Poème « Le soleil des morts »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Lune ! blanche figure assise à l’horizon,… »
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Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

  • « Le Soleil des Morts », Marceline Desbordes-Valmore. Bouquets et prières, Paris : Dumont, p. 167-171, 1843

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Le soleil des morts. », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. 1833-1859. Élégies. Romances. Mélanges. Fragments. Poésies posthumes, Paris : Lemerre, p. 251-253, 1886
  • « Le soleil des morts », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 477, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Le soleil des morts », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres choisies de Marceline Desbordes-Valmore avec études et notices par Frédéric Loliée, Paris : Libairie Ch. Delagrave, p. 207-208, 1909
  • « Le Soleil des morts », Marceline Desbordes-Valmore. L’amour, l’amitié, les enfants, mélanges. Choix, notices biographique et bibliographique par Alphonse Séché, Paris : Louis-Michaud, p. 136-137, 1910
  • « Le soleil des morts », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Choix et notice par Oscar Colson. Bibliothèque francaise, Vol. LVI, Berlin : Internationale Bibliothek, p. 208-209, 1923
  • « Le Soleil des Morts », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 156-158, 1928
  • « Le Soleil des morts », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes et proses [Préface et notes de Tony Taveau], Paris : Marcel Seheur, p. 44-45, 1928
  • « Le soleil des morts », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Préface par André Dumas. Bibliothèque-Charpentier, Paris : Fasquelle, p. 71-73, 1933
  • « Le soleil des morts », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies, illustrations de Jean Pichard. Collection Bagatelle ; 7, Paris : Gründ, p. 94, 1945
  • « Le Soleil des Morts », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface de Alain Bosquet, Paris : Le livre club du libraire, p. 111-112, 1961
  • « Lune... Extrait du Soleil des morts », Marceline Desbordes-Valmore. Poèmes choisis. Le Livre de Poche Jeunesse. Fleurs d’encre, Paris : Hachette jeunesse, p. 120-121, 1997

Traduction du poème :

  • italien :
    • « Il sole dei morti », Antonio Veneziani et Maria Borgese, Marceline Desbordes-Valmore. Ritratto di una poetessa, Roma : Castelvecchi, 2013





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

LE SOLEIL DES MORTS

  Lune ! blanche figure assise à l’horizon,
  Que viens-tu regarder au fond de ma maison ?
  Remets-tu chaque soir avec tant de mystère,
  Une lampe à ton front pour espionner la terre ?
  Et quand tu rentreras, lasse, au bout du chemin,
  Aux anges rassemblés que diras-tu demain,
  Curieuse ! ou plutôt, sentinelle sans armes,
  De ce monde assoupi viens-tu pomper les larmes ;
  Puis, les portant au juge à qui tu peux parler,
  Dis-tu qui les répand et qui les fait couler ?

  Es-tu femme ? et là-haut du passé poursuivie,
  Oses-tu, sans soleil, redescendre la vie,
  Pour effacer ton nom par quelque honte écrit
  Au livre d’un méchant qui le relit, et rit !
  Mais le mal accompli, dis-moi si rien l’efface,
  Ou si l’éternité l’emporte à sa surface ?
  Le sais-tu, toi si triste et si grave souvent,
  Quand tu cours à travers le nuage et le vent ?


  Quand tu baignes, la nuit, ton disque solitaire,
  Dans un lac, présageant tant de pluie à la terre ?
  Quant aux vitraux d’église, où l’on entend des voix,
  Tu passes tes longs fils pour étreindre la croix ?
  Quand tu trembles dans l’eau, miroir de la vallée,
  Quand tu blanchis des bois la tête échevelée :
  Si tu le sais, alors sois douce aux yeux craintifs
  Et prolonge sur eux tes rayons attentifs,
  Dans nos chambres, vois-tu : la fiévreuse insomnie,
  Sur beaucoup d’oreillers se penche en ennemie,
  Elle entre, et bien des yeux qui paraissent fermés,
  Sont par des pleurs sans bruit ouverts et consumés.
  Oh ! si tu n’étais, toi, qu’un beau front de Madone,
  Saintement inondé de l’amour qui pardonne !
  Oh ! si Dieu le voulait que tes tendres clartés,
  Soient des pardons promis aux pauvres visités !
  N’as-tu pas pour cortège un flot de jeunes âmes,
  Mêlant à tes lueurs leurs vacillantes flammes ?

  Dis donc à ces enfants envolés loin de nous,
  De venir embrasser leurs mères à genoux :
  Lune ! il en est plus d’un qui doit me reconnaître,
  S’il me regarde ainsi penchée à ma fenêtre ;
  Qui m’apparut à moi, beau, sans ailes encor,
  Et qui m’a brisé l’âme en reprenant l’essor.

  Nous avons mis leurs noms sous des touffes de roses ;
  De tes pâles fraîcheurs, ô toi qui les arroses,
  Qui plus forte que nous visites leur sommeil,
  Lune ! merci, je t’aime autant que le soleil !

  Merci ! toi qui descends des divines montagnes,
  Pour éclairer nos morts épars dans les campagnes,
  Dans leur étroit jardin qui viens les regarder,
  Et contre l’oubli froid tu sembles les garder :

  Je me souviens aussi devant ton front qui brille,
  Douce lampe des morts qui luis sur ma famille ;
  Au bout de tes rayons promenés sur nos fleurs,
  Comme un encens amer prends un peu de mes pleurs :
  Nul soleil n’a séché ce sanglot de mon âme,
  Et tu peux le mêlant à ton humide flamme,
  L’épancher sur le cœur de mon père endormi,
  Lui, qui fut mon premier et mon plus tendre ami !

  Quel charme de penser en te voyant si pure
  Et cheminant sans bruit à travers la nature,
  Que chaque doux sépulcre où je ne peux errer,
  En m’éclairant aussi tu vas les éclairer !
  À ma bouche confuse enlève une parole,
  Pour la sanctifier dans ta chaste auréole ;
  Et de ta haute Église, alors, fais-la tomber
  Loin, par delà les mers, où j’ai vu se courber
  Ma tige maternelle enlacée à ma vie,
  Puis, mourir sur le sable où je l’avais suivie.

  Son sommeil tourmenté par les flots et le vent
  Ne tressaille jamais au pas de son enfant ;
  Jamais je n’ai plié mes genoux sur ma mère ;
  Ce doux poids balancé dans une vague amère,
  Lune ! il m’est refusé de l’embrasser encor :
  Porte-lui donc mon âme avec ton baiser d’or !





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