  Eût forcé le néant à devenir sensible !

  Plus de livres divins comme effeuillés des cieux,
  Concerts que tous mes sens écoutaient par mes yeux.

  Ainsi, n’oser mourir quand on n’ose plus vivre,
  Ni chercher dans la mort un ami qui délivre !

  Ô parents ! pourquoi donc vos fleurs sur nos berceaux
  Si le ciel a maudit l’arbre et les arbrisseaux ?

    Ciel ! où m’en irai-je
    Sans pieds pour courir ?
    Ciel ! où frapperai-je
    Sans clé pour ouvrir ?

  Sans la croix qui s’incline à l’âme prosternée,
  Punie après la mort du malheur d’être née !

  Mais quoi, dans cette mort qui se sent expirer,
  Si quelque cri lointain me disait d’espérer !

  Si dans ce ciel éteint quelque étoile pâlie
  Envoyait sa lueur à ma mélancolie !

  Sous ses arceaux tendus d’ombre et de désespoir,
  Si des yeux inquiets s’allumaient pour me voir !

  Ah ! ce serait ma mère intrépide et bénie
  Descendant réclamer sa fille assez punie !

  Oui ! ce sera ma mère ayant attendri Dieu,
  Qui viendra me sauver de cet horrible lieu,

  Et relever au vent de la jeune espérance
  Son dernier fruit tombé mordu par la souffrance.

  Je sentirai ses bras si doux, si beaux, si forts,
  M’étreindre et m’enlever dans ses puissants efforts ;

  Je sentirai couler dans mes naissantes ailes
  L’air pur qui fait monter les libres hirondelles,

  Et ma mère en fuyant pour ne plus revenir
  M’emportera vivante à travers l’avenir !

  Mais, avant de quitter les mortelles campagnes,
  Nous irons appeler des âmes pour compagnes,

  Au fond du champ funèbre où j’ai mis tant de fleurs,
  Nous abattre aux parfums qui sont nés de mes pleurs ;

  Et nous aurons des voix, des transports et des flammes,
  Pour crier : "Venez-vous ! " à ces dolentes âmes.

  "Venez-vous vers l’été qui fait tout refleurir
  Où nous allons aimer sans pleurer, sans mourir !

  Venez, venez voir Dieu ! nous sommes ses colombes ;
  Jetez là vos linceuls, les cieux n’ont plus de tombes ;

  Le sépulcre est rompu par l’éternel amour :
  Ma mère nous enfante à l’éternel séjour !"





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