Poème « Toi me hais-tu ? »

Premier vers dans l’édition de Marc Bertrand : « Quand tu souris en homme à ces tendres orages… »


Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Éditions du poème dans des recueils :

  • « VIII. Toi ! Me hais-tu ? », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Charpentier, 1833
  • « Toi ! me hais-tu ? », Marceline Desbordes-Valmore. Les Pleurs. Poésies nouvelles, Paris : Madame Goullet, 1834

Prépublication :

  • « Laisse-moi t’aimer », Le Talisman, morceaux choisis, A. Levasseur et F. Astoin, éditeurs — Giraldon-Bovinet, p. 89-91, 1832

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « [Quand je sens tes doux yeux] », Boyer d’Agen. Œuvres manuscrites de Marceline Desbordes-Valmore : albums à Pauline, Paris : A. Lemerre, p. 65-66, 1921
  • « Toi ! me hais-tu ? », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 65-67, 1922
  • « Toi me hais-tu ? », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies complètes de Marceline Desbordes-Valmore publiées par Bertrand Guégan avec des notes et des variantes, tome second, Paris : Éditions du Trianon, p. 205-207, 1932
  • « Toi me hais-tu ? », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 205, 1973

Éditions du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Toi ! me hais-tu ? », Marceline Desbordes-Valmore. Choix de poésies. Notice par Maxime Formont, Paris : Librairie Alphonse Lemerre, p. 198-201, 1928
  • « Toi ! me hais-tu ? », Marceline Desbordes-Valmore. Poésies. Préface de Alain Bosquet, Paris : Le livre club du libraire, p. 152-154, 1961





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

TOI ! ME HAIS-TU ?

  Quand tu souris en homme à ces tendres orages
  Qui troublent dans l’amour de plus faibles courages,
  Que j’aime, de ta voix démentant la gaîté,
  Ce nuage qui passe à ton front attristé !

  Après que je t’ai dit ma plainte tout entière,
  Calmée à ton silence éloquent et rêveur,
  Quand je sens tes doux yeux brûler sur ma paupière,
  Dis ! n’est-ce pas ton cœur qui regarde mon cœur ?

  Il m’éblouit de joie ! il endort mes alarmes.
  Sais-tu de quel espoir il relève mon sort ?
  J’y vois toute une vie, et je la vois sans larmes,
    Et je n’ai plus peur de la mort !

  Toi qui m’as seule aimée, écoute : si tu changes,
  Je te pardonnerai sans t’imiter jamais ;
  Car de cet amour vrai dont s’adorent les anges
      Je sens que je t’aimais.

  Et dans ton cœur, mon cœur comme un poids inutile,
  Tel qu’en ce froid cadran palpite un plomb mobile,
  De la nuit à l’aurore et de l’aurore au soir,
  Battra jusqu’au tombeau, sans joie et sans espoir.

  Et, j’en demande à Dieu pardon plus qu’à toi-même,
  Je ne veux pas revivre où l’on dit que l’on aime,
  Si l’on t’y donne un bien qui ne sera plus moi,
  Et si Dieu m’y destine un autre ange que toi.

  Le néant me plaît mieux ; son horreur me soulage :
  Jamais je ne t’ai vu sans t’aimer davantage ;
  Et jamais, plus rêveuse en te quittant le soir,
  Sans pâlir dans l’effroi de ne te plus revoir !
  C’est que Dieu pour nos jours n’alluma point deux flammes ;
  C’est qu’un même baiser fit éclore deux âmes ;
  Que partout où je passe en appelant ta main,
  Le doux poids de tes pieds a creusé mon chemin.

  Enfin, que ma pensée, orageuse ou calmée,
  Se dévoile riante, ou s’enferme alarmée,

  Comme on voit la cigale au front tremblant des blés,
  Craintive, au moindre bruit tarir ses chants troublés,

    Toujours teinte de ton image,
  C’est l’eau sous le soleil, quand j’y sens ton amour ;
  Et si pour d’autres yeux tes yeux ont un langage,
  C’est l’eau, miroir éteint d’où s’efface le jour.

  Toi ! me hais-tu, dis vrai ! t’ai-je offensé, mon âme ?
  Dis : quelque mot amer dans un pli de ton cœur,
  Parle-t-il contre moi, ta sœur, ta faible femme ?
  Oh ! parle : as-tu jamais compris une autre sœur ?

  Non ! j’ai froid d’y penser. Tendresse inexprimable !
  Ignores-en toujours les effrois douloureux :
  Ne prends de mon amour que ce qu’il a d’aimable,
  Et ne garde du tien que ce qui rend heureux !

  Mais, laisse-moi t’aimer ! Laisse-moi vivre encore !
  Laisse ton nom sur moi comme un rayon d’espoir !
  Mais, dans le mot demain laisse-moi t’entrevoir,
  Et, si j’ai d’autres jours, viens me les faire éclore !





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