Poème « Tristesse de mère »

Premier vers dans l’édition de référence ci-dessous : « Si mes petites chéries,… »
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Manuscrits du poème :

Éditions du poème :

Édition du poème dans des recueils :

  • « Tristesse de Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Pauvres fleurs, Paris : Dumont, p. 145-149, 1839

Éditions du poème dans des volumes de l’œuvre poétique de Desbordes-Valmore :

  • « Tristesse de Mère », Marceline Desbordes-Valmore. Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore. Reliquiæ. Volume 4, Paris : A. Lemerre, p. 136-138, 1922
  • « Tristesse de mère », Marc Bertrand. Les Œuvres poétiques de Marceline Desbordes-Valmore, tome 2, Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, p. 403, 1973

Édition du poème dans des anthologies de poèmes de Desbordes-Valmore :

  • « Tristesse de mère », Marceline Desbordes-Valmore. Textes choisis et présentés par Marc Bertrand, HB Editions, p. 80-82, 2001





Texte du poème (selon l’édition de Marc Bertrand de 1973) :

TRISTESSE DE MÈRE

        Si mes petites chéries,
        Voulaient venir avec moi,
        Pour nos tendres causeries,
        Nous trouverions des prairies,
        Toujours calmes et fleuries,
        Où ne chasse pas le roi.

        Nous boirions à des fontaines,
        Dont l’éternelle fraîcheur
        Et les sources toujours pleines,
        Étanchent de nos haleines,
        Les soifs ardentes et vaines,
        Et nous lavent jusqu’au cœur !

        Nous ne verrions plus l’aumône,
        Tomber rare et lentement ;
        Quand c’est Dieu qui compte et donne,
        Plus d’enfants qu’on abandonne ;
        L’astre qui fait sa couronne,
        Les réchauffe également !

        Plus de cages souterraines,
        Où vient avorter le jour ;
        Plus d’hommes serrés de chaînes ;
        Plus d’âmes lourdes de haines,
        Où, lucides et sereines,
        Les âmes se font amour !

        Là, plus de tête encor vive,
        Coupée au tranchant du fer ;
        De la terre affreux convive,
        Plus de bourreau qui survive
        À cette tête plaintive,
        Qu’il croit jeter à l’enfer !

        Plus de charité qui pleure,
        Et qui s’épuise en cherchant
        Le pardon ! plus rien qui meure,
        Sous l’étouffement de l’heure ;
        Plus de grâce qui demeure
        Clouée aux mains du méchant.

        Là, plus de cœur qui s’égare,
        À poursuivre un autre cœur ;
        Plus d’âme triste et bizarre,
        Sans se soupçonner barbare,


        Qui s’isole et se sépare
        De l’âme qui fut sa sœur !

        Pareilles à trois mésanges,
        Qui font voile dans l’espoir,
        Quittant les terrestres langes,
        Pour rejoindre nos phalanges,
        Nous reverrions tous les anges,
        Qui nous ont dit : Au revoir !

        Mais, non, doux portraits que j’aime !
        Détournez votre flambeau,
        De l’autan, qui sur moi-même,
        Souffle d’une hâte extrême ;
        Il vous manque le baptême,
        Qui nous achète un tombeau.

        Que vos pleurs vous fassent belles !
        Moi, j’irai seule d’abord,
        Ô mes naissantes mortelles,
        Et comme aux esprits fidèles,
        J’irai vous chercher des ailes
        Pour voler à l’autre bord !

        Déjà comme la colombe,
        Qui tourne dans le malheur,
        Ma pensée et plane et tombe,
        S’abreuve aux fleurs d’une tombe
        Puis, sentant qu’elle succombe,
        Revient mourir à mon cœur !

              Lyon, 1835.





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